Villeneuve le Comte – une paroisse au XVIIIème siècle

Profitant de l’actualité de Villeuve Le Comte (voir :  KING ARTHUR – A Villeneuve – Dimanche 22 juin ), nous remettons en Une, un article publié en septembre 2011. Il présente un excellent ouvrage d’histoire locale où il est justement question de l’église de Villeneuve …mais beaucoup moins du Roi Arthur, il faut le dire. 

En juillet 2011 j’ai eu le plaisir de faire la connaissance d’ Alain PELGAS, Président de la Société Vilcomtoise d’Histoire. C’est un lecteur assidu des "Brionautes". Il s’intéresse notamment à nos articles à connotation historique et cet intérêt de la part d’un ami de l’histoire, est pour nous, la preuve du sérieux de nos publications.
Alain est effectivement un passionné d’histoire, d’histoire locale en particulier.  

Alain Pelgas est plus qu’un "érudit". Car au-delà de la "connaissance", sa motivation est celle du chercheur, toujours en quête de compréhension, d’explications, de vérifications, de références qu’il va extraire des rayonnages les plus reculés de nos archives départementales ou diocésaines … il n’est pas de ceux qui prennent tout ce qui a été écrit pour argent comptant … 

Alain Pelgas a publié aux Editions FIACRE,  son second ouvrage historique sur Villeneuve le Comte présenté à l’occasion des journées du patrimoine de septembre 2011.

Sur la page de couverture, le nom de l’historien vilcomtois est tenu en retrait, laissant au premier plan celui de l’auteur du manuscrit qui est au centre du livre intitulé : Villeneuve-le-Comte, une paroisse au XVIIème siècle par  Denis Boutinot. 

Mais qui est donc Denis Boutinot ?

C’est un ancien curé de Villeneuve, ancien Doyen de Crécy en Brie, qui à la fin de sa vie, à l’aube de la révolution française a rédigé un coutumier destiné à mettre noir sur blanc, à l’attention de son successeur, les rôles, fonctions, devoirs, charges, revenus, droits, … du curé de la paroisse : un passage de relai anticipé, en quelque sorte.
Pour évoquer le contenu de l’ouvrage je vous propose un extrait de la préface rédigée par Nathalie Ensergueix responsable des Archives historiques du diocèse de Meaux.

« La société Vilcomtoise d’Histoire et les Editions Fiacre ont pris l’initiative de publier un document manuscrit dans son intégralité, le coutumier à l’usage des curés et gros décimateurs de Villeneuve le Comte, conservé aux archives départementales dans le fonds des érudits (Collection Leblondel) . L’auteur et curé de la paroisse, Denis Boutinot, écrit en 1773 dans les dernières années de sa vie. Plus qu’un"code à l’usage" de ses successeurs, comme il l’intitule, ce document est le témoignage de la vie difficile d’un curé de campagne, sous l’ancien régime, consacrée à l’élévation des âmes de ses paroissiens ainsi qu’à l’entretien matériel de la paroisse. […] Certaines expressions de l’auteur laissent poindre une inquiétude sur un avenir qui ne lui appartient déjà plus dans un monde en pleine mutation. Nous sommes à la veille de la révolution. »

Le travail d’Alain a consisté – dans un premier temps – à déchiffrer le manuscrit, un travail de bénédictin et qui réclame une bonne expérience dans l’art de décoder l’ancien françois et l’écriture de Boutinot !
Dans la première partie de l’ouvrage l’auteur nous fournit quelques clefs utiles à la compréhension du texte original : des informations sur Villeneuve à la fin du XVIII, sur le curé auteur du manuscrit, sa famille, l’organisation de la société rurale.

Le curé avait en charge l’élévation des âmes certes, mais il se devait aussi d’être un bon gestionnaire en tant que gros décimateur, c’est-à-dire percepteur de la fameuse dîme. Il devait veiller à l’utilisation judicieuse du produit de l’impôt notamment pour entretenir, le chœur de l’église dont il avait la charge.

A la lecture des nombreuses recommandations édictées par Boutinot, j’ai le sentiment qu’il n’était pas vraiment du genre "bon vivant" et "rigolo" : j’en veux pour preuve l’extrait suivant :
21. un curé doit empêcher de tout son pouvoir les veilleries (veillées) où se couvent et se concertent les amans criminels, […]
22. Item s’opposer autant que possible aux danses profanes des jours de feste et du dimanche, si on les fait surtout aux heures des offices, requérir l’autorité de la justice pour obvier à ce mal. Hors les temps des offices, si elles se font, tacher par la voye d’instruction, de remontrance, de contrarier cet usage.

Des recommandations de cette facture, il y en a beaucoup d’autres. Même la relation entre médecin, église et malade agonisant est codifiée : pas question pour le médecin de continuer à soigner un homme qui refuserait l’extrême-onction après la deuxième visite du carabin assortie d’un diagnostic pessimiste quant à l’issue d’une mauvaise fièvre. 

En résumé ce livre est fort intéressant pour la compréhension de la société rurale à la fin de l’ancien régime. Une face sérieuse côté et une face distrayante, car le système de pensée du curé Boutinot nous donne bien des occasion de sourire aujourd’hui.

Si ce livre vous intéresse, connectez-vous au site des Edition Fiacre : http://www.editions-fiacre.fr/

Et la découverte de ce site constitue également une bonne surprise. J’invite les amateurs d’histoire locale à jeter un œil sur le site de cette petite maison d’édition qui propose des ouvrages consacrés pour la plupart, à la Seine-et-Marne. 

Bonne lecture

jna

Editions Fiacre
10, rue de Saint-Fiacre
77400 Montceaux-lès-Meaux
Téléphone : 01 64 35 72 75