On the edge of the war zone – chapitre 9
CHAPITRE IX
21 Janvier 1915
J’ai essayé de me trouver en humeur d’écrire pendant tout ce mois, mais quoi, avec le temps changeant, une visite à Paris, et le choc de la terrible bataille de Soissons, si près de nous, je n’en ai pas eu le courage. C’est pareil, j’avoue franchement que cela ne s’est pas passé aussi mal que je m’y attendais. Je commence à penser que les choses ne se passent jamais aussi mal qu’on s’y attend. Savez-vous que ce n’est que tout récemment que j’ai eu un passeport pour mon propre pays ? Je n’en avais jamais eu besoin. Personne ici ne m’en a jamais demandé. C’est seulement quand j’étais à Paris, il y a une semaine, qu’une personne amie de mes compatriotes s’est alarmée à l’idée qu’en cas d’accident je n’avais pas de réelle protection américaine. Je me suis rendue à l’ambassade pour la première fois de ma vie, en ai demandé un, et ai prêté sérieusement serment d’allégeance. Je l’ai prêté si sérieusement que j’ai pris vraiment conscience de la négligence, que nous qui vivons loin de notre pays, avons concernant de telles choses. |
Je sais qu’il y a longtemps, la première fois que je quittais les Etats-Unis, il fut suggéré qu’un tel document pouvait être utile comme identification. Je fis ma demande, et il fut envoyé après moi à Rome. J’aurais dû prêter serment à cette époque. Mais c’était en temps de paix, et je n’y ai pas pensé. Mais cette fois j’ai ressenti un gros choc dans ma gorge, regardé le drapeau américain au-dessus du bureau, et me suis sentie plus américaine que je ne m’étais jamais sentie de ma vie. Cela m’a coûté deux dollars, et j’ai ressenti que l’émotion valait bien cette somme, même à un taux de change élevé.
Je n’ai pratiquement rien fait à Paris, sauf me rendre à un ou deux des hôpitaux où j’avais des amis au travail. Paris est pratiquement normal. Beaucoup d’américains qui l’avaient fui en septembre pour se réfugier à Bordeaux ou à Londres sont revenus. Les rues sont plus vivantes, et la ville s’est installée pour vivre dans une apparence de calme à défaut de gaieté. Je ne l’aurais pas cru possible en moins de cinq mois, et les choses n’allant pas trop bien sur le front. A mon retour j’ai trouvé enfin notre ambulance ouverte. C’est seulement un petit hôpital, et très pauvre. Il est installé dans la salle de récréation, (en français dans le texte), de la commune, qui est à côté de l’église et en face de la mairie, adossée contre le mur du parc du Château de Quincy. C’est réellement une branche de l’hôpital militaire de Meaux, et il est placé sous le patronage de l’occupant du Château de Quincy, qui assure la fourniture des articles de première nécessité que ne peut pas couvrir la subvention gouvernementale de 2 francs par lit et par jour. Il y a vingt huit lits. La plupart des lits et de la literie ont été donnés par les habitants de la commune. Le tambour de ville s’est déplacé, battant son tambour, et faisant sa demande aux carrefours, et chaque personne qui pouvait donner un lit, un matelas, ou une couverture, a apporté sa contribution dans la salle. La femme du maire est la directrice. Le médecin de Crécy en Brie soigne les soldats, avec l’assistance de Soeur Jules et de Soeur Marie qui sont en charge du dispensaire de la ville, et de quatre jeunes filles de la Société de la Croix-Rouge habitant dans la commune. L’installation est d’une simplicité pathétique, mais la pièce est large et confortable, avec quatre rangs de lits, et des lits supplémentaires à l’étage. Elle est chauffée par un gros poêle. Naturellement il y a plus de malades et de blessées légers que de cas sérieux, mais les garçons semblent très heureux et sont soignés affectueusement. Il y a une petite cour pour les convalescents, et au printemps ils pourront profiter du parc. Environ le 12 de ce mois nous avons eu pendant deux jours la pire canonnade depuis octobre. C’était très éprouvant. Je me tenais des heures sur la pelouse à l’écouter. Mais nous avons appris récemment qu’il y avait eu une terrible bataille à Soissons, juste à environ 60 kilomètres de nous. Les avis sont partagés sur le point de savoir à quelle distance nous pouvons entendre les gros canons, mais un officier du train m’a assuré l’autre jour qu’ils pouvaient être entendus, s’ils se trouvaient dans le sens du vent, à environ 100 kilomètres, c’est à dire 80 miles. Vous pouvez donc juger de ce qu’il en était ici, au haut de la colline, la moitié de cette distance par la route, et considérablement moins en ligne directe. Notre communiqué officiel, comme d’habitude, ne nous a pas donné de détails, mais l’un des garçons de notre ville a été blessé, et est dans une ambulance proche où il a été vu par sa mère. Elle a rapporté que c’était, comme il le disait « un massacre sanglant dans un combat à mains nues ». Mais naturellement jusqu’ici rien n’a été comparable à ce que les anglais ont vécu à Ypres. Le peu qui nous parvient lentement n’attriste notre cœur que pour qu’il rebondisse avec la gloire. La nature humaine est magnifique, et le blocage de l’entrée à Calais par les anglais sera en définitive, je l’imagine, un des faits épiques, non pas de cette seule guerre mais de toute guerre. Les anglais ont formé comme un ruban, qu’on appelle la ligne rouge, pour arrêter les hordes allemandes, et ils y sont parvenus. Cela semble presque une pitié qu’à ce jour les choses soient restées si secrètes. On m’a dit la semaine dernière à Paris, que Londres n’avait pas encore pris conscience que son armée de volontaires avait réalisé un merveilleux exploit, un exploit qui plonge dans l’hombre toutes les défenses héroïques chantées dans les anciens temps. Heureusement ces exploits ne se terniront pas avec les années. En amont l’affaire de Soissons a eu le résultat suivant : La retraite des français causée par la crue de l’Aisne qui a emporté les ponts aussi vite que les ingénieurs pouvaient les construire, et coupé les moyens des français, même au niveau des hôpitaux de campagne. Le rapport dit que les hommes restés de l’autre côté de la rivière sans munitions, combattaient à la fin avec la crosse de leurs fusils cassés, et en dernier lieu avec leurs poignets. Naturellement cela nous ramène à ces hauts cris concernant le manque de préparation et le manque de munitions. Ce sont des hurlements aujourd’hui, depuis que la seule nation au monde prête pour la guerre, est la nation qui l’a planifiée et commencée. Même ce désastre, et personne ne peut nier que cela en soit un, ne décourage pas ce peuple merveilleux. Ils voient toujours deux choses, les allemands ne sont pas allés à Paris, et pas davantage à Calais, aussi, malgré leurs réels faits d’armes, on ne peut pas les nier, une tentative doit être jugée à l’aune de ses buts, et, de ce point de vue, les allemands ont, jusque là, échoué. Heureusement le peuple français est assez grand pour voir cela et s’armer de courage. Dieu sait qu’il en a besoin, et y pourvoit. N’imaginez pas que je sois un peu découragée. Je ne le suis pas. J’ai froid. Mais quand je pense au manque de confort des tranchées creusées dans la hâte, que pèse le fait que j’aie froid dans une maison ? Juste un inconfort consécutif à la guerre, et qui semble jour après jour moins important. Mais, Oh la monotonie et l’ennui de tout cela ! Vous étonnez-vous que je veuille hiberner ? |
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