On the edge of the war zone – chapitre 25
CHAPITRE XXV
16 juin 1916
Vous pouvez imaginer combien éprouvant et hors de saison est le temps, quand je vous dis que non seulement j’avais hier un feu chez moi, mais que je me suis couchée avec une bouillotte. Imaginez ! Je n’ai jusqu’ici pu manger dehors qu’une fois. Ce n’est pas une lettre, juste un mot, de peur que vous ne vous inquiétiez si vous n’apprenez pas que je vais bien. J’observe avec trop d’anxiété ces dents de scie avec l’armée allemande, à seulement quatre miles de la ville, à la fin du quatrième mois, pour parler de moi, et ne suis pas en état d’écrire au sujet de choses que vous savez. Sans être désespéré on s’enferre dans son mutisme. Pour ajouter à nos anxiétés les récoltes ne vont pas être bonnes. Le temps a été continuellement humide au moment des semis, si froid, et il y a eu tellement peu de soleil, que les pommes de terre sont déjà en train de pourrir dans les champs, et la récolte sera maigre. En particulier le blé qui a été planté l’automne dernier est assez bien, mais, comme je vous l’ai dit, après la tempête que nous avons eue il n’y aura pas de fruits. Quand je dis qu’il n’y en aura pas, je veux dire qu’il n’y en aura absolument pas. Je n’ai pas une cerise. Louise a compté six prunes sur mes huit arbres, j’ai juste quatre poires et pas une seule pomme. Le grand verger de Père est dans le même état. De plus à cause de la terrible humidité, la terre est tout le temps mouillée. Les limaces mangent toutes les salades, gâtent toutes les fraises, et mâchent toutes les jeunes pousses qui percent sur la terre, et cela malgré un très dur travail de ma part. De bonne heure chaque matin, et chaque soir au coucher du soleil, j’ai une heure de dur travail, dur et répugnant. Je les extraie avec des pinces et je les plonge dans l’eau bouillante. Ainsi, vous le voyez, toutes les sortes de guerres arrivent au même moment. En quoi est-ce bien de souhaiter une mauvaise récolte en Allemagne quand nous l’avons en même temps ? Cependant je suppose que vous aux Etats-Unis pouvez nous aider, et l’Angleterre l’a rudement bien fait, de telle sorte que personne ne peut facilement aider l’Allemagne. (J’ajouterai, à la suite de ce dernier paragraphe, que Mildred Aldrich a été décorée dans l’Ordre de la Légion d’Honneur en 1922, pour avoir favorisé l’engagement des Etats-Unis aux côtés de l’Angleterre et de la France lors de la Première Guerre Mondiale, cf. Wikipedia). |
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