Le Fromage de Brie (de la Brie au brie)

Comment parler de la Brie sans parler de son illustre ambassadeur, le Brie, qu’il soit de Meaux, de Melun, ou de Coulommiers ? D’après un vieux dicton briard, le fromage de Brie est « Le Roi des fromages et le fromage des Rois ». Certains historiens font remonter l’origine du brie à l’an 420. Pour sa montée sur le trône, les Gaulois auraient offert au chef Franc Pharamond plusieurs de ces fromages venant de la tribu des Meldes vivant sur les rives de la Marne. plus de brie …

Pour compléter votre information voici deux liens utiles :
Un site fort bien documenté, une petite encyclopédie
Et le brie vu par la Maison du lait
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On raconte que Charlemagne, en visite chez les moines de Rueil-en-Brie y apprécia le brie en le mangeant, comme il se doit, avec sa croûte. L’Espagnol Christobal de Suarez écrivit, en 1630, que le brie était « le seul fromage de France dont on puisse faire mention ».

Fromage des Rois, le brie ? Sûrement ! Dans un opuscule intitulé « Fragments de comptes du 13° siècle » (Bibliothèque Nationale – L2 K, 1849) on peut trouver deux fragments de comptes des dépenses ordinaires de la comtesse de Champagne et de Brie, Blanche de Navarre, dont un concernant les années 1217, 1218 et 1219. Il s ‘agit d’un compte de dépenses faites à Provins aux foires de Saint-Jean et de Saint-Ayoul de l’année 1217 par le nommé Gervais « pour deux cent fromages envoyés au Roi, et achetés une livre douze sous les 200 ». Blanche de Navarre envoyait cette cargaison de fromages à Philippe-Auguste.
On trouve dans une déclaration de Guillaume Ligier, « Maistre d’hostel » du duc Charles d’Orléans, père du Roi Louis XII, qu’il reçut le 6 décembre 1407 « vingt dozaines de fromaiges du païs de la Brye demandez par ledict seigneur Duc pour estre donnés aux Dames aux estraines prochaines ».

Il faut attendre la mort de Louis XIV pour voir le brie faire son entrée à la Cour de France. Chaque semaine, 50 voitures chargées de ce fromage et escortées de gardes, partaient alors de Meaux pour ravitailler Paris, Saint-Germain et Versailles. En 1788, l’Assemblée des bailliages déclara que le fromage de Brie, par sa saveur et sa réputation, semblait venger les Briards du triste renom de leurs vignobles ! Lors de sa fuite de Varennes, le Roi Louis XVI passa par Claye-Souilly et s’arrêta chez un de ses anciens majordomes pour y déguster un brie de Meaux accompagné de vin rouge. Certains prétendent que ce détour aurait changé le cours de l’histoire… A la même époque, Monseigneur Thuin évêque de Meaux, envoya l’abbé Gobert chez sa cousine Marie Harel, à Roiville en Normandie. Ce jeune curé, ne trouvant pas le fromage local à son goût, dévoila la méthode de fabrication du brie à la fermière … qui créa le camembert.

Roi des fromages, le Brie ? Assurément ! Au cours d’un dîner qu’il offrit à Vienne en 1814 en l’honneur de Metternich, Talleyrand soutint que le fromage de Brie était le meilleur du monde. Ce n’était pas l’avis courtois de tous ses hôtes, aussi décida-t-il, quelques semaines plus tard, de convier un grand nombre d’ambassadeurs à dîner, en les invitant à apporter un fromage de leur choix en provenance de leur pays. Le jour venu, on présenta 52 variétés de fromage et les ambassadeurs se formèrent en jury. On vota, et c’est ainsi que le brie fut proclamé à l’unanimité Roi des Fromages. Le brie vainqueur venait de la ferme d’Estourville, près de Villenoy, à côté de Meaux.

Au début du 19° siècle, on peut lire au chapitre des fromages de l’ouvrage d’Aglaé Adanson « La maison de campagne », le manuel des maîtresses de maison de la bonne société : « Qui ne connaît le fromage de Brie ? Qui ne l’aime pas ? On en envoie dans toute la France. A Paris, il ne sort pas du cercle de la bourgeoisie, mais en province il ose se placer sur une table aristocratique. A Paris, si vous n’êtes pas roturier et que vous ayez le malheur d’aimer ce fromage, mangez-le en cachette et ne vous en vantez pas ». Puis l’auteur ajoute, en parlant des fromages en pots de la poste aux chevaux de Meaux : « C’est la partie coulante du fromage de Brie, qu’on enlève au fur et à mesure pour la conserver dans de petits pots et qu’on envoie ensuite à Paris. Sous ce changement de décoration, il est admis aux meilleurs tables… »

La réputation et la demande du fromage de Brie prirent une telle ampleur qu’en 1882, qu’il fut question de créer une école de laiterie et de fromagerie dans la région de Meaux pour y répondre. A cette époque, la petite exploitation « à un cheval » commençait à disparaître et la production rurale amorçait un net ralentissement. En effet, pour obtenir ces « magnifiques fromages », il fallait une direction habile et surtout la présence de la fermière, car c’est elle qui devait présider aux soins de la laiterie et de la fromagerie. Malheureusement, les personnes capables de remplir cette importante mission devenaient de plus en plus rares et les jeunes filles appelées à les remplacer étaient généralement élevées à la ville où elles demeuraient totalement étrangères aux occupations rurales. Devenues fermières, elles se désintéressaient de tous ces travaux pour une vie plus bourgeoise. Au début de 20° siècle, on dénombrait en Brie environ un millier de fermes fromagères. Il n’en restait plus que 130 en 1953, et seulement 12 dix ans plus tard. Dans l’annuaire de Seine et Marne de 1903, on pouvait lire : « La Houssaye (672 habitants en 1901) : Fromages (march. de) : Grenier (exportation). Dix ans plus tard, la fromagerie était exploitée par M. Portejoie, mais il n’était plus question d’exportation. Cette fromagerie était installée à La Houssiette, à l’angle de la sente de la Butte Verte.

Le dimanche 7 mai 1967, le mariage du brie et du beaujolais fut célébré à Coulommiers, et la première Foire aux fromages et aux vins de France y fut créée en 1969. Ultime consécration longtemps espérée, l’Appellation d’Origine Contrôlée fut décernée aux bries de Meaux et de Melun par le décret du 18 août 1980.