L’abbaye a été élevée au fond d’un vallon – cadre boisé et vallonné |
L’abbaye a été élevée au fond d’un vallon boisé, au confluent de deux combes occupées par deux ruisseaux. A l’écart des grandes voies de communication, l’abbaye jouit d’un très beau cadre naturel, valloné, boisé, un vrai bijou lové dans un écrin de verdure (voir la photo aérienne).
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L’entrée du monument |
Première vision, du porche d’entrée |
A l’intérieur de l’enceinte, tout n’est que calme, majesté et volupté … Certes, les bâtiments abbatiaux restaurés au XXème siècle sont sobres et imposants. Pour autant l’atmosphère est chaleureuse car les jardiniers ont aménagé de vastes parterres de pelouses et de fleurs qui estompent l’austérité nécessairement attachée à un tel ensemble architectural. Le site est impeccable. Sous le soleil d’été, il est presque trop beau pour être authentique. Mais nous n’avons pas boudé notre plaisir.
L’abbaye a été fondée par Bernard de Clairvaux en 1119, plus connu par la suite sous le titre de Saint Bernard. L’abbaye est dite seconde fille de l’abbaye de Clairvaux, et septième abbaye de l’Ordre cistercien. Fontenay fait partie de la famille des abbayes cisterciennes. Les cisterciens étaient des moines qui à la fin du XI ème siècle souhaitaient vivre selon la règle de Saint Benoit, l’inspirateur des "bénédictins". Pour cette raison ils se détachèrent des clunisiens dont la foi était peu pervertie par une certaine aisance matérielle et se regroupèrent autour de l’abbaye de Cîteaux. Les cisterciens militaient pour une vie plus rigoureuse, dépouillée, humble, autarcique et ne négligeaient pas le travail manuel, propice à renforcer leur communion avec Dieu. Bref, ils prêchaient un retour à des "valeurs d’origine". Des valeurs tellement fondamentalistes que l’ordre pu fournir par la suite des inquisiteurs zélés, qui s’illustrèrent lors de la croisade contre les albigeois, par leur capacité à confondre les hérétiques et à les faire expier leurs pêchés.
Saint Bernard ne fut pas le fondateur de l’ordre cistercien, mais il fut son principal promoteur. Bernard, parti de Cîteaux, s’en alla fonder d’abord l’abbaye de Clairvaux, dans l’Aube. Clairvaux était ainsi fille directe de l’abbaye Citeaux. Puis Clairvaux essaima à son tour pour fonder ses propres abbayes filles, dont Fontenay (d’où l’appelation de fille de Clairvaux). L’abbaye modeste à l’origine, portera le titre d’Abbaye Royale en 1269.
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le logement des abbés commendataires (nommés par le roi) – Bâtiment du XVIIIème |
L’église abbatiale construite en 1139 (66m de long) |
Je passerai rapidement sur les siècles qui séparèrent la fondation de l’abbaye de la Révolution. Une histoire qui alterne des périodes plus ou moins fastes : prospérité, saccages, déclin. Au plus haut de sa renommée, trois cents personnes auraient logé dans l’abbaye : des moines, des convers, des laïques. Les convers étaient des moines non lettrés, dispensés des activités de choeur, des paysans, des ouvriers qui exécutaient les travaux manuels, car avec le temps les moines de Fontenay avaient appris à déléguer certaines tâches de subsistance présentant peu de valeur spirituelle ajoutée. Ainsi, l’abbaye se dota-t-elle d’une forge de belle dimension qui lui permit de développer une activité économique et une source de revenus. La forge était équipée d’un martinet (sorte de marteau pilon) actionné par une roue à aubes, elle même entraînée par l’eau de la rivière canalisée qui longe l’abbaye.
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Le cloître |
Le cloître |
Collatéral à l’intérieur de l’abbatiale
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le dortoir – sa charpente en chêne (XVéme) évoque la coque d’un navire. La règle de St Benoit stipulait que tous les moines devaient dormir dans la même pièce |
En mai 2008, l’Abbaye de Fontenay a inauguré dans la Forge des moines, une reconstitution de l’ancien marteau hydraulique et de sa roue à aubes. Cette restauration a été menée avec le concours de sept lycées techniques et professionnels européens, dans le cadre du projet Comenius « Les jeunes et le travail dans une Europe en mutation ». Les élèves français, allemands, italiens, tchèques, roumains et polonais ont été guidés par leurs enseignants et un professeur de l’Université de Paris 1 spécialiste de la métallurgie médiévale. Ils ont conçu, dessiné et construit l’ensemble du dispositif dans le respect de la vérité historique. La reconstitution du marteau hydraulique, avec sa roue à aubes de 5 mètres de diamètre et son axe de transmission en chêne d’une tonne, constitue une des attractions de la visite quand il fonctionne.
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Vue de détail du martinet de la forge des moines |
Le mécanisme, côté martinet |
Le mécanisme vu de l’autre côté. L’axe est entrainé par la roue à aubes que l’on distingue à travers l’ouverture, au fond. |
Une maquette explicative qui fournit une vue d’ensemble du dispositif L’axe de transmission est cerclé d’un anneau métallique équipé d’ergots faisant saillie. A son passage, chaque ergot appuie sur l’extêmité du bras du martinet, puis de le laisse choir. Chaque ergot imprime un cycle de frappe pour le martinet. |
Quand survint la révolution, l’abbaye fut vendue comme bien national à un entrepreneur qui la transforma en papeterie et heureusement, pas en carrière de pierres, comme ce fût le cas de l’abbatiale de CLAIRVAUX. Rachetée quelques années plus tard par la famille des Frères Montgolfier, la papeterie perdura jusqu’au début du XXème siècle. Des ateliers furent ajoutés et adossés aux batiments monastiques. En 1906, le banquier lyonnais, Edouard Aynard, aussi riche que passionné d’histoire, rachète l’abbaye dans le but de lui rendre son faste médiéval d’antant. Le site était définitivement sauvé.
Des photographies anciennes (il y a une expo à la sortie) permettent de se faire une idée de ce à quoi ressemblait l’abbaye pendant la période d’activité papetière. Difficile d’y reconnaître les édifices tels qu’on les découvre aujourd’hui. On imagine d’autant mieux l’ampleur des travaux de dégagement et de restauration qui furent nécessaires. Plusieurs phases de travaux se succédèrent, la plus récente s’étant achevée pendant les années 90.
L’abbaye appartient toujours à la famille Aynard qui exploite le site et l’entretient.
Les photos qui illustrent cet article, devraient à elles seules, vous donner envie d’aller visiter l’abbaye.
Les visites sont guidées. C’est indispensable pour bien comprendre. Toutefois, après la visite guidée, vous pouvez rester à l’intérieur de l’abbaye aussi longtemps que vous le souhaitez, pour revoir tranquillement les parties qui vous intéressent. Le billet est valable pour la journée, il est possible de sortir et de rentrer après. Il n’y a pas de restauration sur place, juste un distributeur de boissons et de confiseries. C’est un peu dommage. En revanche, il est tout à fait possible de pique-niquer à l’extérieur du site qui offre pas mal d’endroits enherbés et ombragés. Pour ceux qui préfèrent le restaurant, il faut retourner dans un des villages alentours.
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L’abbaye vue du "grand jardin" le bâtiment d’en face abrite la fameuse salle du dortoir à l’étage cette photo donne une meilleure idée de la longueur de la pièce |
La forge à droite A gauche l’enfermerie (supposée correspondre à l’ancienne prison) |
Ce bassin d’agrément fut construit tardivement (XVIIIème)
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L’enfermerie au premier plan Au second plan, la galerie Seguin, construite au XIXème du temps de la papeterie. |
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Après le repas, il vous restera du temps pour envisager une autre visite afin de remplir l’après midi. Plusieurs sites peuvent être envisagés comme par exemple : les sources de la Seine, le site d’Alésia d’ Alise-Sainte-Reine (voir bien venu chez les gauloi’ch ), ou encore le musée des voitures de chefs d’état (amusant – voir encadré ci-dessous).
Si vous prévoyez une balade de deux jours, il me paraitrait fort opportun de remonter vers le nord pour aller visiter les restes de l’abbaye de Claivaux, le Mère de Fontenay, dont une partie les bâtiments sont en cours de restauration. Clairvaux, a eu moins de chance que Fontenay. Elle fut transformée en prison au début du XIXème siècle (comme le Mont st Michel). L’église abbatiale fût vendue comme carrière de pierres pour financer le fonctionnement de la prison.
Aujourd’hui l’abbaye jouxte toujours la maison d’arrêt centrale de Clairvaux que les faits divers mettent parfois sur le devant de la scène (prises d’otage, évasions, …). De Clairvaux vous ne serez plus qu’à quelques kilomètres de Colombey les deux Eglises, … c’est vous qui voyez (voir l’article de RetraitActif sur ce village) .
jna José Navarre
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Pour compléter notre visisten nous avons opté pour le musée des voitures de Chefs d’états (CHÂTEAU DE MONTJALIN – 89200 SAUVIGNY-LE-BOIS)
http://www.voitures-presidentielles.com/
J’avais vu un reportage TV présentant le musée et son créateur. Installé dans les écuries d’un chateau du XVIII ème, ce musée est certes original et la visite quoique non indispensable à votre survie est quand même amusante. Il y flotte comme un parfum de je ne sais quoi qui me rappelle celui qui entourre la roue d’Aldo Costa. Un créateur passionné et sans doute un peu excentrique, pour un projet qui s’il a bien abouti ici, semble en mal de reconnaissance.
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Vous pourrez voir une trentaine de véhicules qui ont été utilisés par des chefs d’états : pas mal de Présidents de pays africains, mais aussi une belle américaine qui transporta JF Kennedy. Attention, ce n’est le véhicule de l’attentat de Dallas comme me l’avait laisser penser le reportage TV. Coup de chance, en 2009 (date de ma visite), le musée abritait temporairement deux DS ayant été utilisées par le Général de Gaulle, dont la fameuse voiture de l’attentat du Petit Clamart, une pièce historique pour le coup. C’est le fondateur du musée, un ancien tradeur à Wall Street, châtelin du lieu, qui vous acceuille, tient la caisse et bricole une épave en voie de restauration entre deux visiteurs. Si vous aimez les "grosses caisses", et si vous les préférez blindées, vous apprécierez cette collection.
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Notre touristico/historien nous régale toujours :-d) de ces sites pas toujours aussi connus des autres mais qui effectivement doivent mériter le détour et ça nous donne envie de nous ‘y rendre dès que le printemps se décidera à réchaufer un peu l’atmosphère. 😎
Je propose que nos « maitres de la toile » 😀 , en page de garde mettent un chapitre »tourisme » dans lequel on trouverait plusieurs sous chapitres par ex: tourisme culturel-tourisme exotique-tourisme rural etc…
Super article José :-e)
« Les cisterciens militaient pour une vie plus rigoureuse, dépouillée, humble, autarcique et ne négligeaient pas le travail manuel, propice à renforcer leur communion avec Dieu. Bref, ils prêchaient un retour à des « valeurs d’origine ». Des valeurs tellement fondamentalistes que l’ordre pu fournir par la suite des inquisiteurs zélés, qui s’illustrèrent lors de la croisade contre les albigeois, par leur capacité à confondre les hérétiques et à les faire expier leurs pêchés. »
Il n’était pas question de tueries mais j’ai quand même été très choquée. Il y a quelques années je feuilletais des livres dans la boutique du Mont Saint Michel. Je tombe sur la Règle de Saint Benoît. Je lis que des jeunes étaient confiés aux moines, sûrement pour les instruire, (catéchisme seul ou enseignement général), et qu’en cas de rébellion il fallait bien frapper les gosses, et/ou les soumettre à des jeunes sévères ! Et c’est de quelqu’un comme ça qu’on a fait un saint ! Evidemment on ne peut pas comparer la culture de l’époque avec la nôtre, et il n’écrivait pas cela dans une mauvaise intention. Quelle que soit la façon dont on prend les choses, c’était quand même le pire de lui-même qui ressortait en cette circonstance ! Il y a de quoi vous plonger dans un abîme de réflexions à propos de l’homme, de la philosophie, de la religion, etc. … Cependant José, concernant l’ego, un thème qui vous est cher, et au sujet duquel je vous ai déjà répondu sur le site, je voudrais ajouter qu’il y a des gens qu’un coeur naturellement bon, tendre, compatissant, et généreux, porte spontanément à venir en aide et à faire plaisir.
Je n’en doute pas ! 😉
Florence vous dérivez grandement du sujet. :#
C’est du tourisme ..pas de la propagande religieuse..
Bon on sait que vous partez pour Rome mais tout de même, qu’est que ça sera au retour 😉 ?
Pas d’accord. Florence ne fait que répondre à jna, c’est lui qui a commencé.
Ce en quoi ces méchants inquisiteurs qui sont venus chatier mes ancêtres au nom de motifs religieux, mais en fait purement politiques, ne sont pas défendables.
Je profite de l’occasion pour marquer mon admiration pour le reportage très détaillé et documenté de jna. C’est là que l’on voit la grande plus-value qu’apporte notre site et ses géniaux rédacteurs. Vive les brionautes !
Merci Jean-Michel de prendre ma défense. Mais, à mon avis, José n’est pas plus critiquable que moi. Il est certain qu’une idée en entraîne une autre. Il me semble qu’il serait bon de ne pas trop combattre la spontanéité des réflexions et des échanges, source de richesses.
Je ne pense pas avoir attaqué qui que ce soit en précisant que nos moines ont été de bons inquisiteurs … ce ne sont que les excès -et en l’occurence les dangers- des dérives religieuses que l’on constate malheureusement encore tous les jours de par le monde.
Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas d’hommes et de femmes bons, compatissants et désintéressés capables d’aimer les autres … mais il n’est pas nécessaire de croire en Dieu ( pour cela ça peut aider c’est sûr) et encore moins d’épouser les doctrines et dogmes religieux. Il faut croire en l’Homme, arrêter de jalouser les autres …
Cela me touche vraiment !
Nous sommes tous très bons, chacun dans notre genre parce que lorsque nous écrivons un article, nous n’avons qu’une ambition, partager nos expériences ou nos idées avec ceux du clan et avec tous les autres lecteurs venus dont on ne sait où. C’est vraiment ce qui nous motive tous, je crois, et ce pourquoi aussi nous continuons à faire vivre ce site.
Une belle récompense c’est quand un lecteurs lointain (autre que ceux de notre clan) réagit et apporte un commentaire. Par exemple, cela a été le cas à la suite de l’article sur Montaiguillon, il y en a eu plusieurs mais malheureusement les intervenants ne sont pas allés plus loin qu’un commentaire, alors que j’ai cru un moment qu’ils allaient apporter des témoignages complémentaires : dommage.
Si j’avais du temps, j’aimerais bien faire la même pour chacun de mes voyages ou de mes visites, un guide ? après tout, nous ne sommes pas plus mauvais que d’autres. 😉
« propagande religieuse », Cher Daniel aussi bien en ce qui concerne José qu’en ce qui me concerne, je dirai sociologie religieuse. « Propagande religieuse » je m’en garderais bien ! et je ne pense pas trahir José en disant que lui aussi.
Florence,Rome ?que d’Italie en cette Femme 😉
:-d) :-e) :-e) :=! 😎 😛
Superbe devant un tel, et si beau reportage quand je vais me rendre dans l e CHABLISIEN pour refaire le plein, j’irai du coté d’Avallon et ensuite l’abbaye de Fontenay, comment ne pas y aller avec de si belles photos et le coté artistique de notre cher JNA