Le Crécy code : les symboles perdus – 2
La jeune République, pour se représenter symboliquement, doit imposer des bases égalitaires laïques. Aussi, son choix se porta vers l’être suprême, Hercule, mi-homme, mi-dieu. Elle trouve dans ce personnage un très bon compromis. Hercule devient le gardien de la porte du monde des hommes libres pour représenter la République. Le bonnet Phrygien était la marque d’affranchissement des esclaves grecs et romains.
Sur ce détail de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, nous retrouvons le niveau avec la mention "Unité, Indivisibilité, Egalité" sous l’oeil de la surveillance (Big Brother, déjà !), le faisceau des licteurs, le bonnet phrygien de la Liberté et Hercule en médaillon. Sans oublier "gallus" aux pieds de la Liberté (qui se traduit par coq… mais aussi gaulois). Le triomphe de la Montagne – Pierre Lélu (1741-1810). (Sur un char la Liberté et l’Egalité. La Liberté porte une stèle sur laquelle est écrit "Vivre libre ou mourir". Mercure symbole de l’intelligence et de l’activité conduit les chevaux tandis qu’Hercule et Minerve exterminent les monstres qui veulent ravir la Liberté) Héritage du siècle des Lumières, la devise " Liberté, Égalité, Fraternité " est invoquée pour la première fois lors de la Révolution française. A la Révolution française, " Liberté, Égalité, Fraternité " fait partie des nombreuses devises invoquées. Dans un discours sur l’organisation des gardes nationales, Robespierre préconise, en décembre 1790, que les mots "Le Peuple Français" et "Liberté, Égalité, Fraternité" soient inscrits sur les uniformes et sur les drapeaux, mais son projet n’est pas adopté.A partir de 1793, les Parisiens, rapidement imités par les habitants des autres villes, peignent sur la façade de leurs maisons les mots suivants : "unité, indivisibilité de la République ; liberté, égalité ou la mort". Mais ils sont bientôt invités à effacer la dernière partie de la formule, trop associée à la Terreur… Comme beaucoup de symboles révolutionnaires, la devise tombe en désuétude sous l’Empire, pour réapparaître lors de la Révolution de 1848, empreinte d’une dimension religieuse. Les prêtres célèbrent le Christ-Fraternité et bénissent les arbres de la liberté qui sont alors plantés. Lorsqu’ est rédigée la constitution de 1848, la devise " Liberté, Égalité, Fraternité " est alors définie comme un "principe" de la République. D’autres institutions affichent elles aussi les "colonnes de la Nation" sur leur façade, sous forme de pilastres. Le losange que l’on voit représenté sur cette façade est un motif ornemental géométrique utilisé sous Louis XVI, le Directoire et à la Restauration. Un médaille en losange fût attribuée aux Gardes Nationaux qui ont contribué à la prise de la Bastille. Le treillis nous rappelle la herse des portes fortifiées, ou encore la herse mobile (cheval de frise), qui plus tard deviendra clôture sous le nom de ronce artificielle… Le dernier rempart.Crécy étant par nature entouré d’eau et de brassets, pour rejoindre le prochain symbole, il faut remonter la rue du Barrois, la rue Jean de Compans, et prendre à gauche. Nous voici arrivés rue du général Leclerc. Sur cette maison, au centre de la frise, on peut voir une lyre ainsi que des colliers des feuilles qui laisse suggérer la présence d’une école de musique : la fanfare Républicaine. Au fil du temps, la devise de la révolution s’est enrichie de la fraternité, d’une poignée de mains. Les symboles ont été modifiés ou tronqués. Les régimes politiques se sont succédés. La déesse Minerve, sous les traits de Marianne portant le bonnet Phrygien, a remplacé Hercule. Mais le drapeau tricolore flotte sur notre France. Remonter l’avenue du Général Leclerc nous mène alors à l’un des tous premiers symboles républicains … A suivre … |
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Bravo Franck pour cet article très intéressant :-e) Il me fait penser à une chose : Sur le fronton de l’Eglise Saint Vincent de Paul du Havre il y a, gravé dans la pierre, « Liberté Egalité Fraternité ». C’est peu banal cette devise républicaine sur un lieu de culte. J’ai jeté un oeil sur internet mais je n’ai rien trouvé à ce sujet. Je vais tâcher de regarder plus attentivement.
On remarquera encore une fois l’état des façades…
Quel dommage ! Crécy pourrait être une belle ville.
Merci Indiana de nous faire découvrir ce que l’on ne voyait pas ou plus.
Effectivement Korie a raison, tu exagèresun peu Indi de nous montrer toutes ces façades pourries que les propriétaires du bourg ne veulent pas entretenir.
Mais à bien y réfléchir, c’est peut-être une chance que ces propriétaires se soient désintéressés de leur bien, permettant ainsi à ces façades de traverser le temps.
Il est fort possible que des ravallements successifs et pas toujours heureux aient fait disparaître de belles décorations, hautement symboliques, en centre ville
Tu excuses un peu trop facilement le comportement des propriétaires relativement aux façades. :# et/ou aux passerelles 😉
il n’est que se déplacer l’arrière train dans les environs pour constater que rénover une façade ne retire pas forcément de l’attrait à l’ancien. :-d)
Alors pourquoi si peu d’activité « rénovatrice » dans notre commune???? :# alors qu’il doit bien exister bon sang des moyens d’aider…aides-subventions-économie d’impots etc..???.
Ce manque d’intéressement est-il dû à de la radinerie-du j’men foutisme-ou à de réels manque de moyens financiers?
Ne serait-il pas plus judicieux de financer des rénovations plutot qu’un centre d’art qui coute la peau des fesses. 🙁
j’attise la question.
je n’excuse pas, j’essaie de positiver. Depuis quand un propriétaire qui transforme une maison en studios pour la location (geste déjà charitable) devrait-il, en plus entretenir une façade qui ne sert à rien, pour faire joli ?
en effet tu n’excuses pas pardon ..de là à dire que c’est une chance 😐
une chance, dans la mesure ou les « restaurations » et entretiens de certaines époques auraient peut-être consisté à faire tomber tous les plâtres et les stucs pour les remplacer par un bon vieux crépi qui attache !
Au moins, les décors (d’origine ? peut-être ont-ils été ajoutés sur des façades existantes ) sont encore là.
je ne suis pas spécialiste alors je ne dirai rien sauf que à notre époque, il des techniques bien au point pour donner un résultat étonnant.
Toi même le constate au cours de tes sorties provinciales 😉 …Arc et Senans fort ex ample??? :#
oui, mais je parlais plutot de travaux qui auraient pu être réalisés, il y a 100, 75, ou 50 ans par exemple, en des périodes où certaines conceptions du modernisme ont poussé les gens tirer un trait sur les « restes » d’un passé jugé alors complètement dépassé.
En effet à certaines époques, on bétonnait sans discernement.
Je me souvient quand j’avais 4 ou 5 ans d’un mur chez mes parents qui était couvert, côté extérieur, de milliers d’inscriptions mystérieuses.
Un jour je ne les ai plus vues, le mur ayant été recrépis sur sa partie basse humide.
En grandissant, j’ai pu revoir ces inscriptions sur la partie supérieure heureusement conservée.
Au moins la moitié de ces inscriptions est perdue et c’est bien dommage.
Ce qu’il en reste est encore visible, bien que peu lisible. Un mystère qu’il faudra un jour que je cherche à comprendre et peut-être à décoder avant que les inscriptions ne soient définitivement altérées par le temps.
on constate de plus en plus (pas à crécy) de réapparition des matériaux de base par « décrépissage » faisant apparaitre les belles pierres souvent non taillées au cordeau ou briques pleines du plus bel effet.
j’ai remarqué ça cet été à Oléron :-d) ;ça a été fait aussi à coté de carrefour market et le résultat est une réussite :=! .
une nouvelle mode?dont il serait bon qu’elle se répande. :#
Je dirais même plus ! C’est de l’ordre du miraculeux !
Ces façades sont assez bien conservées si on prend en considération les agressions climatiques, les câbles électriques, la pollution par les particules diesel et l’humidité inhérente à Crécy. Sans oublier l’exposition au nord pour la façade rue du Général Leclerc.
Certes, un petit ravalement attentionné leur ferait le plus grand bien. Mais d’autres édifices en ont encore plus besoin.
Amis compagnons y’a du boulot ! 😉
de toute façon on a beau commenter voire rouspéter(j’évite de dire « râler »), il est visible que la population de Crécy n’accorde pas beaucoup d’importance à l’aspect du village???
je me demande d’ailleurs ce qui l’ intéresse vraiment?
La pêche????? :-c)
Drucker le Dimanche??? 😉 :=!
Oui, la pêche !
Profitons-en pour rendre hommage à tous les pêcheurs et toutes les pêcheresses sans lesquels notre rivière ne serait qu’un vulgaire cours d’eau sans âme, pas très propre et Crécy qu’ une Venise du débris.
que de jeux de Meaux 😉
la pêche quand elle s’habille ,ont dit bien la pêche mais le bas ??élégant ,non
Chère Florence,
J’ai effectué une petite recherche, et il apparait que l’église Saint Vincent de Paul du Havre a été fondée par l’abbé Baupel en 1849, soit un an après la révolution de 1848.
L’atmosphère révolutionnaire de l’époque inclut aussi une dimension religieuse, comme expliqué dans l’article.
On accorde une importance à la religion dans cette révolution, il est selon moi logique que la religion s’appuie sur la devise républicaine.
Cela pourrait-il expliquer l’inscription de la devise sur le fronton de l’église ?
D’autres recherches m »ont permis de voir que l’Eglise st Vincent de Paul du Havre n’est pas la seule à posséder cette devise. On peut la retrouver sur l’Eglise de Grand-vabre dans l’Aveyron, comme un témoignage de l’époque révolutionnaire.
Stephan Zweig l’a aussi bien résumé, dans sa pièce de théâtre inachevée sur la vie d’Adam Lux, révolutionnaire allemand :
« Sachez que les Français ont chassé leur roi et qu’ils ont mis à sa place une nouvelle trinité, sainte comme celle de l’Eglise : Liberté, Egalité, Fraternité !
La liberté cela signifie qu’un peuple ne se donne d’autres lois que celles dictées par sa volonté et sa sagesse. L’Égalité, cela signifie que Dieu qui nous a créés égaux, êtres de chair et de sang habités par des mêmes désirs, n’a pas voulu des maîtres et des valets, des souverains et des sujets, mais seulement des hommes formant une seule et libre famille. Et la Fraternité, cela signifie qu’un homme doit toujours aider son prochain à recouvrer son droit, et un peuple aider son voisin à conquérir sa liberté ».
C’est bien cohérent avec la vie de l’époque.
Merci Franck d’avoir fait ces recherches qui nous apprennent des choses très intéressantes 😉
Herculéen, son travail est !