De Camérone aux Champs-élysées
Corps multidisciplinaire rattaché à l’Armée de Terre, singulier à plus d’un titre, la Légion présente deux particularités. On s’y engage jusqu’à quarante ans, et l’on y entre au grade de légionnaire sans papier d’identité, sans extrait de casier judiciaire, ni preuve de nationalité, et sans recommandation ni trace de son passé. Ces hommes qui peuvent devenir sous-officiers, sont placés sous commandement d’officiers français. Curieusement ils prêtent serment de fidélité non pas à la France, mais à la Légion, leur nouvelle patrie comme le rappelle leur devise : « Legio Patria Nostra » même si leur service leur donne accès à la nationalité française.
Comment penser au passé glorieux de ces soldats, sans évoquer la bataille de Camerone dont tout le monde a entendu citer le nom sans toujours connaître les faits. Cette bataille est commémorée tous les ans, le 30 avril, dans toutes les unités de la Légion, avec solennité et le plus grand respect. Si vous avez l’occasion d’y assister, n’hésitez pas. Vous y serez bien accueillis. Les troupes embarquées le 12 novembre 1861 débarquent à Vera-Cruz début janvier 1862, et agissent de concert avec les forces anglaises et espagnoles. Le chef du corps expéditionnaire français l’amiral Jurien de la Gravière est désavoué pour avoir signé avec les mexicains la convention de la Soledad, qui nous eut permis de nous dégager avec honneur de ce bourbier. Les Anglais et les Espagnols satisfaits rembarquent leurs troupes, alors que la France nomme un nouveau chef de corps, le général de Lorenz, qui voit ses effectifs renforcés, avec mission d’aller jusqu’au bout, c’est-à-dire Mexico en passant par Puebla, seconde ville du Mexique. Nos troupes se lancent alors à la poursuite du général mexicain Saragoza qui se retranche dans Puebla Malgré la vaillance et le courage de nos Zouaves, Chasseurs à pied et « Marsouins » de notre Infanterie de Marine, nos trois batteries d’Artillerie n’ont pas une puissance suffisante pour venir à bout du fort de « Guadeloupe » que les Mexicains défendent avec l’énergie du désespoir. Le 5 mai 1862, nos troupes doivent sonner la retraite et se replier sur Orizaba à quarante lieues de là. L’honneur de la France est bafoué et l’escalade commence. De son côté l’armée régulière mexicaine se regroupe autour de Juarez qui symbolise la résistance contre l’envahisseur, et se voit renforcée par des guérilleros, sorte de bandits de grands chemins attirés par les perspectives de pillage alors que Napoléon III décide l’envoi d’un Corps d’armée comprenant deux divisions d’infanterie, une brigade de cavalerie et l’artillerie nécessaire pour mener à son terme le siège de Puebla. En janvier 1863, le colonel Jeanningros, passé à la Légion depuis peu, après avoir commandé le 43e de ligne, reçu l’ordre de préparer en vue d intervenir au Mexique,.deux bataillons à sept compagnies, 5 cantinières, plus la compagnie hors rang et la musique soit environ 2.000 hommes . Le 6 février 1863, le corps expéditionnaire, embarqué sur deux navires, le Saint Louis et le Wagram appareille de Mers el-Kébir pour la Vera Cruz via Madère et Fort-de-France. Le 26 mars 1863 le débarquement en chaloupes (pas de quai) a lieu à Vera Cruz. La mission du Colonel Jeanningros consiste à patrouiller sur les « terres chaudes » à escorter les convois de vivres, munitions et argent acheminés de la Vera Cruz vers Puebla. Il quitte le port de Vera Cruz le 14 avril avec ses troupes, pour aller s’installer à 90 km de la côte et à 670 m d’altitude dans la petite ville de Chiquihuite où il espère rencontrer des conditions de séjour plus salubres. Jeanningros reçu le 29 avril, peu avant le dîner, le message l’informant que le convoi avait quitté la Soledad. Il en informa le capitaine Danjou, adjudant major du 1er bataillon, qui suggéra d’envoyer au devant du convoi une compagnie de renfort. Le capitaine Danjou avait perdu une main dans un accident de tir, et l’avait remplacée par une prothèse articulée en bois. C’était au tour de la « 3ème compagnie de partir en mission, mais elle ne pouvait disposer que 62 personnes valides, dont aucun officier, les autres étant hospitalisées. Danjou demanda à en prendre le commandement, ce qui fut accordé. Deux autres officiers demandèrent à se joindre à l’expédition : sous-lieutenant Maudet, porte-drapeau et sous-lieutenant Vilain, officier payeur. Mission : gagner Palo Verde à 25 km de Chiquihuite, puis revenir en battant le terrain de chaque côté de la route. Le départ eu lieu à pied vers onze heures du soir. Il eut été préférable d’envoyer la cavalerie mais elle manquait cruellement. Les trois officiers marchaient à pied comme les hommes. La troisième compagnie après avoir parcouru 12km atteignit Paso del Macho vers 2 h 00 du matin, et en repartit à 2h30. Elle était désormais escortée à son insu par quelques cavaliers mexicains aux yeux perçants, chevauchant très lentement des montures dressées au silence. Le colonel Francesco Milan décida qu’il fallait d’abord anéantir cette troupe, pour éviter d’être pris à revers lorsqu’il attaquerait le convoi. Aussitôt les marmites sont renversées d’un coup de pied et les baïonnettes mises aux canons. A 8 heures un premier coup de feu est tiré. Un légionnaire tombe. Nul doute n’est permis. Le coup de feu est parti du village. On fouille les masures sans succès. La cavalerie mexicaine, regroupée entre temps à 300 m de là au sommet d’une colline, passe à l’attaque doucement d’abord puis ensuite à la charge au galop sabre au clair, en faisant un mouvement de tenaille. Les légionnaires se sont formés en carré et attendent impassibles. Ils attendirent que les cavaliers soient à 30 m d’eux pour tirer. La salve était terriblement ajustée. Les premiers rangs atteints formèrent une barrière qui gênait ceux qui suivaient. L’échec de la charge fut total. Aucune perte côté français si ce n’est celle catastrophique des deux mulets affolés qui portaient leurs vivres et les munitions. Chaque légionnaire n’avait plus que ses 62 cartouches, rien à boire ni à manger. Une deuxième charge n’eut pas plus de succès que la première, et Danjou décida d’attirer sur lui l’ennemi, afin de préserver la progression du convoi en se réfugiant dans l’hacienda où il dispose ses légionnaires. Une nouvelle fois un officier mexicain propose aux légionnaires de se rendre, avec promesse de vie sauve. Morzicki leur dit « Merde » et va rendre compte au sous-lieutenant Vilain qui approuve la réponse. Le feu reprend de toute part. A 17h30, il reste douze survivants dont le sous-lieutenant Maudet, le sergent Morzicki, 3 caporaux et 7 légionnaires. Ls armes se sont tues. Le colonel Milan harangue ses troupes. Le légionnaire Bartholotto traduit à mesure. Il leur dit que l’hacienda n’est plus défendue que par une poignée d’hommes, et qu’il serait honteux pour les mexicains de ne pas en finir sans plus tarder. Le signal de l’assaut va être donné, et une ultime et troisième proposition est faite aux français. Aucune réponse n’est donnée. Le silence se prolonge dix minutes. La sonnerie des clairons retentit, renforcée par le roulement des tambours. C’est l’assaut. Devant le hangar sud-ouest se défendent encore 7 légionnaires qui tirent sur les mexicains qui ont envahi le corral. Leur résistance va durer encore un quart d’heure. Quelques minutes avant 18h00 Morzicki reçoit une balle dans la tempe. Il avait encore deux cartouches dans une poche, qui sont aussitôt récupérées. 18h00. Cinq légionnaires sont encore vivants et il leur reste 5 cartouches. Le sous- lieutenant Maudet donne alors l’ordre d’armer les fusils et d’attendre son commandement pour faire feu, puis de le suivre en chargeant à la baïonnette. Les mexicains rangés en demi-cercle face aux français ne tirent plus. L’officier français fait un pas puis un autre et avance. Il n’agite pas de mouchoir blanc. Il ordonne : En joue, feu ! Tous les français ont tiré leurs dernières cartouches ensemble. Le légionnaire Catteau se jette devant son officier pour le protéger de la riposte mexicaine. Catteau atteint de 19 balles tombe mort, et le sous-lieutenant Maudet s’effondre aussi, mortellement blessé. Les trois autres sont encore debout, immobiles et silencieux devant une cinquantaine de mexicains vociférant prêts à les embrocher à la baïonnette. Le colonel Milan, et son état-major se tient à distance. Il voit avancer vers lui les 3 légionnaires au visages noircis, et aux yeux rouges et exorbités, soutenus dans leur marche hésitante par des officiers mexicains. Les légionnaires avaient mis hors combat plus de trois cent mexicains. Le colonel Milan renonça a attaquer le convoi. Nous avions perdu 3 officiers, et 49 caporaux ou légionnaires tués au combat ou décédés des suites de leurs blessures. La main de bois du capitaine Danjou fut retrouvée parmi les corps. Elle est conservée et visible au Musée de la Légion à Aubagne Un monument fut érigé sur les lieux, et sur la dalle d’une fosse commune où furent placés les restes des légionnaires, fut gravée l’inscription suivante : Ils furent ici moins de soixante
Opposés à toute une armée Sa masse les écrasa La vie plutôt que le courage Abandonna ces soldats français Le 30 avril 1863 Depuis, les troupes mexicaines rendent les honneurs lorsqu’elles passent devant ce monument sacré.
Camérone : fin des combats
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Très bel article.
Mes respects d’ancien RIMA
Côté pile la bravoure :=!
Côté face la connerie :-d)
Oui, bravoure et fidélité à la patrie de ces hommes !
Mais, à côté, on ne peut pas s’empêcher de dire, avec Prévert : « Quelle connerie la guerre »
Y-a-t-il des guerres justes ?
Ce qui est juste, c’est la résistance à l’oppression, à l’aliénation. Prendre les armes, résister, avec les moyens du bord, abandonner les siens pour rejoindre le maquis, comme l’ont fait les français lors de la dernière guerre mondiale, ce fut juste, indispendable et salutaire.
Les guerres peuvent-elle être évitées ? peut-on en craindre encore ?
Certains experts comparent la situation actuelle à celle des années 30. La crise boursière, économique, certains déséquilibres.
Doit-on craindre la chine ?
Sa puissance économique fait peur. Et encore plus sa conception des droits de l’homme qui nient nos valeurs. Leur puissance ne les conduira-t-il pas à vouloir imposer son modèle à nos nations occidentales ?
Et ne leur prépare pas-t-on pas le terrain par un nivellement par le bas ?
Au niveau social, il y a regression de la protection. On l’a vu encore cette semaine avec cette loi « anti-cadres », qui porte le forfait de jours maximum travaillé de 218 à 235 jours voire 280 jours par an. On est revenu un siècle en arrière.
A niveau des medias, on cherche à contrôler la télévision publique, la télévision privée et la presse apppartenant à de grands groupes amis du pouvoir.
Il y a deux ans, rappelez-vous, le ministre de la culture d’alors voulait museler internet; pour lui, il était bon que pour s’exprimer sur les blogs, une carte de presse soit exigée !
Avant de résister militairement à un quelconque ennemi, il est préférable de résister politiquement, de montrer que l’on ne peut pas tout accepter, instaurer un rapport de force, ne pas s’abaisser comme le firent les dirigeants européens devant l’allemagne hitlérienne.
Pour cela il faut du courage et je ne suis pas sûr qu’assister à la cérémonie d’ouverture des JO aille dans le bon sens !
ton analyse est sage et correcte à mon goût JMS,mais les gens je me demande si vraiment ils se rendent bien compte de la situation les ouvriers croyaient encore au père noël certains petits cadres se voient leurs 35 h et rtt supprimés les vieux les retraites diminues le pouvoir d’achat fout le camp a leurs sauveur le bon sarko ses riches amis ils les gâtes vous le peuple vous n’avez pas fini de souffrir (ont récolte se que l’ont sème)pour moi sarko je n’en voulait pas donc je me sent bien ,mais dans la m…e avec vous ,vous qui ‘l’avez élu :#
A chacun sa reine ….. moi je préfère la petite reine, vive le tour de France !
Les allemands aussi ont payé un lourd tribut !
Qui se souvient du comte Graf von Stauffenberg ?
Ce noble prussien courageusement a voulu rendre sa liberté au peuple allemand, ce fut l’attentat manqué contre Adolf Hitler …. pour celà des grands hommes, comme le Renard du désert Erwin Rommel ont choisi le suicide , de même que l’amiral Canaris
À partir de 1943, plusieurs de ses membres, y compris Wilhelm Canaris lui-même, commencent à participer à la résistance allemande. En juin 1944, le RSHA en prend le contrôle après des enquêtes menées par la Gestapo, contrôle accentué après le complot de juillet contre Hitler.
De nombreux officiers de l’Abwehr, y compris Wilhelm Canaris, seront exécutés par les SS en 1944.
Source wikipedia
Qie se souvient des premiers gazés ? des allemands, des dissidents, des homosexuels, des communistes et des handicapés …. aprés ce fut l’horreur de l’holocauste, la solution finale d’Heinrich Himmler and co !
on se demande ou est le rapport avec la légion étrangère?
Vos commentaires sont dignes d’intéret mais n’ont aucun rapport avec mon article.
RC
Cher RC, je répondais à jms , mais ces f………. commentaires se collent toujours n’importe où !
N’importe où, surement pas !
Ton commentaire est bien en réponse au mien, au niveau juste en-dessous, dans l’ordre chrnologique.
Pour ce qui est du sujet, qui est celui de la guerre et du sens du sacrifice, il me semble avoir été en plein dedans.
Eviter les guerres à tout pris et ce type de tuerie absurde telle que décrite dans l’article, par tous les moyens politiques devrait être l’objectif permanent de l’action politique.
En l’occurence, ce n’était qu’une tuerie en militaires.
pourquoi RC se met-il en visiteur alors qu’il signe son commentaire et qu’il possède un pseudo..RC justement? :# 😮
Tous ces grands hommes comme tu dis???? n’avaient-ils pas souscrit BIEN VOLONTIERS à la doctrinne d’hitlerqui consistait à….(je ne ferai pas l’insulte de la rappeller).
Tu les plaindrais?????????? 😐
Absolutely not … juste rappeler que quelques allemands étaient oppposés au pouvoir en place …. comme quelques français en 1940 … étaient opposés à Pétain !
Ne devenons pas des donneurs de leçons et souvenons nous de Beaune la Rolande …
Objection votre honneur:pour la derniere phrase je suis d’accord, pour les gens qui précèdent qu’ils se nomment graf von etc..rommel ou canaris ils étaient officiers allemands des le debut non????et un officier jusqu’à ce qu’il se rebelle est bien aux ordres non?????.
Alors les traiter de grands hommes..pas d’accord M’sieur.
La Wehrmacht n’était pas la Schutzstaffeln, mais l’armée régulière allemande.