On the edge of the war zone – chapitre 28
CHAPITRE XXVIII
25 novembre 1916
Il pleut. C’est une pluie froide et continue. Je ne me sens pas en humeur d’écrire une lettre. C’est seulement pour vous dire que j’ai assez d’anthracite pour aller jusqu’à la fin de février, que la maison est chaude et confortable, et que je suis contente, à juste titre, d’affronter cette troisième année de guerre sans avoir peur de geler. Cela coûte trente-deux dollars la tonne. Que vous en semble-t-il ? J’ai planté mes bulbes de tulipe, nettoyé le jardin pour l’hiver, et je me suis installée pour vivre à l’intérieur de mes murs, avec mon courage pris à deux mains, et l’espoir que la prochaine offensive de printemps ne sera pas une grande déception. Pendant ce temps j’étais désolée que Franz Josef n’ait pas vécu assez longtemps pour voir la fin de cette guerre, qui est la sienne, et recevoir son châtiment. J’étais désolée pour lui autrefois, quand il semblait que le destin s’acharnait sur les têtes des Habsbourg. J’avais tort. Les coups tuent tout le monde dans la famille sauf le père. La façon dont il se comportait, et le fait qu’il n’ait jamais appris à être bon et sage, prouvent le peu de compassion qu’il méritait. |
Tout indique que l’hiver sera froid. Combien j’envie les animaux hibernants ! Je veux vivre pour voir cela terminé. Mais ce serait agréable de ramper dans un trou, comme un ours, et de dormir confortablement jusqu’à ce que le soleil revienne au printemps, que les graines commencent à germer, que l’armée ne soit plus bloquée par le froid, et puisse bouger. Dans le silence du haut de la colline, avec pour seules occupations, faire la vaisselle, faire le lit, et repriser les bas, il est long le chemin vers le printemps, même si ce dernier est précoce.
Je me suis amusée la semaine dernière à braver la consigne. Je n’avais pas vu un gendarme sur la route pendant des semaines. Je m’étais rendue en voiture à Couilly une ou deux fois, bien que pour ce faire, je dus traverser « la ligne morte ». Là j’avais rencontré le garde-champêtre, et même parlé avec lui, et il n’avait rien dit. Aussi, entendant un jour que mon amie de Voulangis avait une permission pour aller en voiture jusqu’au train à Esbly, et devait revenir à environ 9 H. du matin, je résolus de la rencontrer sur la route, et au moins de voir ce qu’elle recherchait, et de converser avec elle. Je ressentais le désir d’entendre quelqu’un dire : « Hello, vous », juste quelques mots en anglais. Ainsi si vous aviez pu voir la route juste après Couilly, jeudi matin, après 9 H., vous auriez vu une fille du sud dans une haute charrette face à l’est, une vieille dame dans une voiture traînée par un âne à l’ouest, et les deux surveillant la route, tout en bavardant comme des pies, à l’affût d’un éventuel gendarme portant un fusil dans le dos. Tout cela était si drôle que j’étais prise de fou-rire. Nous étions là deux femmes américaines innocentes, inoffensives, parlant de nos affaires de famille, de nos jardins, de notre fuel, de notre santé, et nous conduisant comme des conspiratrices. Nous n’osions pas descendre pour nous embrasser de peur de nous trouver face à une sommation, auquel cas je n’aurais pas pu faire marche arrière et partir assez vite, et nous sommes restées seulement un quart d’heure. Nous aurions pu aussi bien apporter notre déjeuner et passer la journée pour autant que je pouvais voir. Seulement si quelqu’un était passé et nous avait demandé nos papiers il y aurait eu un problème. Cependant nous avions bien ri, et avions décidé que cela ne valait pas la peine de prendre de nouveau un risque. Mais je ne pouvais m’empêcher de me demander comment, avec toute leur paperasserie, ils n’avaient jamais pris un vrai suspect. Vous souvenez-vous que je vous avais parlé, il y a quelque temps, du frère de Louise, Joseph, dans l’artillerie lourde, qui n’avait jamais vu un boche ? Bien, il est de nouveau chez lui pour ses huit jours. Il est venu me voir hier. Je lui ai dit : Il est inutile de commenter ! |
(article vu 21 fois)
« Il est inutile de commenter ! » : non surtout pas, n’écoutez pas, vous êtes bien sûrs invités à commenter.
Jamais Mildred Aldrich n’aurait imaginé d’être un jour publiée sur les brionautes, et d’avoir la possibilité de voir ses écrits commentés !
😉
L’espoir fait vivre jms. Si un jour notre association et par conséquence directe le Site des Brionautes disparaît, là il y aura commentaire(s), du style « oh dommage, j’aimais bien lire les articles, y’en avait pour tous les goûts » et patati et patala.
:=! Bravo Florence pour ton talent.
Merci Corinne, et Jean-Michel également 😀
« il y en a pour tous les gouts » dis tu????? ;certes non et tu le sais très bien; souviens toi d’une certaine période de « motus et bouche cousue » plus ou moins imposée.. 🙁 😮
et même maintenant, alors que rien n’est en pratique interdit, les gouts sont assez peu divers et nombreux :# 😐
« motus et bouche cousue » dis-tu ? Ah oui, je me souviens. Mais c’est fini ce temps-là 😉
Moi je dis ce que j’ai envie de dire.
Si j’ai envie d’écrire sur un sujet grave je le fais, si j’ai envie de légèreté idem (d’ailleurs j’ai écrit une p’tite chose légère qui va paraître bientôt), si j’ai envie de dire que tel politique ne fait rien d’autre que de la politique bah je le dis aussi.
Les gôut son assez peu divers et nombreux dis-tu, bah oui c’est normal : on est peu à écrire.
La liberté ne s’use que lorsque l’on ne s’en sert pas.
Envoyez-nous donc, Daniel, un article d’un genre nouveau. Nous serons très heureux de le lire.
genre nouveau certes non ;si j’avais envie d’écrire un article, ce serait sur l’actualité municipale mais c’est un sujet trop sensible..
Mais tiens je vais tout de même poser une question 😉
avez vous constaté des changements depuis la dernière « vraie élection municipale »; comme par exemple ce qui était prévu au programme et le réalisé (ou en cours) :#
Si la majorité des créçois avait souhaité du changement elle aurait voté pour S Chimot. Lors des dernières élections ils avaient le choix les créçois non ?
Peu à peu certains adjoints partent à la retraite et c’est tant mieux. Renonceront-ils pour autant à leur 850 euro par mois ? Ce serait étonnant.
Laissons du temps à notre nouveau maire, il a la pêche, tout en ayant la maturité suffisante pour le poste et le soucis de bien faire.
D’autres élections auront lieux, les urnes parleront. soit l’actuelle majorité repassera (ce ne serait pas étonnant), soit ce sera Sébastien Chimot soit le ou la leader d’une troisième liste (une nouvelle). On aura bien l’occasion d’en reparler d’ici 5 ans. 😉
« genre nouveau certes non ;si j’avais envie d’écrire un article, ce serait sur l’actualité municipale mais c’est un sujet trop sensible. »
Ainsi, Cher Daniel 😉 vous trouvez plus facile de ne pas aller au charbon. Mais j’ai bien compris que mes traductions, qui me donnent tellement de travail, ne vous intéressent pas. Oh vous avez bien le droit, et je ne prétends pas intéresser tout le monde. Mais j’ai essayé, à plusieurs reprises, concernant les articles que nos amis se donnent la peine d’écrire pour nous faire plaisir, de faire passer un message de bon sens. C’est à désespérer …
Effectivement vos articles « on the edge » ne m’intéressent pas; je pense que vous le saviez depuis longtemps.
😀
La guerre des Titans 😉
La solution quand on n’est pas intéressé par un article c’est de ne pas le lire. Chacun son centre d’intérêt, celui de Florence ne nuit à personne.
La solution quand on n’est pas intéressé par un article c’est de ne pas le lire
« tout à fait Thierry » :=! 😉
Entièrement d’accord 😉 Certes tout le monde ne peut pas être pas intéressé par ce document. Mais il est impossible que personne ne le soit. En tant qu’association dont le but est de promouvoir les informations et la culture locales, nous nous devons, comme toute association d’ailleurs, d’avoir des démarches citoyennes et solidaires. Nous célébrons le Centenaire de la Grande Guerre. On parle beaucoup de devoir de mémoire. Il y avait un témoignage qui n’était pas à la portée de certains parce qu’écrit en anglais, il est normal, la chose étant possible, de le rendre accessible à tous.
D’accord avec toi Florence. 😉
Oui, c’est une oeuvre méconnue qui méritait d’être portée à la connaissance du public, surtout s’agissant d’un témoignage sur la vie locale. Je connais des gens qui chaque semaine attendent impatiemment le prochain épisode.
Je fais justement partie de ceux qui lisent avec beaucoup d’interet les articles de Florence.
Encore merci Florence pour ce super boulot !
:-d)
Merci mes amis 😀