Un picnic pour sauver la vallée du grand-morin

Ce samedi 4 septembre a eu lieu le picnic organisé par les opposants au tracé du barreau RD934-RN36.

Le lieu choisi était hautement symbolique, sur le trajet prévu du barreau près de la ferme de Bessy, entre Serbonne et Tigeaux.
Ce fut un moment de convivialité mais surtout l’occasion de faire prendre conscience à tous, élus notamment, via les médias, de la nécessité de ne pas laisser faire n’importe quoi.

Plusieurs centaines de personnes se sont déplacées et sont venues signer la pétition "contre le barreau".
A l’emplacement de l’éventuel viaduc matérialisé par des ballons, tous ont pu mesurer à quel point il serait aberrant de saccager un si beau paysage.

Les maires de Voulangis, Tigeaux, Guérard s’étaient déplacés. Venus défendre les administrés qu’ils représentent, faire part de leur préoccupations.

Une opération qui fut un succès, mais qui n’est qu’une des premières étapes pour les organisateurs.

On peut rapidement rappeler le contexte.
Il y a une quinzaine d’années, un projet de route entre la RN36 et la RN34 par ce même tracé avait défrayé la chronique. Les opposants s’étaient mobilisés. Pour diverses raisons le projet avait disparu. Par la suite le classement de la vallée avait laissé augurer d’un abandon définitif. Cependant, l’évolution du trafic routier, la prochaine  construction de la route entre l’A4 et la RN36 (contournement du péage) et les projets de désenclavement de Coulommiers ont fait renaître le projet.
Une étude récente (février 2010) commandée par le conseil général à ainsi présenté plusieurs tracés entre l’A4 et Coulommiers. Différentes variantes ont été étudiées (carte ci-dessous).

Au niveau de la vallée, les élus de Guérard ont été les premiers informés, et c’est de cette commune que sont parties les principales oppositions au projet. La presse locale a plusieurs fois abordé le sujet depuis le mois de juin, les populations commencent à être informées. Une association s’est constituée. Sa première grande action a donc été ce picnic de samedi. Elle s’était auparavant adressée aux élus (voir notre article récent : /wordpress/?p=3005&mode=nested ).

Samedi les habitants sont venus pour s’informer, et marquer leur inquiétude.
La pétition comptait samedi après-midi plus de 1800 signataires.

Il est clair que les gens ne veulent pas de ces tracés.
Les inquiétudes concernent les gens personnellement dans leur vie quotidienne :
– le bruit des véhicules,
– la pollution,
– la destruction du paysage,
– la perte de la tranquillité.
Pour beaucoup, malgré l’éloignement du travail, le calme de la campagne est la première motivation à leur installation dans la vallée. Et c’est ce qui va être détruit. Les gens ne veulent pas vivre en ville nouvelle, et ils ont l’impression que c’est cette dernière qui les rattrape. Sachant que la construction d’une route de cette importance va être vecteur d’une nouvelle urbanisation.
Les gens ont bien conscience des difficultés de circulation à Coulommiers, Mouroux et Crécy mais est-ce que cela doit être au prix de tels sacrifices et n’est-ce pas repousser le problème plus loin en créant de l’urbanisation ?

Le projet présente plusieurs tracés, ayant chacun ses inconvénients. On a évidemment beaucoup discuté sur ces tracés, y compris sur d’autres variantes. Par exemple, pourquoi ne pas avoir étudié le tracé "grand nord" via la D228 ?
Les autres modes de communication pour limiter l’usage de la route ont aussi été évoqués : chemin de fer, covoiturage, télétravail, … Des solutions complémentaires assurément.

Outre les nuisances aux particuliers, et elles sont loin d’être négligeables, il ressort de ce projet de route un immense gâchis s’il se réalise. La vallée du Grand-Morin entre Crécy et Coulommiers est un cadre encore très préservé, peu urbanisé, avec de magnifiques sites. Un potentiel touristique pas du tout valorisé. La faible population, et donc les faibles moyens de la Brie des Moulins ne lui ont pas permis comme à Coulommiers ou en Pays Créçois de développer une offre touristique ni même de créer un office du tourisme.
Or l’éco-tourisme dans cette vallée, complètement rurale et boisée, le long d’un cours d’eau au cadre préservé, devrait être valorisé. Alors qu’à l’inverse la construction d’une route dans la vallée détruira à tout jamais les espoirs d’y développer le tourisme, y compris en pays créçois. Quant au PNR, pourra-t-on encore sérieusement y songer ?

Une journée positive qui a aura marqué les esprits et probablement les politiques au travers des échos que va en faire la presse.
Les élus ont été peu présents, hormis ceux des 3 communes cités. On ne peut que saluer leur prise de conscience des problèmes au travers de cette présence. Nul doute que la prochaine fois ils seront plus nombreux.

Derrière l’inquiétude des gens, et au travers de ceux qui ont pris à bras le corps de refuser ces tracés, on sent une démarche constructive prometteuse.
Il ne s’agit pas de monter les gens les uns contre les autres en soutenant tel ou tel tracé, mais de défendre tous les riverains.
Au-delà c’est la vallée elle-même qui mérite d’être défendue, au nom de la préservation d’une ruralité, d’une qualité de vie, d’un patrimoine commun.
Alors que les élus sont méfiants par rapport à ces mouvements de protestation, ou on ne sait plus trop où sont les leviers de décision, et dans quel sens ils doivent pencher, l’association de sauvegarde de la vallée du Grand-Morin souhaite aider les élus à faire les bons choix, ceux qui seront acceptables par les populations.

Enfin, l’association souhaite valoriser la vallée et son potentiel touristique, une action qui va bien au-delà des mouvements de protestation, s’inscrit dans le long terme, et peut créer une dynamique et susciter l’enthousiasme de tous, élus au premier chef.

On s’informe du tracé

Picnic convivial

Exposition de matériels agricoles

Les ballons matérialisent le tracé du viaduc

Vue sur la vallée

Plus de 1800 signatures obtenues jusqu’à présent.