Le Crécy code : les symboles perdus – 1

Par le Professeur Indiana Jones

C’est un méoussédon mystérieux (à relire sur /wordpress/?p=2511 qui, déjà à l’époque avait obligé les lecteurs du site à lever les yeux vers le ciel, qui m’a inspiré cette promenade.

Car il faut avouer qu’à arpenter les rues de Crécy au quotidien, nous ne regardons plus ce qui nous entoure, à force de l’observer chaque jour. C’est le danger qui guette tous ceux que nous sommes.
Heureusement, les Brionautes sont là pour souffler la poussière qui gratte sous les paupières…

Alors, avant que le temps n’en efface définitivement les traces, regardons d’un peu plus près ces mémoires de pierre, réécoutons ce que nous murmurait cet automne l’horloge du beffroi, et… "souviens-toi !"

Les symboles perdus sont issus de la Révolution française. Pour remplacer les signes liés à la féodalité et aux religions, la république laïque émergeante dût se doter de nouvelles devises et de nouveaux emblèmes.

Certains sont bien connus de tous comme la cocarde bleue et rouge de la Commune de Paris (qui deviendra par la suite bleue, blanche et rouge puis bannière de la France), l’arbre de la Liberté ou le bonnet Phrygien.
D’autres, comme au 9 rue Serret, le sont beaucoup moins.

Les symboles, à travers les époques, sont empruntés à l’histoire antique.
Dès le début de la Révolution, des associations d’un type nouveau ("clubs", "réunions" ou "sociétés patriotiques", devenues par la suite "société des amis de la constitution") apparaissent en France et s’imposent par leur nombre et leurs activités sur l’ensemble du territoire national.
Elles ont un point commun : leurs membres débattent, lors des réunions, des affaires politiques de l’heure. En dehors des autorités constituées et des assemblées élues, elles s’affirment comme un des lieux essentiels de la vie politique révolutionnaire.

Le niveau présent rue Serret, représente l’égalité.
Grâce à cet outil, il y a des siècles, les architectes égyptiens ont notamment pu construire des palais, des temples, mais plus impressionnant encore, des pyramides parfaites (le triangle deviendra aussi un symbole d’égalité). Pour supporter un tel édifice, il était indispensable de mettre tous les blocs de pierres à niveau égal.

Ce symbole fort fût choisi pour établir les bases, les piliers de la République… L’égalité pour tous.
Le niveau est aussi présent sur certaines médailles des sessions du Conseil de Sages, l’assemblée constituante sous les révolutions, sur les monnaies de ces époques mais aussi… il devient le symbole de la Garde Nationale.

Autre symbole présent aux extrémités de cette façade :

Les "Colonnes de la Nation"

La colonne avec la base et le chapiteau symbolise l’arbre de vie avec ses racines, son tronc et son feuillage. L’arbre serait en quelque sorte le modèle de la nature, l’ancêtre naturel de la colonne en tant que création humaine faite à l’image de Dieu («imitatio dei»). Pour les Celtes, la colonne est le symbole de l’axe du monde, comparable au héros qui, tel un pilier, soutient ses compagnons lors du combat. La colonne a également depuis l’antiquité une connotation phallique comme pouvoir générateur, érection naturelle de la pierre, symbolisé par le menhir.

Plus tard, en Grèce et à Rome, on offrait solennellement des colonnes pour commémorer des événements importants. Les Romains érigeaient des colonnes pour diviniser leurs empereurs ou d’autres hommes illustres, assurant ainsi leur immortalité par le souvenir de leur action puissante sur terre.

Suite à la Révolution, la colonne de Juillet marquera la prise de la Bastille.
La colonne constitue également une barrière protectrice à ne pas dépasser. Elle marque l’ultime limite à ne pas franchir et au-delà de laquelle l’homme ne doit pas s’aventurer, comme c’était le cas avec les fameuses colonnes d’Hercule.

Mais comme Charles Quint en fît un de ses symboles (qui deviendra par la suite le symbole du Dollar), et que Louis XIV s’inspira de Charles Quint pour les siens, les colonnes d’Hercule de la Nation, anciennement colonnes du Trône, se devaient d’être d’ordre architectural ionique : un juste milieu entre l’ordre dorique lisse et l’ordre corinthien plus élaboré.

En terme d’architecture, les colonnes symboliques et leurs attributs désignent une nation, ou autres actions mémorables. Ces piliers pourrait-être attribués à la Justice et la Paix, qui seront remplacés aux côtés de Marianne par la Balance et le Glaive.
Les pilastres représentés ici, reconnaissables par leurs chapiteaux ioniques et leurs cannelures, représentent les bornes du territoire du monde libre des citoyens affranchis. La République doit définir des limites afin d’éviter l’anarchie. Elles sont surmontées de pots à feu, ancêtres de la grenade, utilisés pour les feux d’artifices.

Faut-il interpréter cette frise comme un lieu de rassemblement des tous les bonshommes Phrygiens de Crécy, tenant une branche d’olivier en fleurs et convergeant vers l’Egalité ? En tout cas, cette façade semble avoir été un lieu incontournable de la vie républicaine à Crécy.
 

Quittons la rue Serret, traversons la place Camus, pour emprunter la rue de Penthièvre.
Et là, tête en l’air, vous pourrez rencontrer …

A suivre …