La boutique du musée |
au centre du parterre : Héraklès archer (1909) |
Il existe à Paris, dans le XV ème arrondissement un autre « musée Bourdelle » géré par la ville de Paris, installé dans l’atelier qu’occupait l’artiste dans la capitale. Le musée d’Egreville est d’un genre différent mais complémentaire. Il met en scène une soixantaine de sculptures en bronze, toutes exposées en extérieur, au milieu d’un jardin, dans un écrin de verdure et de fleurs. Inattendu. Bourdelle n’a probablement jamais mis les pieds à Egreville, il n’y a jamais habité. La propriété, dans laquelle est installé le musée, a été acquise et aménagée, dans les années soixante dix, par Michel Dufet et son épouse Rhodia, la fille du sculpteur Antoine Bourdelle.
Comme le nom le laisse supposer, ce « musée-jardin» a deux fonctions symbiotiques : c’est un jardin original dessiné à l’origine par Michel Dufet et c’est aussi un musée d’art. Du coup, deux types de visites étaient proposées le jour où nous le visitâmes. Une visite orientée jardin qui m’était l’accent sur les cultures végétales tout apportant des commentaires utiles sur le sculpteur et ses œuvres et par ailleurs une visite axée sur l’artiste et ses oeuvres, le jardin étant alors vanté pour ses capacité à mettre en valeur les sculptures. Rhodia et son mari créerent ce jardin en s’inspirant des parcs à la française et des jardins de l’époque art-déco. Les sculptures ont été installées progressivement entre 1967 et le début des années 1980. S’agissant de bronzes, l’auteur réalisait plusieurs « versions » d’un même modèle. Cela explique que certaines œuvres toutes aussi originales les unes que les autres peuvent encore être visibles dans plusieurs lieux, voire plusieurs endroits du monde.
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En exemple de sculpture, au milieu d’un parterre de fleurs |
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La plupart des œuvres maitresses de Bourdelle sont présentes dans le jardin, on peut citer parmi les plus célèbres : Héraklès archer, le Centaure mourant, les bas-reliefs du Théâtre des Champs-Élysées et tout particulièrement, car c’est la plus monumentale, la statue équestre du Général Alvear (1789-1852), entourée de ses quatre « figures allégoriques ». La statue équestre est la plus imposante des œuvres présentées dans ce jardin. C’est un ensemble de plusieurs sculptures. L’original, ou plus exactement la version livrée au commanditaire –la République Argentine- s’élève aujourd’hui sur l’une des places centrales de Buenos Aires. Commandé en 1913 par les argentins en hommage à l’un des chefs de l’indépendance, elle n’a été inauguré qu’en 1926, 13 ans plus tard (la guerre de 14/18 est passée par là). Le monument de Buenos Aires est composé d’un socle gigantesque de 14 mètres de haut (voir la photo trouvée grâce à Google), flanqué de quatre figures allégoriques : – La Force, L’Éloquence, La Liberté, La Victoire. Sur la photo de Buenos Aires, les figures allégoriques occupent une position singulière à la base du socle. En revanche à Egreville, la statue équestre repose sur un socle plus modeste, les figures allégoriques sont disposées autour du parterre de fleurs. Toutes les sculptures sont l’ échelle UN. Un peu par hasard, en passant rue de Lille (Paris), un jour où j’allais déjeuner à la cantine de la Caisse des Dépôts et Consignations", je me suis aperçu que les figures allégoriques de Bourdelle étaient aussi exposées en extérieur tout au long du musée d’Orsay.
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La statue équestre du Général Alvear occupe une place centrale au milieu du jardin d’Egreville |
La même statue, telle que la verrez si vous passez par Buenos aires. Notez la position des figures allégoriques autour du socle. |
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Figure allégorique : la Force |
Antoine BOURDELLE
Source : Wikipedia
Né à Montauban en 1861,il quitte à 13 ans l’école pour aider son père menuisier ébéniste. Il prend des cours de dessin et de modelage. Il poursuit ses études à l’école des Beaux-arts de Toulouse puis à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris.
Il commence à exposer dès 1884. Parallèlement à des créations spontanées, comme la série des Beethoven commencée en 1888, il reçoit des commandes privées comme celle des bustes de la famille Champsaur en 1891. En 1893, il entre comme praticien dans l’atelier de Rodin, auquel il voue une grande admiration. Sa première oeuvre publique importante est le Monument aux combattants et défenseurs du Tarn-et-Garonne, auquel il travaille dès 1893 mais dont la commande officielle n’intervient qu’en 1897. Ce monument est érigé à Montauban en 1902. En 1905 a lieu sa première exposition personnelle. A cette période vont se succéder des oeuvres qui vont faire sa célébrité (Pénélope, Héraklès archer, Centaure mourant), et se multiplient également d’importantes commandes, parmi lesquelles, entre 1910 et 1913, les nombreux bas-reliefs et peintures murales pour le théâtre des Champs-Elysées. Sa renommée déjà établie à l’étranger par une exposition à Prague en 1909 et à la biennale de Venise en 1914, devient véritablement internationale avec la réalisation à Buenos-Aires, du Monument du Général Alvear, auquel il travaille de 1913 à 1923. A sa mort en 1929, Bourdelle est considéré comme un des plus importants sculpteurs de son temps.
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Le jardin a été réhabilité par le Conseil général entre 2002 et 2005.
Au début des années 2000, Rhodia Bourdelle ne pouvant plus entretenir le site, proposa de léguer la propriété au département de Seine et Marne, à condition de l’ouvrir au public. Après réflexion, le Conseil général de l’époque accepta le leg et du coup, il s’engagea à restaurer la propriété pour la rendre accessible à la visite d’un nombreux ( ?) public. Les travaux réalisés alors, sont présentés dans une vidéo à la boutique du musée. Ils furent gigantesques car il fallut pratiquement araser le jardin devenu fou pour reproduire un décor digne du jardin d’origine. Les statues ont été déplacées, réinstallées et pour la plupart restaurées. Le travail de restauration est permanent car les bronzes souffrent des outrages du temps et des intempéries.
Alors bien sûr, certains Brionautes, soucieux de la bonne gestion des fonds publics et de leurs impôts se demanderont s’il était raisonnable pour un département déjà bien endetté, de conduire cette réhabilitation. Est-ce que les seine et marnais qui ignorent dans leur très grande majorité l’existence même de ce musée en profitent vraiment ? (j’ai une petite idée de la réponse).
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Le maire de la commune d’Egreville, dans une vidéo datant de 2005, année de l’ouverture au public, s’enthousiasmait à l’idée de voir des touristes affluer vers sa commune. Veaux, vaches, cochons, couvées, que d’espoirs semés en ce jardin. mais par ce dimanche de mai durant lequel nous visitâmes le musée, gratuitement de surccroît car c’était la fête des jardins, le village était bien désert, pas un café pour accueillir les touristes "égarés" que nous étions. La fameuse halle était complètement désertée. Du coup, après la visite du musée, rien ne nous a retenu à Egreville, la simple envie de gouter une glace ou une boisson fraîche ne fut pas satisfaite. Je me suis demandé si les espoirs du maire n’étaient pas un peu déçus.
Je vous recommande néanmoins, la visite de ce musée, original, qui pour le moins étonne, surprend. C’est aussi l’occasion de découvrir le sud du département que nous connaissons si mal. Un but de ballade pour un dimanche de printemps ou d’été.
Et si vous appréciez les jardins vous apprécierez, j’en suis sûr, la visite guidée proposée par la conservatrice qui au sens propre comme au figuré pratique la culture avec talent.
jna José Navarre
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La halle d’Egreville (photo – site municipal) |
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ATTENTION : le jardin est fermé durant l’hiver. Il est ouvert du premier mai à la fin octobre
www.musee-jardin-bourdelle.fr
Détails pratiques : sur http://www.tourisme77.net
Pour approfondir, à partir du site du conseil général du 77 , un reportage sur la restauration des bronzes en général et de ceux du musée en particulier. A partir du lien fourni, vous pouvez télécharger l’article au format pdf. LIEN : http://www.seine-et-marne.fr/patrimoine-actualites/le-bronze-en-majeste
Le département de Seine et Marne est propriétaire et gestionnaire de cinq musées. Sauriez-vous les citer ?
Je ne suis pas certain que les seine et marnais du nord que nous sommes les connaissent très bien. En effet, quatre d’entre eux sont situés aux frontières sud du département alors que le nord du 77 accueille l’écomusée de Saint Cyr sur Morin , une sorte de maison du PNR avant l’heure.
Les autres musées sont :
Le musée de la préhistoire de Nemours, Le musée de Barbizon, Le musée Malarmmé à Vulaines sur Seine, Le MuséeBourdelle à Egreville
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Bravo José :-e) :=! Je suggérerais que vous précisiez : « Cliquer sur les photos pour les agrandir ».
enfin de l’art :-e)
Que voila un beau reportage, bien complet, documenté, comme jna sait nous en faire.
Du grand art, mais on s’en doute beaucoup de travail. Déjà il fallait le dénicher le Bourdelle ! qui connaissait avant ?
Une démarche de reportage à encourager au plus haut point !
ben oui quoi; il y a tant de choses à voir dans notre région et en France en général pourquoi aller à Tahiti…ou en Suède 😉 , ou en égypte 😉 .
Nous sommes quand même quelques uns à faire des reportages ou soyons plus modestes des CR de voyages y compris à l’intérieur de l’ hexagone :=! .
Mais c’est sûr qu’ils ne sont pas aussi bien « ficelés » que ceux de JNA et historiquement peu ou pas renseignés. 🙁
C’est très bien de saluer l’excellent travail de José, et je m’y associe pleinement. Mais ça ne doit pas donner l’occasion de dévaloriser le travail des autres, ces autres dont vous faites partie Daniel. Ils se donnent du mal eux aussi pour nous faire plaisir. Et d’ailleurs nous les lisons avec beaucoup d’intérêt. Ils ont donc droit à tout notre respect. Il est vraiment décevant de donner le meilleur de soi-même pour voir ensuite dévaloriser son travail. Et puis, dans l’intérêt du site, encourageons, ne décourageons pas.
Jna est décidément, un infatigable découvreur de richesses de proximité.
Ceci dit pour aller de Crécy à Egreville, il faut à mon avis prévoir entre 1 h30 et 2 heures, je connais un peu ce coin là , j’y ai passé le début de ma carrière tout habitant à Crécy. Il m’arrive de retourner dans cette région Mardi dernier, je suis allé à Villemer rendre visite à un couple d’agriculteur retraité, pas loin d’ Egreville.
Mais je ne prends la plupart du temps que des petites routes. Avec l’autoroute il est peut être possible d’ atteindre la durée de trajet , dont parle jna.
oui, j’ai déjà expliqué pourquoi je privilégiais la proximité, mais ce n’est pas une doctrine.
J’aime bien « ficeler » ce genre de topo, mais c’est d’abord pour m’amuser et pour ma propre satisfaction.
Je rassure Florence, a priori ce n’est pas pour embêter les autres auteurs, Amusons nous d’abord, et faisons partager nos expériences
Cher José je n’ai jamais pensé que vous cherchiez à embêter quiconque 😉
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