Le rutabaga de Julie
Depuis quelques temps, on trouve dans les rayons légumes des grandes surfaces et sur les marchés des rutabagas.
A chaque fois, cela me rappelle un souvenir datant de la dernière guerre |
Nous habitions Nanterre à cette époque, et c’était toute une équipée pour se rendre à Voulangis ou ma mère avait passé son enfance. Ses parents et grands parents reposaient en paix dans le cimetière municipal. Il fallait prendre un autobus jusqu’au pont de Neuilly, puis le métro qui après un changement nous déposait à la gare de l’Est. De là, un train nous conduisait à Crécy non sans avoir préalablement changé à Esbly. Une vraie galère, et il fallait faire le chemin inverse en fin d’après midi pour revenir à notre domicile.
Nous étions donc venus à Voulangis nous recueillir sur les tombes de la famille, et après un bon ersatz de café (c’était de la chicorée grillée) pris chez les sœurs Lesage qui tenait un café-épicerie en face de la mairie, il nous fallait avant de repartir, aller saluer la cousine Julie qui habitait rue du Montoir. Ses parents originaires d’Alsace, avaient opté pour la France en 1871, et s’étaient exilés à Paris dans l’attente de jours meilleurs. L’Alsace étant annexée, l’âge de la retraite survint avant qu’ils n’aient pu retrouver leur village devenu allemand. Ceci les incita à se retirer à la campagne et ils vinrent s’installer à Voulangis, comme l’avait fait, sans se concerter, mon arrière grand-père, qui avait opté lui aussi pour la France. Les alsaciens s’installaient naturellement dans des villages desservis par la Gare de l’Est comme le faisaient les bretons avec la Gare Montparnasse. C’était une façon de respecter ses origines, et de se rapprocher de ses racines. La cousine Julie avait hérité de la maison de ses parents. Elle disposait d’un grand jardin où elle pouvait cultiver des légumes pour sa consommation personnelle. Chance inestimable pour l’époque. Notre visite faite, au moment du départ, la cousine Julie nous dit : « Mes pauvres enfants, vous n’allez pas repartir les mains vides. Attendez moi quelques instants » et elle disparu dans son jardin. Quelques minutes plus tard, elle réapparu tenant dans ses mains un énorme rutabaga, qu’elle nous offrit après l’avoir enveloppé dans un vieux journal. Poliment, après l’avoir remercié, il ne nous restait plus qu’à prendre le chemin du retour, avec le rutabaga sous le bras. Il était presque aussi gros qu’un ballon. Il devait bien peser deux kilos, et nous encombrait passablement. Une fois dans le train qui allait à Paris, une idée germa dans nos cerveaux : se débarrasser d’un légume aussi encombrant qu’immangeable. Sitôt dit, sitôt fait : la vitre du wagon fut baissée et le rutabaga passé par-dessus bord. Triste fin pour un rutabaga et triste faim pour nous. |
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Il me semble que nous avons déja parlé dans le site de ce légume « survivant » il y a quelques mois..
Il y avait aussi le topinanbour;
Né en 1942 j’ai dû être nourri au lait de rutabaga????… :#
En consommer à notre époque relève plus du snobisme ou de la curiosité plutot que de ses qualités gustatives 🙁 ;et de plus c’est assez cher.
le topinambour très bon avec son gout d’artichaut et bon pour la circulation de sang :b
Bon pour la circulation du sang, et pour la santé en général, il paraît que oui. Mais, « très bon » au goût, je n’ai jamais entendu une seule personne contrainte d’en manger pendant la guerre émettre un tel avis.
florence je trouve que le topinambour a un bon gout d’artichaut ,en manger tous les jours pas sur, mais les gens qui tous les jours mange des fruits sans aucun gout et aucune saveur ,des légumes traiter qui pousse en serre bombardés de poison et aucune saveur difficile à digérer,faute aux divers traitements ,alors ????? :#
Pas forcément « triste fin pour un rutabaga », peut-être mangé par d’autres.