Bienvenue chez les gauloi’ch

Nos ancêtres les Meldes étaient de grands gaillards. Costauds, souvent blonds aux yeux bleus et un peu belliqueux, comme tous les gaulois. Les premiers celtes venus de l’orient ont envahi notre territoire plus de 1500 ans avant JC. Puis d’autres celtes sont venus, bien souvent, pour chasser ou repousser un peu plus loin ceux qui les avaient précédés.

A ce petit jeu de celtes musicaux, ça bardait de temps en temps. La Gaule n’a jamais vraiment existé, ce sont les romains qui l’ont inventé. Le mythe de la grande nation gauloise a été développé à la fin du XIXème siècle pour raviver la fibre nationaliste et patriotique de nos campagnes.

Vercingétorix lui-même n’a rejoint que tardivement le panthéon des grands rebelles nationaux.

Les grands WE de printemps arrivent et ceux d’été sont d’ores et déjà à planifier. Je vous suggère aujourd’hui une idée de balade touristique et culturelle, un petit voyage sur la trace de nos ancêtres les gaulois. Je l’ai fait lors des vacances de printemps 2007, mais l’envisager au cours de l’été ne serait pas une mauvaise idée, car les sites archéologiques sont plus animés en période estivale. Cette balade peut s’envisager facilement sur 3 jours.

Le centre du périple, se situe au cœur du Morvan : depuis Vezelay, en passant par le lac des Settons, le Mont Beauvray et son oppidum gaulois, pour finir à Autun, la gallo romaine. Sur la route du retour, je vous recommande de pousser vers le nord jusqu’en Auxois pour terminer par le très mémorable site d’Alésia.
Je viens de citer trois sites historiques majeurs de l’histoire des Gaules. Alésia, tout le monde en a entendu parler, sauf bien sûr Abraracourcix notre chef. Mais pour autant savez-vous vraiment où il se situe ? L’oppidum du Mont Beuvray, le mythique Bibracte, se visite comme un lieu de pèlerinage, un plongeon dans la grande marmitte du monde celtique. La ville d’Autun complète ces gauloiseries en célébrant les vertus de la Pax Romana à travers ses très beaux vestiges gallo-romains.

A tout seigneur, tout honneur. Bibracte, site haut perché au sommet du Mont Beuvray, abritait un des plus grands oppida de la Gaule, une vaste cité ceinte de deux lignes de remparts dont l’une mesurait plus de 11 km de long.

Bibracte était au temps des gaulois, la capitale des Eduens, un peuple puissant qui occupait une position géostratégique majeure au centre de la Bourgogne actuelle. Les Eduens ne furent pas des gaulois exemplaires, comparés aux valeureux guerriers de la tribu d’Astérix. L’humeur de leurs chefs était versatile. Alliés des romains, ils appelleront Jules César à l’aide en 57 avant JC pour les aider à repousser des helvètes en pleine migration. Ceux-ci ne faisaient pourtant que passer, ils partaient s’installer définitivement au bord de l’océan Atlantique. Il s’en est fallu de peu pour que notre Vendée ne soit helvètique ! Mais les légions romaines ont barré la route aux helvètes qui n’ont pas pu traverser les terres éduennes. Ceux qui ne furent pas massacrés, les rescapés, regagnèrent la Suisse, un coup de chance pour eux !
 
En 53 avant JC, les Eduens s’associent au siège de Gergovie aux côtés des romains. Mais ils se brouillent avec leurs alliés et se rallient aux Arvernes de Vercingétorix. Les Romains abandonnent Gergovie, c’est la victoire gauloise. Quelques mois plus tard, ils constitueront le gros de l’armée de renfort qui marcha sur Alésia pour tenter de porter secours à Vercingétorix enfermé dans la ville. En vain, l’armée de secours malmenée par les mercenaires teutons de César, ne percera pas les lignes romaines. L’histoire finira mal ! Vercingétorix sera défait, emprisonné, étranglé mais César pardonnera aux Eduens leur infidélité temporaire. En effet, les Eduens sont riches, artisans productifs et habiles négociants, ils sont trop précieux à l’économie des Gaules et à celle de Rome pour être punis sévèrement.

Bibracte prospère sous l’influence latine, durant la pax romana, pour se transformer en une florissante cité gallo-romaine. L’Empereur Auguste avait de grandes ambitions pour Bibracte. Jugeant sa position au sommet du Mont Beuvray peu propice au développement d’une cité moderne, il transféra la ville si haut perchée, au fond de la vallée quelle dominait alors. Ainsi naquit une cité nouvelle et opulente : Autun (dit B2 ). Gaulois et romains s’y installèrent, petit à petit Bibracte fût abandonnée et sombra dans l’oubli à tel point que jusqu’à la fin du XIX éme siècle les historiens croyaient que la " mythique " Bibratce était enfouie sous les fondations de la ville d’Autun.

La présence de vestiges gaulois au sommet du Mont Beuvray était connue mais personne n’en avait perçu l’importance. Il fallut attendre la fin du XIX ème siècle et le début du XX ème pour qu’une poignée de passionnés identifie formellement les ruines du Mont Beuvray comme étant les vestiges de l’oppidum de Bibracte. Depuis lors, les fouilles mettent sans cesse à jour de nouvelles traces d’occupation gallo-romaine.

Une petite journée est nécessaire, pour visiter Bibracte, car il y a deux sites à visiter. Un musée moderne tout d’abord, situé dans un très beau site naturel, en forêt et en périphérie du site archéologique.

Ce musée est dédié au monde celte. Lomig y serait heureux comme un brochet dans la frayère d’AS77. C’est une superbe réalisation, un peu vide à mon goût, mais incontournable si l’on s’intéresse un peu à la culture et l’histoire celtique. Les mises en perspectives sont réussies et cette visite permet de bien préparer celle du site archéologique.

Pour visiter le site archéologique primitif, il faut faire travailler son imagination. Une visite guidée est préférable pour nous aider à stimuler efficacement nos méninges. Plusieurs chantiers de fouilles sont en cours, sous la conduite de diverses universités européennes mais ces chantiers ne sont actifs que l’été à partir du mois de juin. En dehors de ces périodes, les fouilles sont protégées et recouvertes, l’intérêt est moindre pour le visiteur.

On découvre au fil de la visite des vestiges divers : ateliers, commerces, maisons gauloises et villa gallo-romaine.

Au-delà des vieilles pierres, le promeneur profitera d’un panorama splendide depuis ce site, cette vigie, situé à 700 m d’altitude quand même !

Une nuit et une matinée à Autun, vous permettront de faire le tour des sites essentiels de la ville dont le théâtre romain constitue le vestige le plus remarquable.

Autun cette paisible ville de province compte de beaux vestiges gallo-romains, remparts, théâtre (le plus grand du pays), portes, temple … Pour aller à Autun, il faut vouloir faire un détour, car on n’a pas souvent l’occasion de passer par Autun sinon ! Pourtant, ce fût une des plus grande métropoles du temps de la pax romanan, elle possédait les meilleures écoles de gladiateur de la Gaule ainsi que les étudiants les plus brillants.

Pour conclure, ce périple à thème je vous invite à passer par Alésia. Eh oui, ne faisons pas la fine bouche.

Depuis Autun, il faut remonter droit vers le nord et passer par Saulieu. Vous pourrez vous y arrêter pour la pause de midi ! Ceux qui souhaitent déjeuner à " la Côte d’Or " n’auront pas le temps de pousser jusqu’à Alésia. A moins de tenir absolument à rompre votre bourse chez Loiseau … je vous conseille, pour la pause du midi, de pousser jusqu’à Semur-en -Auxois. C’est sur la route d’Alésia, au nord de l’autoroute A6. Semur-en-Auxois possède de très belles marques architecturales héritées d’un riche passé médiéval.

Après Semur, pour aller à Alésia il faut suivre la direction Alise-Sainte-Reine. L’Alésia, d’Alise (notez la ressemblance des toponymes) est désignée comme site officiel de la fameuse bataille, celà depuis Napoléon III. Une statue monumentale de Vercingétorix est fièrement dressée à proximité de l’oppidum. Elle fut pensée pour servir de symbôle à la nation française ancrant ses racines et son indivisibilité dans le sein d’une Gaule rebelle et insoumise.

Il est bien fier le Vercingétorix de la statue qui selon certains auteurs est figuré sous les traits de Napoléon III.

Mais Alésia c’est aussi un site archéologique où l’on fouille, car il y a bien à l’endroit, comme de temps en temps au sommet d’une colline, les vestiges d’un oppidum gaulois et d’une cité Gallo romaine avec son lot d’édifices typiques : forum romain, basilique, théâtre, …

Un grand projet est en-cours, appelé Alésia 2009  (en 2007)  qui vise à créer à la périphérie du site un muséo-parc. Cette réalisation pilotée par le conseil général de la Cote d’or devrait en fait voir le jour en 2010-2011 (nouvelles dates cibles)e. Le museo parc présentera de nombreuses reconstitutions et des mises en situation des grands moments de la bataille, mais aussi des scènes de vie des Gaulois dans leur quotidien. En particulier, une reconstitution à l’échelle UN, d’un élément de défense d’Alésia devrait constituer l’attraction la plus spectaculaire.
Ce musée viendra combler le vide laissé par la fermeture définitive de l’Archéodrome de Beaune (autoroute A7) qui abritait ce type de reconstitutions. La visite du site d’Alésia sera évidemment beaucoup plus intéressante, en particulier pour les enfants, quand ce musée d’un nouveau type sera opérationnel. 

ALESIA, c’est où ALESIA ?

En quittant Alésia, une question, lourde de conséquences, vient troubler le visiteur : est-ce bien le véritable site de la bataille que je viens de visiter.
Pourquoi faudrait-il en douter ?

Si l’on en croit une poignée d’irréductibles, Alésia, la vraie, serait située à près de deux cent kilomètres de là, dans le Jura à Chaux-des-crotenay – SYAM(voir site).
D’après ces érudits, l’étude des textes de la guerre des Gaules de César, ne laisse planer aucun doute. C’est à seulement, à Syam, que tout concorde et non pas à Alise.

Des accusations d’usurpation et même de création de fausses preuves ont été formulées. Les adversaires d’Alise parlent d’imposture et considèrent que certaines pièces archéologiques, utilisées pour accréditer l’assimilation de l’oppidum d’Alise à celui d’Alésia ne sont que de grossières imitations. Qui aurait eut intérêt à nous tromper, pour quelle cause, quels intérêts ?

Napoléon III avait confié à Violet le Duc la tâche d’identifier le site d’Alésia. Mais il s’agissait de faire vite. L’intention était plus politique ou idéologique qu’archéologique. Il s’agissait avant tout de trouver un piédestal pour accueillir la monumentale statue de Vercingétorix, construite à l’image de l’empereur et peut-être de créer un site, un lieu de pèlerinage sur les ruines de la première épopée fondatrice de notre nation. Par la suite, la troisième république à continuer à instrumentaliser Vercingétorix, grand résistant national, dans la préparation des esprits à la reconquête de l’Alsace-Lorraine. 

Etait-il envisageable de ne pas atteindre cet objectif ? Certains pensent qu’il était important de mettre un nom au plus vite sur un site à peu près crédible pour mettre en œuvre le Vœu de l’empereur. Mais au jour d’aujourd’hui, Alésia est toujours à Alise, en attendant d’autres éléments.

Voilà, une fois encore, nous constatons que l’Histoire n’est pas encore définitivement écrite même si certaines pages sont scellées dans le marbre à dogmes. Cela promet encore de belles aventures à ceux qui ne se lassent pas de chercher.

A côté des sites Gaulois, il y a bien entendu les paysages du Parc Naturel Régional du Morvan et de ses abords.

Je vous conseille de passer par Vézelay à l’aller. Vézelay est un lieu de pèlerinage, un site essentiel de la chrétienté dit-on, la-bas.
Le lac des Settons est un endroit où il est possible de se détendre à l’ombre et au bord de l’eau. Nous y avons fait étape et je dois dire que le lieu est particulièrement envoutant à la tombée de la nuit quand les derniers touristes de l’après midi sont partis.

Je serais impardonnable si j’oubliais de vous parler de l’Epoisse, un fromage incontournable dans cette région que l’on assaisone à tous les gratins ! c’est pas léger, c’est goûteux et merveilleux.
 

Bonne balade

jna.

José Navarre