Méoussédon cette église ?
A travers cette matrice de gravure sur cuivre, je vous propose deredécouvrir un des nombreux points de vues pittoresques du pays créçois.
Cette matrice n’est pas signée, mais il est certain que son auteur a parléde notre coin en ces termes : – « Quant à moi, je suis toujours resté fidèle à cette vallée sipurement française et j’y reviens presque chaque année depuis plus de trenteans, pour peindre, dessiner et graver dans cette belle campagne que peuplentmoulins, bâtiments de fermes, églises gothiques paysannes qui ont su gardertoute leur poésie et toute leur pureté. » |
Cette matrice a produit des « eaux-fortes». Une« eau-forte », reste l’œuvre à part entière d’un artiste car il n’enexiste que des exemplaires limités, et le plus souvent numérotés. C’est un desprocédés utilisés dans la gravure. L’artiste applique un vernis protecteur surune face du cuivre, dessine avec un outil ou « pointe » qui forme dessillons sur le métal, et plonge la plaque dans un bain d’acide. Les endroitsdécouverts par la pointe sont attaqués ou « mordus » plus ou moinsprofondément suivant les temps d’immersion dans le bain. Puis le vernis estdissout. La matrice passe ensuite dansune presse après application de l’encre sur la plaque qui restera présente dansles sillons. Si l’artiste en limite le nombre, c’est qu’au bout d’un certainnombre de tirages, les sillons sont bouchés par l’encre. Suivant le nombred’exemplaires, tous numérotés, l’artiste en produisait 10% de plus pour sonpropre besoin sous forme « d’épreuve d’artiste». Ces épreuves ne sont,elles, pas numérotées mais il y figure la mention EA pour le signifier, voireAP pour « Artist Proof » en anglais dans le texte.
Ensuite, une fois reproduite, la matrice est rayée parl’artiste, pour garantir l’authenticité des eaux-fortes donc celle des œuvresproduites. Il est possible de trouver des épreuves réalisées d’aprèsdes matrices qui ont été rayées. Ces épreuves dites « hors-commerce »n’ont alors plus aucune valeur commerciale et sont un témoignage del’annulation du tirage (les rayures étant la preuve que les estampes ne doiventplus être dupliquées), d’autant qu’elles sont parfois réalisées sans leconsentement de l’artiste. Généralement, la gravure sur cuivre s’effectue en effet« miroir » pour que l’eau-forte soit dans le bon sens. Ici, l’artisteen question s’est contenté de reproduire ce qu’il voyait… et du coup leseaux-fortes issues de cette matrice sont à l’envers… Il y a peu, je n’avais que des hypothèses. Mes investigationsont abouti à André Dunoyer de Ségonzac, car selon moi ça ressemble fort à soncoup de crayon, parce qu’il venait régulièrement dans le coin, parce que desépreuves « hors-commerce » rayées de la sorte sont mises en ventesans scrupules sur le net. Epreuve rayée ou hors-commerce d’André Dunoyer de Ségonzac En plus, Dunoyer de Segonzac était coutumier du fait deproduire des eaux- fortes à l’envers. Je pense par exemple à l’église Saint-Georges de Crécy. Epreuve originale numérotée versus reproduction del’estampe dans le livre « Crécy en Brie et la Vallée duGrand Morin »… Alors ?
Monsieur Philippe Vidal, conservateur du musée AndréDunoyer de Segonzac, à qui j’ai exposé mes déductions a confirmé que cetartiste était coutumier du fait de graver à l’endroit et reproduire à l’envers,comme pour cette matrice. Monsieur Vidal a bien connu l’auteur, qu’il a côtoyédans sa jeunesse artistique. Voici maintenant l’envers de la plaque, Avec la mention« face un » en haut à gauche et le chiffre 59. Est-ce le nombred’exemplaires tirés, épreuves d’artistes incluses ou bien la date de lagravure ? Si vous souhaitez vous documenter ou découvrir d’autres œuvres, vous pouvezvous rendre au musée-bibliothèque André Dunoyer de Ségonzac installé à Boussy-Saint-Antoine,dans sa maison et sa ville natales, ouvert du mardi au samedi (sauf lejeudi !) de 15h à 18h. Je tiens d’ailleurs à remercier Monsieur Vidal et les sympathiques etaimables bénévoles qui m’ont aidé dans cette recherche. Il faut aussi que je remercie les panneaux de la Vallée des Peintres etleurs auteurs, qui m’ont permis de confirmer définitivement l’origine de cettematrice. Mais au fait… Méoussédon cetteéglise ? Sources : – PhilippeVidal, conservateur, et les bénévoles du musée-bibliothèque André Dunoyer deSégonzac de Boussy-Saint-Antoine La solution : |
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il me semble reconnaître l’église de coutevroult avec son clocher 4 pans et son entrée en « chapeau » assez caractéristique.
Mais il y en a peut etre d’autres comme ça.
Pour recherche, s’il s’agit bien d’une église du pays créçois, je vous invite à aller sur le site de l’office du tourisme il y a une galerie de photos que j’avais complétée il y a 2 ans.
Il y manque encore les nouvelles communes comme Couilly, à alimenter par les intéressés ou par d’autres …
:-d) Bravo à Jlv qui a l’oeil !
C’est bien l’église Saint Jean-Baptiste de Coutevroult, gravée par André Dunoyer de Ségonzac.
Des photos suivent pour confirmer l’endroit.
Si j’ai acheté cette matrice il y a quelques semaines, c’est parce que j’avais reconnu l’endroit, mais je n’étais pas sûr de mon coup quant à son auteur.
J’ai fait des recherches, demandé à Jean-Jacques s’il avait des infos sur Coutevroult, contacté le musée pour leur exposer mes théories, car je ne trouvais nulle part l’épreuve qui aurait pu en être tirée.
En préparant l’article, je me suis dit qu’une photo actuelle permettrait de mieux se rendre compte et là, oh surprise ! je tombe sur le panneau de la Vallée des Peintres, avec la gravure en question et l’église de Coutevroult… à l’envers bien sûr !
Merci aux concepteurs de ces panneaux, passionnés membres de l’OT si je ne m’abuse, qui ont réussi entre autres à mettre la main sur cette gravure et qui ont fait du super boulot.
Jms, belles photos ! 😉
merci Indiana pour ces informations et cet article qui fait honneur a l’esprit des brionautes
a propos des tirages à l’envers, cela veut-il dire que les dessinateurs etaient un peu paresseux et cherchaient a se simplifier la tache.
:-d)
Cependant les Brionautes s’intéressent à beaucoup de choses et pas seulement à l’art.
C’est pas tant une histoire d’art, mais plutôt de patrimoine…
Or il se trouve que depuis l’aube des temps, ce sont les écrits qui restent. Sous des formes diverses et variées, peintures (rupestres, aborigènes, mais il y en a pas trop par ici !), livres, gravures.
Et je ne parle pas des pièces de monnaie, décorations, ornements vestimentaires, armes, outils qui pullulent sous nos pieds et nous éclairent sur la vie passée de la cité.
Il n’y a pas de lobbying artistique ou antiquaire de ma part, mais un devoir de mémoire envers ces objets ou images, témoins de notre passé.
Parfois, grâce à ces artistes, on retrouve des lieux oubliés comme François-Richard de Montholon avec la roche de Serbonne, ou ce peintre anonyme et les prairies de la Chapelle, qu’on ne verra jamais plus hormis sur des cartes postales anciennes.
Et parler de notre région en ces termes, ça donnera peut-être l’envie à certains d’y venir, et ça c’est bon pour le tourisme.
On peut avoir du talent mais être néanmoins feignant, effectivement… 😎
Concernant Dunoyer de Ségonzac, toutes ses productions étaient faites « sur le motif », d’après nature. Que ce soit en peinture, en dessin ou comme ici, en gravure. Ceci m’a été confirmé par Mr Vidal, conservateur du musée et artiste référencé qui l’a cotoyé dans sa jeunesse, et c’est aussi mentionné sur le panneau de la Vallée des Peintres. En gros, c’est la vie en extérieur, l’authenticité naturelle qu’il aimait et qui de surcroît l’inspirait.