Le champ de Foire, plus de deux siècles d’histoires…
Implanté à 2 pas du centre-ville de Crécy, le champ de Foire est un haut lieu de convivialité et de détente. Diverses manifestations et festivités nous y sont proposées tout au long de l’année.
On définit ainsi un champ de foire : "Un champ de foire (locution nominale – masculin), ou foirail, est un emplacement réservé aux foires dans les villes ou les villages. Il peut s’agir, par exemple, d’une place n’accueillant pas la circulation automobile ou de la partie non plantée d’un grand jardin public. On peut y dresser des stands et des chapiteaux". |
Les champs de foire ont, dans l’histoire, joué de nombreux rôles. Au delà du lieu qui rassemble, ils furent par exemple une vitrine pour la science.
A la fin du XIXème siècle, les savoirs des savants se transmettaient au plus grand nombre en allant à leur rencontre, grâce aux musées ambulants, qu’ils soient musées d’anatomie ou collection d’animaux extraordinaires. Le champ de foire devint à cette époque un sorte d’université, et la baraque foraine un amphithéâtre où l’on dispensait le savoir. Se croisaient en ce lieu des statues de cire représentant des hommes-chiens, des créatures hermaphrodites, un musée des supplices ambulant et d’autres curiosités. Je n’en ai pas retrouvé trace à Crécy même, mais c’était typique à Paris et dans les grandes villes de France. La ville de Crécy a donc elle aussi son champ de foire, mais saviez-vous que son utilisation en tant que tel est bien plus ancienne que l’on ne croit ? En 1655, c’est à la demande de Marie Séguier, épouse du feu Marquis de Coislin, seigneur de Crécy, et qui devint marquise de Laval en secondes noces, qu’on établit deux foires annuelles. La première se tenait le 1er jeudi de Mai, la deuxième le jour de la Saint Michel. C’est toujours Marie Séguier qui fixa la date du marché hebdomadaire au jeudi. Le marché tombant le jeudi saint était remis au vendredi et avait l’apparence d’une foire par l’abondance des denrées. La foire Saint-Michel, délocalisée de Serris à Crécy, doit son existence à une chapelle qui se trouvait près du faubourg dans le pré du même nom. Cette foire devint une des plus importante de la Brie, pouvant rassembler jusqu’à 20 000 bêtes à laine. Devant une telle affluence, Crécy en Brie dût emprunter des terres à la commune de La Chapelle. J’ai retrouvé l’existence d’une ordonnance royale datant de 1820, émise sous le règne du roi Louis XVIII, qui attribue à Crécy le droit d’emprunter à la commune de La Chapelle quelques parcelles de terrains pour La Foire dite de la Saint-Michel. Le champ de foire est donc pour les habitants du Pays Créçois, depuis des décennies, le berceau de l’incontournable rendez-vous de Septembre. C’est la Saint-Michel d’automne, qu’on fête d’ordinaire le 29, mais qui, de nos jours, est reportée au dernier week-end du mois. Le 29 septembre était la date à laquelle les fermiers et métayers payaient leurs fermages après la récolte. C’est aussi la date traditionnelle d’expiration des baux ruraux. Saint-Michel est fêté partout en France. A Crécy, le champ de foire sert de terrain d’entraînement aux pompiers de la ville pour les manoeuvres et la plongée : et fait le bonheur des boulistes et des pêcheurs… Par ces temps de grands travaux, dans les rues de l’enceinte de Crécy-en-Brie et de La Chapelle réunies, le champ de Foire reste donc un espace à ne pas négliger, et une belle fenêtre sur la ruralité. Une suggestion pour la municipalité ? Pourquoi ne pas donner au champ de foire un rôle rassembleur, entre Crécy et La Chapelle, tous les jeudis et dimanches matin, pour y tenir le marché ? La fusion des deux communes existe depuis 1972 et l’ordonnance royale n’est plus d’actualité, me semble-t-il. Le stationnement est déjà existant, cela permettrait de désengorger le centre-ville où se garer le jeudi relève de l’exploit, et le cadre de verdure s’y prêterait bien. A moins que cet espace encore préservé n’inspire d’autres projets… ? Sources : Sources : "Crécy-en-Brie et la Vallée du Morin" de Sabine Gervais et René Blaise – 1955 – réédité par la famille de l’auteur en 1990 |
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Bravo Franck pour cet article très intéressant :-e) Il y a une chose que je ne comprends pas très bien : Pourquoi le marché tombant un Jeudi saint était-il remis au Vendredi ? Etait-ce pour des raisons religieuses ? Mais alors dans ce cas le Vendredi saint est un jour encore plus important pour la Foi que le Jeudi saint.
C’est curieux en effet. Peut-être s’agissait-il plutôt du jeudi de l’ascension, cela aurait été plausible. L’imprécision des vieux écrits conduit parfois à des incompréhensions.
Ce en quoi, cet article est très passionnant, on apprend beaucoup de choses. On pourrait même le repasser au moment de la foire Saint-Michel.
Très belle photo :-e) Ca donne envie d’y faire un tour
Chère Florence,
Je dois avouer que je n’ai pas été très assidu aux cours de catéchisme, mais pour moi, le report du jour du marché du jeudi au vendredi saint est justement dû à l’importance de cette date, la mort du Christ sur la croix.
A l’origine, le jeudi saint, qui célèbre le dernier repas de Jesus de Nazareth, marquait la fin du carême, commencé 40 jours plus tôt un dimanche. C’est d’ailleurs le Pape Grégoire Le Grand (590 – 604) qui avança la date du carême au mercredi des cendres pour finir le samedi saint.
Peut-être que ce marché du vendredi saint, plus abondant qu’à l’ordinaire, servait à faire les
provisions pour la célébration de Pâques ?
Y aurait-il un spécialiste dans la salle pour nous éclairer ? :#
Merci Franck pour ces précisions très intéressantes. Oui, j’y ai d’ailleurs pensé après avoir mis mon commentaire, il est tout à fait possible que le marché ait eu lieu le Vendredi Saint pour que les gens puissent faire leurs provisions pour Pâques. Mais, comme vous le dites, les éclaircissement concernant cette question sont les bienvenus.
Comment se procurer le formulaire d’inscription pour la Foire St. Michel ? Rien sur le site de la mairie.
Sympa l’article d’Indiana.
Il n’y a que luie pour oser traîner son chapeau et son fouet dans un lieu si reculé.
En revanche, je ne suis pas en phase avec l’idée d’y déporer le marché. Je pense que le marché doit rester sur la place du marché, au centre. L’excentrer, le refouler en périphérie cela me fait penser aux centres commerciaux …