La Poste en milieu rural

La France compte 17000 bureaux de poste. Au nom de la rentabilité, la menace de fermeture de nombreux bureaux de poste ruraux revient régulièrement. Souvent le dernier rempart à l’exode rural, ils représentent le dernier maillon de vie sociale dans un village. Quel avenir pour un village après la disparition de sa poste ?
Tout près de nous en Seine-Et-Marne, bon nombre de bureaux sont menacés.
le suite de la Poste … Ces dernières années les plages d’ouverture des bureaux ont été réduites comme peau de chagrin, un moyen de réduire les frais de fonctionnement sans supprimer le service mais aussi sans réduire les frais fixes.

Pour rentabiliser à nouveau les bureaux, il faut leur donner de nouvelles missions. De bonne nouvelles semblent venir de ce côté-là ces dernières semaines, La Poste ayant créé une structure pour développer ce qui serait le 4ème métier de La Poste (rappelons les 3 métiers de La Poste : le courrier, les services financiers et le réseau grand public).

Transformer les bureaux de poste en guichets multi-services semble une solution d’avenir. On irait à La Poste pour chercher son pain, sa bouteille de gaz ou son journal. Autre solution moins orientée commerce : pourquoi ne pas coupler le service postal avec le service municipal et les démarches administratives au travers d’une mairie-poste ?

Pour certains, adeptes de la libéralisation des services publics, La Poste représente un organisme public à privatiser à moyen terme, opération qui se fera de toute façon par l’ouverture à la concurrence des services postaux. La Poste jouit pour ces gens-là d’une image de secteur public incapable d’intégrer toute notion de rentabilité.

Cette perception ne correspond en rien à la réalité. Il y a quelques années, j’ai mis en place à La Poste un centre d’appels dédié aux bureaux de poste et dont j’assure depuis la maintenance et les très nombreuses évolutions. Le métier du centre d’appels est l’archétype même de l’activité où l’on recherche l’efficacité, la rentabilité, la réactivité et le sens du service au client; c’est un métier stressant, presque de négrier diront certains. Et pourtant, je peux témoigner que les postiers fonctionnaires s’en acquittent très bien avec la qualité de service en vigueur dans la profession. D’une manière générale, et contrairement à certaines grandes entreprises du secteur privé, La Poste ne sous-traite pas ses tâches les plus difficiles. Que se soit dans la tournée des facteurs, le tri du courrier la nuit, l’accueil au guichet ou la production informatique assurée 24 heures sur 24, ce sont des postiers qui oeuvrent et ce dans le respect de contraintes horaires fortes.

Tout cela pour dire que La Poste est à même d’être rentable comme tout autre entreprise.

Mais pour être rentable il faut avoir suffisamment de clients et de volume d’affaire pour justifier ses frais fixes; ce raisonnement conduit à supprimer de nombreux bureaux ruraux. Pour répondre à cet argument, il faut voir le problème dans sa globalité pour la société.

A-t-on seulement pensé au coût social et environnemental de l’exode rural ? Un bureau de poste que l’on ferme, c’est un village que l’on tue. L’engrenage de l’exode s’installe, la fermeture de La Poste entraine celle de l’école et des commerces. Ces personnes agées qui vont régulièrement à La Poste chercher quelques sous, les RMIstes qui restent à la campagne parce que la vie est encore bon marché, les jeunes couples qui voudraient bien s’y installer s’il y avait au moins une école, que deviennent-ils ? Et ces champs qui retournent à l’état de friche ?

Quand on ferme une poste, il faut en construire une dans une ville nouvelle qui va acceuillir les migrants de l’exode rural, a-t-on pensé à intégrer ces coûts ? Ce n’est pas la vente du vieux bureau de poste rural dont personne ne voudra qui suffira à financer ces constructions.

Les bureaux de poste ruraux doivent être conservés quitte à faire évoluer le métier du postier et à lui donner un rôle social plus fort.

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