A la recherche des moulins oubliés de la rivière du Grand-Morin
Les quelques prospections relatées dans cet article qui portent sur un tronçon du Grand Morin entre La Ferté Gaucher et Jouy-sur-Morin, nous montrent l’apport de la plongée subaquatique à la connaissance de sites de moulins oubliés.
Cet article est paru initialement dans la revue des Moulins de France, numéro 56 – Octobre 2003. Nous remercions Patrick de nous l’avoir confié pour le publier aujourd’hui dans nos e-colonnes.
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Sur cette seule boucle du Grand Morin en aval de la "Chaire aux gens", quatre sites ont été explorés par les plongeurs en 2001. Un cinquième a été identifié mais n’a pu jusqu’ici être observé que de la surface.
La découverte de ce site riche en moulins est un peu due au hasard lors de hivers 1999/2000. La rivière du Grand Morin est une rivière à crues torrentielles. Lors de pluies fortes et abondantes, le niveau monte rapidement. C’est en observant un remous inhabituel au milieu de la rivière que mon attention fut attirée. La rivière étant en crue et la visibilité nulle, il n’était alors pas question de plonger. Il fallait patienter. Reprenant ma promenade le long des berges, explorant les broussailles je finis par découvrir le reste d’un mur soutenant la berge. Un nouveau moulin venait d’être localisé. Suite à une tempête, des arbres avaient été jetés au sol. Une observation attentive de la terre retenue par les souches me permit de mettre au jour quelques tessons de faïence datables du XIXème siècle. La période de fin d’occupation du site était trouvée ! Après avoir reçu l’autorisation du Service Régional d’Archéologie et lorsque les conditions de plongée redevinrent acceptables, la zone fut explorée. La zone de remous correspondait à un barrage maçonné, avec un seul vantail de 2 m de large. Des pieux de bois dont un de forte section (30 x 30 cm) datant probablement du creusement du canal d’amenée d’eau vers le moulin ont été retrouvés.
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(Point 1 du plan) Au niveau de la zone du moulin, encombrement de grosses pierres provenant du moulin. De part et d’autres, les berges sont maçonnées. Des tessons correspondant à des flacons à encre ont été vus. Ces flacons en forme de balustre sont typiques du XIXe siècle. Un fer à repousser le bois a été également mis au jour. Ce mobilier est courant à proximité des moulins (point 2 du plan). Ce moulin était bâti sur la rive droite de la rivière, en aval du moulin des Ramonets et à 675 m en amont du moulin Vidal. Il se trouvait à l’écart des voies terrestres de circulation et produisait de l’huile de noix. Les noyers étaient alors abondants en terre de Brie, avant d’être décimés par une maladie. Ceci a été confirmé par la consultation des archives. L’origine du moulin pourrait remonter assez loin clans le temps.
Il est cité dans un bail passé, devant Me Houldry, notaire, consenti par Sébastien Bonneau, receveur de Jouy, demeurant a Laval (même paroisse), le 1er aout 1680, à Denis Loisille, marchand foullon demeurant à La Ferté-Gaucher, sous la désignation, du moulin à foullon et à huile des Gayes, avec les logis en dépendant, suivant et conformément comme en jouissait Jean Coutot, sans réserve que ceux réservez par iceluy bail (…) moyennant 70 livres tournois par an. En 1806:il était devenu moulin a blé, appartenant François Flon qui l’exploitait, après l’avoir reconstruit vers 1800 sur l’emplacement d’un moulin à huile abandonne depuis environ 40 ans. Malgré toutes ces transformations l’établissement finit par disparaître. Son emplacement aujourd’hui appartient à la Société des papeteries du Marais. |
Site de prospection 3Un moulin s’élevait jadis à cet endroit. Aucun vestige n’a pu cependant être retrouve bien qu’un mobilier de nature métallique, ferreux, peu identifiable y a été observé.
Site de prospection 4 : ChausséeCe site situé à une centaine de mètres de la minoterie du Petit-Montblin n’a fait l’objet jusqu’ici que d’observations extérieures. On petit observer sur toute la largeur de la rivière une surélévation du lit. D’une longueur approximative de 12m sur 2 de large et a environ 1,50m de profondeur, cette structure presque perpendiculaire aux berges n’est pas un passage à gué.
Une observation en plongée devra confirmer s’il ne s’agit pas d’une chaussée de moulin. |
Site de prospection 5 : Moulin des Ramonets
L’étude des cartes est parfois intéressante pour la toponymie des noms de lieux. Le site des Ramonets ou parfois Romanets » est probablement une déformation du mot romain ou roman ». Je connaissais ce lieu car une minoterie, construite à la fin du XIXeme siècle, y avait été détruite au milieu des années 1970.
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L’étude des cartes est parfois intéressante pour la toponymie des noms de lieux. Le site des Ramonets ou parfois Romanets » est probablement une déformation du mot romain ou roman ». Je connaissais ce lieu car une minoterie, construite à la fin du XIXeme siècle, y avait été détruite au milieu des années 1970.
Mais son histoire n’était pas l’objet de mes recherches. Bien qu’il ne restait aucun indice de construction sur les berges, les perspectives de découvrir, clans la rivière, un site antique étaient plus attrayantes. C’est en plongeant que j’ai découvert une structure immergée qui avait été arasée au niveau de l’eau. Quelques indices laissaient supposer qu’i1 s’agissait d’un site antérieur à l’époque gallo-romaine, bien que deux petits fragments de poterie commune gallo-romaine aient quand même été retrouves. A de très rares endroits, des pierres appuyées sur la beige possédaient encore des traces d’enduit rose et quelques tessons de tuiles de couleurs variées, du beige au rouge, leur facture permettait une datation probablement du XVIIIème siècle. Une autorisation de prospection subaquatique fut demandée et fut accordée par Service Régional d’Archéologie. Pendant ce temps, la réflexion mûrissait. L’hypothèse d’un aménagement hydraulique ancien, avec son moulin, fut étudiée sérieusement en consultant les sources d’archives. Apres réception de l’autorisation de prospection, quelques plongées furent organisées en été. En cette saison, le courant est le moins fort. En effet, la rivière se resserre au niveau de la structure immergée augmentant la pression de l’eau. Le régime de la rivière est comparable à un torrent, c’est donc très lesté que ces plongées se sont effectuées. |
La plus intéressante découverte se situe, sous l’eau, avec une poutre en chêne perpendiculaire aux berges reposant dans le lit de la rivière. Des mortaises espacées régulièrement ont été creusées sur sa face supérieure. Des éléments verticaux venaient donc s’encastrer dedans. Sur le devant, sous des pierres provenant de l’effondrement des murs de soutien des berges, des lattes de bois ont été découvertes. En croisant divers documents, il ne pouvait s’agir que d’une porte à bateau à aiguilles ou porte marinière, implantation sinon rare du moins très peu connue et peu étudiée dans la région, mais Il faut se souvenir que le Grand-Morin était navigable.
La configuration du site incite à penser que nous sommes en présence d’un port utilisé par de petites embarcations. En effet, un aménagement de berge au-dessus du moulin pouvait servir à l’appontement de barque (E.1 du plan) mais il n’y a aucune trace en archives confirmant ce fait. Pour le moment, ce n’est qu’une supposition. Ce port à bateaux pouvait aussi servir à la circulation des trains de bois de flottage. La forme de la structure laisse deviner où devant se trouver le moulin prenant appui sur la rive gauche (E.2 du plan) avec sa roue a aubes verticales. Un relevé détaillé du site a été effectué et joint au rapport de prospection. Que nous apprennent les archives ? Ce moulin dépendait de Abbaye de Faremoutiers. On le trouve cité dans un bail a cens, surcens et rente du 22 mars 1740 consenti par les religieuses de Faremoutiers, moyennant 8 livres tournoi de cens et renter. A cette époque, il était déjà en ruines, ainsi qu’en témoigne les éléments du bail, ci-après : il est admis que les moulins existant au XVIII’ siècle trouvent souvent leur origine dans les implantations de l’époque médiévale, son origine pourrait donc se situer vers cette période.Ce moulin fut reconstruit à blé, ce qu’il avait du toujours être, et exploité de 1856 a 1863 par son propriétaire. En 1899, il devint la propriété d’un meunier du nom de Camus, qui l’exploita.
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très bon sujet :-e)
Meunier tu dors ton moulin va trop vite
vachement ROCK le Serge :-d)