Souriez, vous êtes filtré !
Mettons de côté les pauvres (qui sont peu de plus en plus nombreux) et intéressons-nous à ceux qui ont le loisir de manipuler des sommes d’argent un peu significatives. Si vous êtes de ceux là, c’est beaucoup de soucis bien sûr. Imaginez qu’en plus, votre banquier vous appelle pour vous demander la justification économique d’une opération passée sur votre compte. Si vous pensez vous en sortir, simplement en lui répondant que cela ne le regarde pas, car vous avez le droit d’utiliser votre argent comme bon vous semble, vous n’y êtes plus tout à fait. Vous pourriez bien avoir la désagréable surprise d’être convoqué par le procureur de la république pour lui fournir, l’explication refusée à votre banquier. Inutile non plus de menacer votre banquier d’aller voir ailleurs, car ailleurs ce sera la même chose.
Comment cela est-il possible ? Les banques, comme tous les établissements financiers et quelques autres professionnels dont les notaires, sont soumis à des obligations de vigilance dans le cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux le financement du terrorisme. A l’origine, dans les années 90, l’objectif du législateur était de contrecarrer le trafic des stupéfiants, puis le champ des dispositions anti blanchiment s’est élargi à de nombreux délits et il a même failli s’étendre à la fraude fiscale en cette fin d’année, 2008 … mais là, c’était trop, on ne s’en serait pas sorti, le boulet passera au dessus des têtes que l’évocation de cette mesure avait rempli d’effroi.
La lutte contre le financement du terrorisme est apparue dans un second temps, à la suite du 11 septembre 2001. Les américains ont rapidement établi des listes de personnes suspectes et ils ont entraîné le reste du monde derrière eux.
Souriez, vous êtes filtrés.
Restez zen, votre comportement est analysé. Tout va bien. Et oui, non seulement vos transactions bancaires atypiques sont repérées (les opérations en espèces en particulier), mais de plus en plus votre comportement –ou celui de votre compte- est modélisé, mémorisé, comparé et gare si vous vous écartez du profil qui vous a été attribué en fonction de votre catégorie socio professionnelle. Les logiciels de LAB (Lutte Anti Blanchiment) scrutent, cumulent, comparent, calculent des indicateurs savants et restituent en sortie, nombre d’alertes sensées aider les services de conformité des banques à détecter les clients présentant un comportements suspects.
Heureusement, si j’ose dire, les informaticiens éprouvent encore quelques difficultés à régler ces programmes experts, à les tunner, les optimiser. En règle générale, les alertes manquent encore de pertinence et elles sont parfois trop nombreuses pour être exploitées efficacement. |
Les banques ne se livrent pas à cette activité par philanthropisme, ni de gaité de cœur, car il leur en coûte des sous, quasiment dépensés en pure perte. De plus l’analyse de ces alertes n’est pas très appréciée par les agents commerciaux à qui elle est confiée. Pour eux, c’est une surcharge de travail, une perte de temps, perçue comme une entrave au développement de leur business.
Mais, les banques n’ont pas le choix, c’est la loi. Si elles ne la respectent pas, elles prennent le risque de se voir appliquer des sanctions de la part des autorités régulatrices. Pire si une vraie "affaire" venait éclater, elles pourraient être accusées de complicité de blanchiment pour avoir favoriser des transactions frauduleuses, avec à la clef, des poursuites pénales contre leurs dirigeants, sans compter les risques collatéraux de pertes financières en cas de dégradation d’image (traduisons, par mauvaise publicité). Aussi, quand les banques ont un doute sur la nature d’une transaction ou le comportement d’un de leurs clients, procèdent-elles sans scrupule, à une déclaration de soupçon auprès d’une cellule spécialisée du Ministère des Finances. Cette dernière sélectionne les dossiers les plus intéressants, mène des enquêtes et pour finir informe le parquet des cas avérés. Après, c’est la police qui prend le relais.
Cela dit, si votre compte ronronne tranquillement au rythme pépère de vos rentrées de salaires ou de vos pensions du côté des crédits, et de la longue série d’opérations de débit qui tirent inexorablement son solde vers zéro, dormez tranquille, vous êtes un tassin a priori honnête, un de ces français moyens qui font la fortune de nos banques de détail. Si vous êtes de ceux-là, il ne devrait rien vous arriver mais je ne peux pas vous garantir une totale immunité.
|
Nous sommes aussi tous filtrés de part en part. Ca ne fait pas vraiment mal le filtrage, et en règle générale, on ne s’en aperçoit même pas. Pourtant, les banques, toujours elles, comparent régulièrement leurs fichiers clients, à des listes de personnes ou organisations susceptibles d’entretenir des activités en lien avec le terrorisme ou encore des activités tombant sous le coup d’embargo internationaux. Ces listes de terroristes émises par les états ou la Communauté européenne sont complètement officielles, publiées (par petits morceaux) au JO, elles font partie du domaine public
Les individus, sociétés, et les associations qui les composent y sont classés par familles : Talibans, Amis de ben Laden, Serbo-croates basques, guérilleros sud américains, Fatals Picards, et bien d’autres … A côté, Edwige faire figure de plaisanterie. J’espère pour toi Brionaute à l’origine singulière et suspecte (il y en a qui viennent du sud de la Loire) que ton nom, ta date et lieu de naissance, ne se rapprocheront jamais trop de celui d’un des individus figurant sur ces listes noires. Sinon, tu pourrais bien alors être réveillé vers les 6 heures du matin par une escouade policière armée jusqu’aux dents. Pas sûr de te revoir sur notre blog de si tôt.
En attendant, dormez tous tranquilles, car en réalité ce que vous avez le plus à craindre de votre banquier, c’est encore un prélèvement d’agios, accompagné de quelque commission d’intervention bien salée, en cas de découvert.
Pas de quoi finir sous le soleil de Guantanamo. jna |
(article vu 5 fois)
un employé de banque qui se comporterait de la sorte(ton premier chapitre) me verrait vite illico presto aller chez le voisin et vider tous les comptes..j’ai eu l’occasion de menacer d’aller frapper à l’autre porte( à Crécy faut pas faire des km pour ça) pour un petit écart que s’était permis un ’employé;il a eu vite fait de rectifier le tir.
Croyez moi, faites en un principe de base au départ avec votre »conseiller »ça marche à tous les coups(qui sont peu nombreux heureusement).
Par ailleurs il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier(pour ceux qui peuvent en remplir plusieurs).
mais bon en général tout se passe bien hein chef…
et pourtant, sur ce point précis, s’il ne le fait pas, il prend le risque de se faire virer illico presto pour faute professionnelle grave.
a vos aiguilles et pelotes de laine ,un bon bas bien solide et bien rempli voila la solution 😛
du sud de la loire?
du sud, tout court…
Bas de laine vide, pas de draps de rechanges donc pas de liasses de billets. Oreillés percés.
et je n’ai pas encore fabriqué mon bonnet de nuit :-a)
Celui avec un masque de zorro.
Lui il savait vivre.
Certes ce n’etait pas robin des bois, peut etre un « cartouche » à la langue hispanique?
Du goudron et des plumes 😎
cet article est parfaitement documenté…Pour avoir exercé dans mon activité professionnelle la profession de « banquier » et particulièrement celle de contrôleur des risques, j’ai eu la responsablilité de superviser l’ensemble des procédures visant à detecter les opérations susceptible de favoriser le blanchiment d’argent dit « sale ». Je pense donc etre aurorisé à apporter mon témoignage sur ce sujet.
S’il est exact que les banques disposent de logiciels experts…il ne faut pas pour autant en avoir peur, seuls ceux qui auraient à les redouter, les escrocs de tous poils en particulier, doivent en craindre les effets.
Et vous n’imaginez pas le nombre de dossiers qui « sortent » tous les jours…c »‘est a peine croyable…Je ne parle pas du versement espèces exceptionnel du client ‘lambda » qui a vendu sa vieille voiture… ou des chèques versés par un particulier sur son compte de façon également exceptionnelle… mais des véritables organisations destinées frauder…Le blanchiment est une chose..; la fraude en est une autre…moins grave, mais tout autant nuisible… fraude à la TVA….détournement de chiffre d’affaires, travail au noir…j’en passe….vient alors le blanchiment…. véritable fléau, qui prends sa source dans les réseaux de la drogue, ou du banditisme… là je pense que le banquier fait oeuvre utile. Pour ma part, je pense avoir agi dans le cadre de mes fonctions avec un minimum de discernement….car il ne s’agit pas de voir le mal partout…..
Néanmoins, je pense que ce contrôle exercé par les banques sont nécessaires et font partie des mesures propres à moraliser des pratiques financières parfois douteuses au détriment de l’immense majorité des gens honnètes.
J’apprécie votre commentaire. Je ne pensais pas nécessairement que l’article serait lu par un spécialiste de la question. Tout en essayant d’adopter un ton un peu léger, je suis resté à peu près rigoureux.
Vous avez raison de signaler que les outils dits « expert » mis à votre disposition, sont du genre plutot bavard et qu’ils manquent encore de discernement. Très franchement il faudra encore un peu de temps avant qu’ils réussissent à atteindre les objectifs qu’on leur avait fixé. On y viendra petit à petit en définissant des critères de risques sur les clients ou sur les comptes et en ciblant de ce fait beaucoup mieux ceux sur qui on applique les règles de contrôle.
Concernant votre définition du blanchiment, elle est devenue un peu restrictive comme je l’explique dans l’article. Une directive européenne (dite « 3° » directive) en cours de transposition dans notre droit, prévoit d’étendre la périmètre du blanchiment à tout délit passible d’une peine maximale d’un an d’emprisonnement dans le droit des pays membres.
En France, cela faisait tomber la fraude fiscale (peut-être bien au premier euro) dans le champ du blanchiment. Vous imaginez que cela à fait causer dans les chaumières des financiers et au final, la loi devrait sortir en France avec des angles bien arrondis.
Cela fait froid dans le dos.
Justement ce qui fait peur c’est l’imprécision dont ne peuvent que faire preuve ces logiciels.
Les logiciels experts sont basés sur des logiques flous, aux critères difficile à définir.
Et je suis bien placé pour savoir que les logiciels ont souvent des bugs. Le risque c’est que ces logiciels soient trop sévèrement réglés et qu’il y ait des dégats colatéraux vis-à-vis de pauvres innocents comme nous.
Vous avez raison… mais le logiciel dit « expert » n’a pas le dernier mot…. c’est avant tout l’utilisateur qui a les cartes en mains et c’est là que le discernement à toute sa place. Les logiciels ne donnent aux utilisateurs que des clignottants et le jugement humain garde toute sa place. heureusement !
Les techniques de scoring sont règlementées …. mais il n’y a pas que les bretons qui aiment faire leur beurre !!!!
Moralité n’hésitez pas à changer de crèmerie 😛
D’autres part, les associations de défense des consommateurs peuvenet aussi prodiguer de sérieux conseils.
Familles Rurales Créçy et Environs
Renseignements au Cybercafé « Chez Bruno »
01 64 63 40 00
Formulaires d’adhésion à l’association sur place.
Merci, même s’il n’y a pas de rapport avec le sujet.
A la campagne, on s’est bien que les Milices rurales, assurent notre défense ! C’est Gérard Lambert qui peut en parler.