Le retour du rififi

Il y a trois ans déjà Golby, auteur débutant et bourré de talent avait écrit pour nos colonnes les premiers chapitres d’un saga créçoise décoiffante et inachevée. Golby en plaçant son roman dans un futur proche, sous  couvert d’une fiction toute fictive, dépeind avec réalisme, humour, tendresse et cynisme les avatars de la vie créçoise.
Nous avons pensé  qu’il serait sympathique en cette période estivale de relire ce feuilleton rafraîchissant écrit dans la grande tradition du polar briard.
Rafraîchissant en effet, pour peuve, l’histoire commence dans les eaux fraîches du Grand Morin, en début d’automne, par la découverte d’un corps refroidi. Gla gla !

Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé ne serait vraiment pas étonnante.

Du Rififi à Crécy-en-Brie
Episode 1 et 2 (saison 1)

Par Golby : "Brionautes de tous les pays, unissez-vous"

L’employé municipal l’avait trouvé, le lendemain de la foire de la Saint Michel dans un des brassets médiévaux qui sillonnent la petite cité de Crécy en Brie. La tête dans l’eau et le corps enroulé sur la roue à moitié pourrie d’un vieux moulin. Il n’y était pas depuis l’an 1250 mais depuis la veille.
Il avait été assassiné par un instrument contondant que j’avais rapidement identifié comme étant une bombarde.

Pour le coup, elle portait bien son nom, cette trompette  bretonne qui sonnait tous les vendredis soir dans l’ancienne école primaire du gros bourg rural. Pour les ceusses qui ne connaîtraient pas la puissance de l’engin, même les gendarmes expatriés par MAM sur les hauteurs de la petite ville entendaient les bombardements du Bagad Melen ha Gwenn le vendredi soir et certains jours de semaine.

Quand je parle de Crécy-la-Chapelle, ça n’a rien à voir avec Crécy-en-Ponthieu, lieu de la  défaite de la chevalerie française  face à la piétaille anglaise, sauf peut-être les blessures et le sang dégoulinant du cadavre et aussi le nom de l‘engin de mort utilisé pour l’occir. Non, ce Crécy-là, vous n’en avez probablement jamais entendu parler, tellement c’est calme mais, pour ce coup, Crécy-en-Ponthieu pouvait aller se faire renommer.

Ouais, il était vraiment pas beau à voir  le député maire de la commune, Mike Lenormand. On lui avait fait sa fête le jour de sa fête (Mike c’est un peu comme Michel, non ?). Il lui en voulait au député, le trucideur. Trois coups dans le dos, et le dernier entre les yeux où l’engin breton était encore planté, qui a dit que la musique adoucit les mœurs ?

Pas moi en tout cas, parce que pour ce deuxième dessoudé en quinze jours, (la fois précédente, c’était avec une corde à piano), ça me fait penser à une organisation réglée comme du papier à musique.
Le premier, c’était un agent immobilier. Alain Verse. Il tenait une agence dans le centre de Crécy. On l’avait trouvé pendu par le service trois pièces sous une des cloches de la Collégiale, fierté gothique de la commune d’à côté. Il avait fallu trouver un apiculteur avant de le décrocher. Le psychopathe avait badigeonné son corps de miel, on  ne sait pas encore pourquoi, mais les abeilles l’avaient trouvé à leur goût malgré le support pas vraiment fleuri.

Ca commençait déjà à sentir la série dès ce premier refroidi, je sais pas pourquoi. Je dois avoir un don pour sentir les répétitions. Faut dire que Vivaldi, avait informé sur le site brionautes.com, du lieu où l’on trouverait le cadavre du vendeur de biens. Ouais, Vivaldi, il s’appelait le saigneur. Si c’est pas triste de faire ça quand on porte un pseudo comme ça.
Au début, j’ai cru à une histoire de cul, mais j’ai rapidement enquêté, il avait l’air net, le vendeur de turnes ou alors il était discret.

J’avais pas grand-chose à me mettre sous la dent. On avait perquisitionné chez tous les pseudo-nerds de la région après avoir vérifié chez le modérateur du site l’adresse IP de Vivaldi lors de sa connexion.
Evidemment, le gars s’était connecté depuis un cybercafé, celui de Crécy la Chapelle mais Patrick, le patron n’était pas là le jour où le gars était venu.
J’ai mis le taulier tout de suite hors de cause, il était chez le garagiste à l’heure où le message est parti (bah oui, le malheureux a acheté une voiture française, il aurait pas dû). Les Nerds de la brigade du Net m’ont dit que les PC étaient cleans et que c’était impossible qu’ils aient été bidouillés pour envoyer le message en décalé. Son employé ne se souvenait de rien et surtout pas de la taille ou de la tête du gars.