On the edge of the war zone – chapitre 34
CHAPITRE XXXIV
10 février 1917
Bien, le 118e s’est installé pour ce qui ressemble à un long cantonnement. C’est sûrement le plus animé, aussi bien que le plus important que nous ayons jamais eu, et chaque petite ville et village est plein de monde entre ici et Coulommiers. Il y a non seulement ici cinq mille militaires de l’infanterie cantonnés le long des collines et dans les vallées, mais il y a aussi de grosses divisions d’artillerie. La petite place devant la station de chemin de fer à Couilly est pleine de canons gris et de chariots de munitions, et il y a des cuisines militaires et toutes sortes de chariots de l’intendance le long de toutes les routes, entre ici et Crécy-en-Brie qui est l’état-major pour la distribution de toutes sortes de matériels. Comme le temps a été intolérablement froid, bien que sec, et souvent ensoleillé, les soldats sont cantonnés en gros groupes de cinquante ou soixante, dans une pièce ou une grange, où ils dorment dans la paille, enroulés dans leurs couvertures, serrés comme des sardines pour avoir chaud. Ils sont arrivés presque gelés, mais ils se sont vite réchauffés, et maintenant le temps ne les dérange plus du tout. |
A peine s’étaient-ils réchauffés qu’une épidémie d’oreillons se déclara. Ils évacuèrent rapidement ceux qui avaient attrapé cette maladie, et arrêtèrent sa diffusion, au regret, je le crains, de bon nombre de garçons. L’un d’eux m’a dit, après que ceux qui avaient été contaminés furent envoyés à Meaux : « Camarades chanceux, j’aurais souhaité avoir les oreillons. Après Verdun cela aurait été agréable d’être à l’hôpital avec rien de plus dangereux que les oreillons, et une jeune-fille jolie et gentille portant une coiffe blanche pour prendre soin de vous. Je n’imagine pas une plus belle façon de prendre du repos que cela ».
Bien, je vous dis ce que le soldat a dit : « Les hommes qui n’ont pas été à Verdun n’ont pas encore vu la guerre ». Puis j’ajoute que la vie du 118e ici ressemble à un long pique-nique, et qu’ils font un jeu de leur travail, un jeu de leur utilisation de la grenade qu’ils alternent avec le football, un jeu de leurs randonnées de vingt miles, (1 mile = 1,609 km). Je vous laisse rire de ma façon de voir la guerre, et je rirai même avec vous. Cela me rappelle que je n’ai jamais vu mille ou plus de ces garçons dans la grande plaine en train de jouer à ce qu’ils appellent le football. Je ne demande pas qu’il y ait là des Américains pour leur apprendre le jeu. Tout ce qu’ils font ici consiste à secouer leur manteau, et à lancer le ballon avec un coup de pied aussi loin et aussi haut que possible, et à courir après lui, pendant que les gens, massés sur le bord du champ, crient comme des fous. Ils crient très bien en effet, et ils donnent bien les coups de pied, et ils courent bien. Mais si seulement ils connaissaient le jeu, actifs, agiles, et légers, comme ils sont, ils en tireraient du plaisir et joueraient bien. J’ai eu, peu de temps après l’arrivée du 118e, un des plus beaux frissons que je n’avais pas eu depuis longtemps C’était un après-midi ensoleillé. Je marchais sur la route, quand deux officiers conduisaient leur monture au niveau du tournant qui est juste au-dessus de ma maison. Ils me saluèrent, et me demandèrent si la route menait à Quincy. Je leur dis que la route à droite au pied de la colline, en passant par Voisins, les conduirait à Quincy. Ils me remercièrent, firent tourner leurs chevaux, et se tinrent là. J’attendais de voir ce qui allait arriver. Les petits fait sont intéressants ici. Un moment après l’un d’eux me dit qu’il serait peut-être sage que je marche en dehors de la route qui était étroite, comme le régiment allait venir. Je demandai, naturellement : « Quel régiment ? », et « Pourquoi viennent-ils ? », et il répondit « Le 118e », et que c’était simplement pour « faire une promenade ». Aussi je retournai dans mon jardin et me plaçai sur la haie au bas du tournant, où j’étais au-dessus de la route et pouvais voir dans les deux directions. J’étais à peine arrivée là quand la tête de la ligne s’engagea dans le virage. Par colonnes de quatre, sac au dos, fusil sur leurs épaules, se balançant en une démarche aisée, paraissant tous si bronzés, si hardis, aux yeux si clairs, les hommes qui venaient de Verdun marchaient. J’avais pensé qu’il ferait froid en dépit du soleil, et j’étais bien emmitouflée, avec mes mains enfoncées dans mon gros manchon. Mais ces hommes avaient des perles de sueur sur leurs faces bronzées sous leurs casques d’acier. Avant que la tête de la ligne n’atteigne le tournant dans Voisins, un long sifflement strident retentit. La ligne s’arrêta. Quelqu’un dit : « Enfin ! Mon Dieu, mais cela a été une marche chaude », et en une seconde chaque homme avait glissé son sac par terre, et avait une cigarette dans sa bouche. Presque tous se laissèrent tomber par terre ou s’allongèrent contre le talus. Quelques uns, entreprenants, grimpèrent le talus jusqu’au champ en face de ma pelouse pour jeter un coup d’oeil sur la vue, et ils disaient tous ce que tout le monde dit : « Je dis que c’est ici qu’on a la plus belle vue ». Je me demandais ce qu’ils diraient s’ils pouvaient la voir en été et en automne, s’ils la trouveraient belle sous la brume d’hiver. Mais ce ne fut pas cela qui me donna un frisson. Le repos fut court. Deux coups de sifflet perçants retentirent dans le bas de la colline. Instantanément chacun s’empara de son sac, épaula son fusil, et à cette minute, l’orchestre militaire entonna le « Chant du départ ». Chaque cheveu de ma tête se dressa. C’est la première fois que j’ai entendu un orchestre depuis le début de la guerre, et, comme le régiment descendait la colline sous les flonflons des cuivres, bien, curieusement, il me semblait qu’on n’avait jamais vu quelque chose qui ressemblait aussi peu à la guerre. L’habitude est une chose mortelle. J’ai entendu cet orchestre, qui est magnifique, comme un tel régiment le mérite, de nombreuses fois depuis, mais il n’a jamais touché mon cœur comme il le fit, quand, de façon si inattendue, il a vibré dans l’air cet après-midi ensoleillé. J’ai souvent vu ces longues lignes marchant en silence, comme le firent les Anglais et les Français à la bataille de la Marne, comme tous les régiments précédents lors de leurs allées et venues sur la colline, et jamais entendu un orchestre de musique militaire qui me fit cesser d’associer la musique aux soldats, bien que je savais que l’orchestre jouait lors des batailles, et que les clairons en faisaient partie. Nous avons eu toutes sortes de spectacles militaires qui nous changeaient de l’atmosphère de torpeur, seulement interrompue par le bruit de l’artillerie, dans laquelle nous avons baigné pendant des mois et des mois. Un jour nous avons eu une revue dans la vaste plaine qui s’étend le long de la ligne de partage des eaux entre la Marne et le Grand Morin, qui donne sur les hauteurs de l’autre côté des deux vallées, avec la Grande Route d’un côté, et les murs du parc boisé du beau château de Quincy de l’autre. C’était un spectacle imposant avec des milliers d’hommes portant un casque d’acier, sac au dos, et baïonnette au canon, marchant et contre-marchant sous un soleil froid, ressemblant vus de loin davantage aux troupes de Louis XIII qu’à une évolution de conscrits français des jours de l’Antebellum du pantalon rouge, (1 – Antebellum, mot latin signifiant avant la guerrehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Antebellum
2 – L’uniforme des poilus comportait un pantalon rouge). Deux jours après nous avons eu, dans la même plaine, la plus magnifique prise d’armes que je n’aie jamais vue, beaucoup plus émouvante, bien que moins triste, que la même cérémonie dans la Cour des Invalides que beaucoup d’étrangers ont vue. Aux Invalides on voit les mutilés et les malades. Ici on ne voyait que la gloire. A Paris, les galeries autour de la cour, à l’intérieur des murs de la Maison du Soldat, sont pleines de spectateurs. Ici il n’y a presque personne. Mais là les héros ont reçu leurs décorations en présence des camarades au milieu desquels ils les avaient gagnées dans les terribles batailles de Verdun. Il y avait une longue ligne d’officiers et d’hommes du rang, qui se tenaient, selon les règles, avant le Commandant et son équipe, près des drapeaux du régiment, à l’intérieur de la place, pour avoir leurs médailles et croix attachées à leur manteaux délavés, recevoir leur accolade et les bravos de leurs compagnons comme leurs citations étaient lues. Il y en a eu sept qui ont reçu la Légion d’Honneur. C’était une cérémonie édifiante, et un jour merveilleux, même le soleil brillait sur eux. Il y a eu un épisode amusant. Ces célébrations sont toujours une surprise pour la plus grande partie de la communauté, et dans une petite commune comme celle-ci, c’est seulement par hasard qu’on voit la cérémonie. Les enfants sont toujours à l’école, et le reste des gens au travail. Aussi, à moins que la musique n’attire quelqu’un, il y a peu de spectateurs. Le jour de la prise d’armes il s’est trouvé que trois vieux paysans étaient dans un champ de l’autre côté de la route nationale qui longe la grande plaine sur le plateau. Ils entendirent la musique, abandonnèrent leur travail, et coururent le long de la route attirés comme des badauds. C’étaient tous des hommes autour de quatre-vingts ans, trop vieux pour avoir jamais fait leur service militaire. Evidemment personne ne leur avait jamais dit que tous les Français devaient se découvrir quand le drapeau flottait. Pauvres choses, ils auraient dû le savoir, mais ils ne le savaient pas, et auraient dû voir un Colonel se diriger à cheval vers eux. Je pensais qu’il allait enlever leurs bonnets de laine avec son sabre au risque de les décapiter. Mais j’ai aimé ce qu’il leur a dit : « N’en savez-vous pas assez pour vous découvrir devant le drapeau pour lequel vos concitoyens meurent chaque jour ? » N’est-ce pas beau ? J’ai aimé le démocratique « citoyens », si flatteur et français. Le 7 je levai le drapeau américain pour qu’il flotte aux brises françaises en l’honneur de la rupture. C’était la première fois que le drapeau avait été déployé depuis que le Capitaine Simpson avait ordonné au Caporal de le baisser il y a eu deux ans le 3 septembre dernier. J’eus une curieuse sensation quand je le vis flotter de nouveau au-dessus de la barrière, avec les Allemands encore à quarante-deux miles de l’endroit, et pensai à tout ce qui était arrivé depuis que le petit Caporal du King’s Own Yorks l’avait baissé. (Le King’s Own York est un régiment d’infanterie légère du Yorkshire, avec la forme grammaticale possessive « King’s » la traduction est : « Régiment du Roi »). |
(article vu 4 fois)
Dans milliers de soldats dans la vallée du Grand Morin de Couilly à Crécy, ce devrait être sacré impressionnant, et on a du mal à l’imaginer. Décidément cet ouvrage est un témoignage riche d’informations de cette époque.
de quel foot ball, parlait la dame ?
à mon avis les soldats jouaient au soccer et pas au foot américain, peut être qu’elle ne connaissait pas le ballon rond ?
Je me suis aussi posé la question. Les soldats étaient français; donc ils ne pouvaient pas connaitre le football américain qui devait être la référence de Mildred. Mais jouaient-ils vraiment au football de maintenant ou se contentaient-ils de taper dans le ballon, pour l’envoyer le plus loin possible comme décrit ?
je reconnais bien là votre côté « gamin »; effectivement il ne faut pas rester sur sa fin; il est de son devoir que Florence établisse la vérité; je n’en dors plus 😉
Pendant ce temps là..je vous invite à lire le commentaire de Seb relatif au dernier conseil de CCPC….ELOQUANT 🙁 🙁
Nouvel article sur le blog : « J’ai envie de vous dire… »
Hier soir, conseil communautaire au Pays Créçois. 17 présents sur 49 élus ! Je suis le seul représentant de la ville de Crécy-la-Chapelle. Valérie LYON, Vice-présidente n’a donné de pouvoir à personne… Jean-Claude BRUANDET, conseiller communautaire ne siège plus depuis le mois de mars nul part, toujours sans laisser de pouvoir à personne… Et l’interi-maire de Crécy également absent… Bref, sur 4 voix délibératives, seulement 2 hier soir pour notre ville, pour inscrire pourtant au budget la construction d’un pôle petite enfance d’un montant de 3.665.089.32 TTC !
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L’équipe OverBlog
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:-e)
Pourquoi une réunion en août ? :paf
Je ne peut, et c’est mon rôle, que trouver très inopportun de venir polluer un si bel article sur notre histoire locale par des considérations politiciennes.
Néanmoins, pour revenir au conseil communautaire de ce début aout, en effet pourquoi en aout ? Vu l’ordre du jour limité à un point (au lieu d’une quinzaine habituellement) on peut imaginer une urgence règlementaire non anticipée qui a surpris tout le monde. Et aucune annonce sur le site internet ! Ce en quoi, je suppose que M Chimot a bien représenté Crécy.
A Voulangis, le conseil s’est réuni le 4 aout mais c’était prévu depuis plus d’un mois avec un ordre du jour déjà établi. Résultat : 13 présents sur 19 et 3 excusés représentés.
Et pour poursuivre la disgression, ce sujet de pole petite enfance mérite qu’on en reparle, le cout ayant interpellé beaucoup d’élus.
je ne peuT?????? avec un X peut-être :#
Oui, avec un X
« je reconnais bien là votre côté « gamin »; effectivement il ne faut pas rester sur sa fin; il est de son devoir que Florence établisse la vérité; je n’en dors plus »
Cher Daniel 🙂
Je ne vois pas en quoi on peut parler de « côté gamin », ni de « devoir » de rétablir « la vérité », dans ce contexte. Un texte peut vous faire réfléchir. C’est même recommandé. C’est la raison pour laquelle on peut poster des commentaires qui concernent l’article. José et Jean-Michel ont souligné judicieusement un point intéressant.
un peu d’humour Florence;l e côté gamin c’est celui de nos chers présidents et Vice qui ont raison de se poser la question de foot-ball ou soccer… 😉
Je n’ai rien dit retraitactif sur ce sujet.
Le Président c’est jms
et
Le Vice-Président (en l’occurence la) c’est me 😉
Président : jms
Vice-Présidente : Korie
Trésorier : jna
Secrétaire : Florence