La fin du canton de Crécy

Cette semaine, dans La Marne et dans le Pays Briard, vous pourrez lire le même article sur le futur découpage des cantons de la seine-et-marne.
Quand je dis le même article, c’est effectivement, les mêmes questions et les mêmes réponses, à la virgule près, questions posées à Vincent Eblé, Président du Conseil Général dans un article que l’on pourrait qualifier de publi-reportage destiné à "vendre" la réforme des élections cantonales.
Si vous avez le choix entre les 2 journaux, préférez le Pays Briard : la carte est plus grande et surtout on trouve la liste des communes des 4 cantons du secteur.
Analyse contradictoire et décorticage dans la suite …

Il convient tout d’abord de rappeler le contexte. La nouvelle loi électorale votée en avril 2013 prévoie pour les élections cantonales une parité totale des représentants des cantons au conseil général.
Pour cela on n’élira pas une personne, mais un duo, composé d’un homme et d’une femme. Pour ne pas augmenter le nombre de conseillers, il y aura redécoupage des cantons pour en gros en diviser le nombre par deux.
Le redécoupage s’est employé à faire en sorte que chaque canton ait une population à peu près équivalente, dans une fourchette de 20% par rapport à la moyenne.
Dans l’ancien découpage, on était loin de ces proportions, le canton étant essentiellement un territoire issu des découpages hérités du XIX ème siècle.
Les accroissements de population autour des grandes villes avaient donné lieu à la création de nouveaux cantons pour mieux tenir compte de ces nouvelles populations.
Dans le nouveau découpage, tout est remis à plat avec comme point de départ les contours des intercommunalités quand c’est possible.
Parité et équité sont en résumé les arguments mis en avant par M Eblé pour soutenir ce découpage qui est encore au stage de projet (vote du conseil général prévu le 13 janvier).
Aux questions sur l’impact politique du découpage, M Eblé précise qu’il y a égalité de cantons droite-gauche en se basant sur une simulation de la dernière présidentielle.

Maintenant sur le détail du canton de Crécy, ou plutôt de l’ex-canton de Crécy car il s’intitule désormais "canton de Serris", sa composition reprend celle du Pays Créçois auquel on ajoute les communes de Serris, Bailly, Coupvray, Magny-le-Hongre et Chessy, autrement dit le secteur 4 de Marne-la-Vallée.
Est-ce une manière de raccrocher le pays créçois à la ville nouvelle et d’accélerer ainsi son absorption avec toutes les dégradations urbanistiques que l’on imagine, on peut hélas le craindre.

Jusque il n’y a pas si longtemps le Pays Créçois avait pour territoire le canton de Crécy moins 4 communes, les plus urbanisées. Le pays créçois s’est agrandi en intégrant ces communes pour rejoindre le territoire du canton. Et voila qu’à peine un an plus tard on agrandi le canton avec 5 communes encore plus urbanisées que les 4 précédentes.
On peut craindre à nouveau un ajustement du territoire sur celui du canton et on sera définitivement en banlieue. Comment résister ?

Sur la loi elle-même, il y eut des discussions très animées sur le sujet au parlement. A la parité imposée par la loi, les opposants mettaient en avant le côté artificiel de ce montage.
L’équité en nombre de population est au détriment de la représentativité des territoires. Au désir, fort légitime de vouloir représenter de la même manière chaque habitant, est mis en opposition la dévalorisation du monde rural, ce qui accentura encore l’exode rural au même titre que le désengagement des services publics dans les petits villages.
Des arguments que les gens des villes ont du mal à comprendre mais que tous les ruraux ressentent au fond de leurs tripes.

Un petit exemple révélateur du problème : nous avons des amis qui habitent Changaï (un couple franco-chinois), c’était avant l’agrandissement du pays créçois, à l’époque où il comprenait 20 000 habitants. Evoquant ce fait avec eux, ils répondirent : mais c’est la population de notre résidence !
Peut-on vraiment comparer 2 territoires, un rural et un autre urbain à l’extrême ?
Est-ce que deux territoires de même population ont la même somme de problèmes et de sujets à traiter ?
Entre un territoire rural, ses villages, ses champs, ses forêts, son réseau de routes, son histoire et son patrimoine pour ne citer que ces éléments, n’y a-t-il pas plus de quoi occuper un conseiller général que dans une ville nouvelle composée d’un quartier de quelques hectares sortis à peine de terre.
Je suis bien d’accord que dans les 2 cas il y a des hommes, dans leur diversité, leurs occupations professionelles, associatives, personnelles, des réseaux de toutes natures, …
Mais avouez qu’on ne peut pas tenir compte du seul facteur population.

Combat pour la ruralité, combat d’arrière garde peut-être mais qui mérite encore d’être rappelé face au politiquement correct des puli-reportages de nos journaux locaux.

Illustration : la Place Ariane à Serris, nouveau chef-lieu du canton.(source Wikipedia)

La liste des cantons de seine-et-marne (source Le Parisien)