Eloge du beffroi de Crécy
Et zou, traversons Crécy d’est en ouest. Changeons de porte.
Après le pont Dam’Gilles, nous allons aujourd’hui rendre visite au beffroi, gardien intemporel de la porte de Meaux. Les Brionautes ont déjà beaucoup causé de ce monument. Alors j’ai du réfléchir un peu pour trouver un angle d’attaque. Le beffroi de Crécy est un monument, et même s’il est encore jeune (à peine 150 ans), il en a déjà vu passer des générations de créçois et de créçoises. Ce monument a été érigé à la fin du XIXème siècle sur un socle archéologique, vestige d’une tour médiévale. Il s’agit d’une association esthétiquement discutable, mais plutôt réussie sur un plan tactique. En effet cette position singulière permet à notre tour de guet de s’élever bien plus haut que sa propre maçonnerie ne le lui aurait autorisé. |
Si certains n’aimaient pas l’édifice, c’est d’abord parce qu’il a été érigé pour offrir aux créçois, l’heure du pouvoir civil, une heure vraie, plus fiable que celle donnée par le compte-cloches du pouvoir religieux.
Tel un sémaphore bienveillant, le beffroi rythme depuis plus d’un siècle, la vie quotidienne des créçois. Il les guide dans leur quête de pain quotidien. Le matin, à l’aube pour les plus courageux, un peu plus tard pour les cols blancs, il leur indique la sortie de la ville, la direction de la gare ou de leurs lieux de travail. Le soir son aura lumineuse, visible de toute la vallée, les aide à retrouver le chemin de leurs foyers sous les regards rassurants des caméras de vidéosurveillance. Une vie simple, si bien illustrée par les cartes postales anciennes, faite de travail, de ruralité et puis aujourd’hui, de rurbanité. La carte de gauche est datée de 1902 (Editeur Vve Gruot). C’est une des photographies les plus anciennes du beffroi parmi celles reproduites en carte postale La maçonnerie de la tour support présente deux aspects bien différents. A gauche les pierres sont posées avec soin et régularité alors que la partie droite semble avoir été rapportée et l’agencement des moellons y est beaucoup plus grossier. C’est cette partie qui s’effondrera sur la chaussée dans les années 1990. |
La brique rouge, présente partout, sur l’ancienne école, le lavoir du brasset, la tannerie restaurée, et le beffroi lui même, s’est alliée à la meulière de Brie pour dessiner un ensemble architectural cohérent : la nouvelle porte de Meaux.
Malheureusement, cet ensemble ne nous est pas parvenu dans son intégralité, puisque une partie de la tannerie a été démolie pour installer à sa place, un bâtiment semi industriel occupé aujourd’hui par le Carrefour Market, grossièrement repeint à la couleur caca brun de l’enseigne commerciale, afin sans doute d’en rehausser le mauvais goût. C’est dommage pour notre ville et pour son attrait touristique qui s’en voit ainsi diminué. J’en ai terminé. Vous l’avez compris, en dépit d’un ton un peu léger et taquin, j’aime le beffroi, ce monument si créçois, cher à mon cœur. Aussi, faudrait-t-il ne pas oublier de l’entretenir de temps en temps, car son état n’est, à mon goût, pas à la hauteur de l’image qu’il véhicule de notre ville. jna à relire absolument : Le beffroi de Crécy par IndianaJones |
Crédit Cartes postales : José Navarre |
(article vu 10 fois)
Bravo José pour ce reportage très intéressant et plein d’humour :-e)
Si je reproche parfois à JNA de vivre un peu dans le passé(sur le site j’entends), je dois reconnaîre la qualité et l’intérêt de son article qui nous y replonge.
Quant à l’esthétique de l’ouvrage lui-même, je suis un peu plus réservé; et puis, l’avoir baptisé »beffroi »,il y a de quoi être dans l’effroi comparativement aux vrais beffrois au Nord de notre cher pays que JNA aperçoit quand il allait(ou va encore?)ravitailler « le petit ».
Entre autres horreurs de Crécy..la fenêtre murée dudit beffroi.
Souhaitons que le ou un des prochains programmes d’enjolivement de notre commune comporte cet ouvrage. :-d) 😐 😀
Evidemment si tu le compares aux grands beffrois du nord, il est petit, mais après tout proportionné à la taille de la ville.
Le petit n’est plus à Lille mais à Tours maintenant … du coup je découvre une nouvelle ville de province, au demeurant bien agréable.
Quant à vivre dans le passé, que nenni. Si je m’amuse en creusant parfois dans le passé de la ville c’est pour mieux comprendre certains aspects du présent et dépoussiérer quelques idées reçues, nous en déraciner au final.
Quant aux cartes postales anciennes, ce n’est pas pour cultiver la nostalgie d’une époque qui ne me fait pas rêver. C’est devenu un jeu de collectionneur, je cherche toujours à enrichir ma collection en trouvant les cartes sympas (belles, rares, cachant quelques détails originaux, ….) et aussi les bonnes affaires. Mais mon but n’est pas uniquement de remplir un album, le site m’offre l’occasion de me donner l’impression de faire partager mes trouvailles à travers ces petits articles. Enfin, les ouvrages plus ou moins historiques réalisés à base de cartes postales anciennes sont généralement un peu tristounets, voire pire. J’essaie donc pour mes petits articles de trouver des styles variés, tantôt sérieux, tantôt moins, selon les thèmes, bref des angles différents. C’est sans doute un travail sacrilège du point de vue historique mais tanpis ! 😀
Chacun a le droit d’avoir, concernant les articles qu’il écrit pour le site, ses thèmes de prédilection. Et puis outre que le passé représente un patrimoine culturel d’une incommensurable richesse, il nous aide à mieux comprendre le présent.
Tiens José a posté son commentaire pendant que j’écrivais le mien. Nos réflexions se rejoignent.
par exemple la « crise » certes ça aide beaucoup à comprendre. 😉
Il y a de la place pour tout. Le fait de s’intéresser aux problèmes actuels n’empêche pas de s’intéresser aussi à notre patrimoine, et j’applaudirai toujours ceux qui le feront 😉
bien dit Florence ! 😉
Excellent !!! mais les briques rouges, n’est-ce pas plus typique du Nord et de la Belgique?
C’est vrai que les briques ont été très utilisées dans le Nord et la Belgique mais elles ont pourtant fait la réputation de la région toulousaine par sa production.
Je ne m’associerai pas aux applaudissements, suffisamment de brionautes l’ayant déjà fait.
Je tiens à défendre l’honneur des éminents peintres mis en cause, la vallée des peintres se devant d’être soutenue. On attribue l’appellation de suppositoire à Dunoyer de Ségonzac, qui fut un grand peintre loin d’être mal côté, il convient de le souligner.
L’image du beffroi guidant les créçois dans leur quête de pain quotidien a quelque chose de pathétique et de disons-le de franchement comique.
Il n’a pas de mal à montrer la sortie de la ville, l’entrée aussi, selon le sens où l’on se place.
Quant à son aura lumineuse, nous en discutions justement au marché de l’avent avec une conseillère municipale avisée qui se reconnaitra, le beffroi manque manifestement d’éclairage. Il est même dans le noir complet en fin de soirée, et il conviendrait de l’éclairer, soit de l’extérieur, soit de l’intérieur, par exemple par des bougies.
Enfin, s’il est vrai que la collection de cartes postales illustrent bien cet article, cela manque un peu de photos actuelles, qui aurait rendu l’article un peu moins vieillot.
Un Voulangeois jaloux ? 😀 😉
Merci jms, ton commentaire est bien celui que j’attendais, à peu de choses près. Il faut que je réponde, point par point, aux différentes remarques.
Concernant le peintre de Ségondezac, je me demande si son nom n’était pas prémonitoire : « de seconde zone », c’est amusant ! Tu l’as vite reconnu et je comprends ton attachement à se peintre dont le chef d’oeuvre se situe sur la place de Marmande qui t’est chère, cette fameuse tomate tenue délicatement par une femme du sud ouest, très stylisée.
Concernant le passage qualifié de pathétique, je n’ai rien à dire, car il l’est « pathétique », voire comique aussi, et ça tombe bien car c’était exactement l’effet recherché. En effet, ce paragraphe aurait pu se trouver dans un texte « d’époque » écrit par un de nos auteurs briards : l’image d’un créçois laborieux et honnête, prêt à s’enflammer pour aller reconquérir l’Alsace Lorraine …
Quant à l’éclairage du beffroi au moyen de bougies … là je pense que c’est toi qui se moque …. Je parlais d’une aura plus mystique évidemment, celle qui nous attache tant à notre bonne cité de Crécy, quelque chose qu’un voulangeois ne peut évidemment pas comprendre.
Quant à utiliser des photos récentes, cela n’était pas l’objet de l’article. J’ai d’ailleurs rappeler l’excellent reportage photos d’Indiana
en fournissant le lien pour le relire et surtout le revoir. Non le thème était autre, et comme je l’ai déjà dit l’objet n’est pas de cultiver une quelconque nostalgie. Et là nous rejoignons le présent et des sujets qui t’intéressent, « la vallée des peintres » notamment dont on se demande si elle peut constituer un sujet vraiment porteur, capable d’attirer d’autres visiteurs que les clubs de retraités randonneurs, du moins dans son approche actuelle. Si les peintres renommés du XIXème sont vus comme des génies, les peintres de « second » rang de la même époque en dépit de leurs talents ne sont -ils pas perçus que comme « des vieillots ».
Le sculpteur de tomates c’est Coquillay et non Dunoyer de Ségonzac. Petite erreur historique …
au temps pour moi !
j’ai été mauvais sur ce coup là ! 😉
« les clubs de retraités randonneurs »…et les foules de japonais, 😉
dans la réalité je me demande d’ailleurs s’il n’y a pas plus de japonais que de retraités accros de ce parcours? 😉 😀
Chapeau bas, maître Jna :b
C’st une très belle idée de nous montrer l’évolution du beffroi à travers les époques.
Bien vu le rafistolage de la maçonnerie sur la tour féodale. Un mur, deux époques…
Il se pourrait bien que, le 5 novembre 1993 à 15h, ce ne soit pas la première fois que le pan de mur sous le beffroi s’effondre. Quand on voit sur les cpa du début du siècle le renfort au pied de la tour, ça a déjà dû arriver.
Le beffroi c’est un peu notre côté ch’ti ….France pop’ 😎