Permis de recherche d’hydrocarbure, le retour

georges dit :

voyez-vous, jna, je crois qu’en évoquant l’attitude « égoïste », vous touchez au coeur du sujet du vrai débat.
Vous avez raison, et vous pressentez sans doute, comme nous tous, que nous n’échapperons pas à l’inéluctable…
Nous sommes tous nés, et ceux qui continuent de naître également, dans une période de l’humanité dominée par un certain nombre de « choix », -en réalité non choisis-, qui déterminent nos habitudes de vie, et finalement les conséquences de celles-ci.
De la très prometteuse notion de progrès, induite par la découverte, l’exploitation et les applications du pétrole, nous sommes parvenus, sans plus nous poser de questions, à la réalisation de l’indispensable, mais aussi, profusion aidant, à l’usage intensif en tous genres dont l’utilité, justement, est parfois discutable. ( je pense au développement plus qu’excessif du tourisme par avion, par exemple ).

Or, toute chose en ce monde est soumise à l’usure, au vieillissement, à la disparition…

Aujourd’hui, on assiste à une grande anxiété générale, relative à la sensation de manque : nous savons que nous allons tous subir un jour ou l’autre le post-progrès, la régression de cette époque faste.
En attendant, nous créons toutes sortes de transitions en vue de retarder l’échéance. Et partant, après avoir bien exploité le pétrole au loin, -non sans manigances et autres guerres opportunistes-, il nous faudra bien envisager de nous rabattre sur nos propres terrains, puisque nous avons tous tout fait (sciemment ou pas), pour engraisser cet engrenage fatal de dépendance et d’interdépendance folles!
Tout cela me fait penser à ce couple de lapins malencontreusement introduit, avec toutes les bonnes intentions du monde, quelque part entre Nouvelle Zélande et Australie. L’épisode est connu : ces adorables bêtes se sont multipliées, tout en se nourrissant évidemment de tous les végétaux trouvés sur place, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à manger du tout. La place s’est changée en désert mortel pour ceux qui ont vite crevé de faim (les plus faibles), et pour ceux qui sont devenus carnivores, canibales donc (les plus coriaces) n’ayant ce faisant, que retardé leur cruel destin…

Il me semble que nous ne valons pas mieux que ces bêtes, dont l’opacité mentale par nature interdit toute projection dans le futur, dans le sens de la gestion des ressources et de la notion de durable.

Evidemment, chacun pense « égoïstement » à sauver sa propre peau, là tout de suite dans l’immédiat, ou même pour la durée estimée de sa propre vie.
Pour l’instant, nous vivons en fait une transition dans la transition : nous débattons de savoir s’il y aurait peut-être encore moyen de trouver notre « came » (notre drogue!) Ailleurs! Mais nous connaissons déjà la réponse : Oui mais Non!!
Et nous savons aussi que le pire est à venir : toutes les forêts pourraient bien y passer, et on trouvera encore d’autres moyens de se procurer du Pétrole par tous les moyens.
A présent, nous nous insurgeons, individuellement ou même collectivement, à l’idée de sentir si près l’odeur de l’or noir. Mais face à tout ce qui est installé depuis si longtemps, nous ne résistons que provisoirement, et nous serons tout de même bien forcés de subir la provisoire solution, tout en espérant que nous ne souffrirons pas, nous-mêmes trop, de la pénurie…
Mais qu’en est-il de nos descendants?
Nous leur laissons la responsabilité, l’honneur, la chance (!) de Trouver La Solution, vite fait, pour tout résoudre immédiatement, pour eux-mêmes ! Et nous leur laissons découvrir le legs considérable de nos poubelles ainsi que les conséquences diverses de nos ravages, de nos carnages et de nos dévastations bien entamés sur l’environnement.

Avez-vous déjà calculé votre propre « empreinte écologique » ? Les Etats-Unis consomment actuellement l’équivalent de 7 planètes, et la France, environ 3 voire davantage…

– Dans le style « égoïste » ou opportuniste, ça va souvent ensemble, certains sont même capables de devenir tout à coup « écologistes »… mais… cela pourrait bien menacer, tout à coup aussi, certains autres intérêts! Ainsi, dans certain coin (cité plus haut par RA), apparemment le calcul a été vite fait… On n’en parle même plus ! De là à imaginer qu’on se débrouille pour éviter à tout prix que les prochaines élections soient comme parasitées par des verts gêneurs… (pigé?) –

De toute cette histoire, on peut dire : il valait mieux prévenir, car on ne pourra pas guérir…
Cependant, je reste persuadé que réfléchir, choisir et agir individuellement, sans se préoccuper d’étiquettes, de calicots ou de cartes de parti quelconque, est efficace : l’addition de petites actions multiplie leurs effets.
Chaque jour je me rends compte que l’obtention d’un objectif doit plutôt résider dans la réalisation du cheminement (vers ce but).

georges dit :

A mon simple avis, jna, le commentaire de Clio n’est pas « négatif » : au contraire, je l’interprète comme l’expression d’un espoir enthousiaste, certes traduit en termes ironiques qui peuvent paraître ambigüs à première vue.
En effet, je le trouve avant tout souligner la découverte alternative, (enfin possible?!), à ce perpétuel réflexe atavique « carnassier » de l’Homme, qui se persuade, par habitude ou par tradition, que sa survie ne peut nécéssairement passer que par l’ingestion d’autres êtres mis à mort pour lui.

Votre propre réaction à la découverte de la réalité pure de ce qui s’est véritablement passé avant et pour qu’il y ait un steak, une tranche de jambon ou une cuisse de poulet dans votre assiette, montre que vous avez éprouvé un moment de vertige et de malaise.
Ce n’est pas la première fois que sont dévoilées les conditions d’abattage « inhumaines » de ces animaux censés nous fournir la quintessence de leur force vitale par leur chair, leur sang, etc.
D’aucuns ont dénoncé les « toxines de stress » émises dans leurs organismes soumis à toute la procédure les menant à l’issue fatale, depuis les interminables transports où les bêtes sont entassées, jusqu’au dernier instant où elles pressentent leur destin en voyant ou en entendant leurs congénères précédents…
D’autres ont comparé ces conditions de mise à mort industrielle, induites et acceptées les yeux fermés par notre société, à des méthodes de suppression en masse innommables dont nous ne pouvons digérer le souvenir, datant de la dernière guerre…
Certains se révoltent à l’idée qu’il faille produire dix protéines végétales pour obtenir une protéine animale, ce qui revient à dire qu’on donne des céréales qui nourriraient 15000 personnes à un boeuf qui en nourrit 1500… Sans parler de tout le Pétrole qu’il faut consommer (250kg pour un kg de viande de boeuf, si mes souvenirs sont exacts) !
D’autres encore, ou les mêmes, se demandent qu’est ce qui justifie toute cette souffrance, même si elle était bio, même si elle a bon goût , même si elle est « limitée », même si elle est kasher, halal, traditionnelle, gastronomique, festive, conviviale etc, etc…

Alors, transformés par une « prise de conscience » de ces problèmes, certains ont un peu changé leur mode de vie en excluant la viande, et souvent le poisson aussi, de leur alimentation. Très peu d’entre eux se souviennent avec nostalgie du goût de la chair rôtie… Il leur suffit de passer dans le rayon boucherie-charcuterie d’un supermarché pour « imaginer » derrière chaque portion emballée un animal tout entier… Et il existe une telle variété de nourritures alternatives à profusion!
Mais cette démarche reste individuelle et découle d’une décision privée, éminemment personnelle.

L’intention de réaliser de la viande de synthèse apparaît bien comme une recherche de solution, consciente de toutes ces limites que nous atteignons. On peut ainsi la voir comme une bonne intention, même si elle reste utopique dans l’immédiat.