Troménie, Tro Brei … Trop bien

Oui, je vais parler de Bretagne, normal pour le barde, fils d’Armorique que je suis.
L’été dans l’ouest, la saison est propice aux pardons et pèlerinages à caractère religieux ou pas, le sacré et le profane se côtoyant parfois harmonieusement, nous en reparlerons.
Suite à ma rencontre avec Jakez, le président de l’amicale des bretons de Suisse, hé oui cela existe … j’avais décidé cette année de commencer mon Tro Breiz, tour de Bretagne ou pèlerinage des sept saints fondateurs de la Bretagne.
Et comme prologue j’ai fait la grande Troménie de Locronan, soit douze kilomètres à pied dans la campagne avec la fameuse montée à Plas d’ar Horn, qui est un peu la montée de l’Alpe d’Huez pour le pèlerin breton, enfin bref passons …… 

Derrière les bannières et au son des cantiques, me voilà parti à la suite des évêques sur les traces de St Ronan , l’ermite du bois du Nevet fondateur de la paroisse. Entre parenthèse, il s’agit de faire le tour du Nemeton, la clairière sacrée des druides, drôle de pèlerinage ! Sous une pluie battante, qu’elle est verte ma vallée … et humide, tant et si bien que le cortège se disloque, laissant les plus courageux accomplir les douze kilomètres.

Il faut dire que la grande Troménie n’a lieu que tous les six ans et que tant qu’à faire le déplacement , je me suis accroché.
Bon mais le prologue n’est rien à côté de ce qui m’attendait , l’étape Dol de Bretagne –Vannes du Tro Breiz, organisée par les Chemins du Tro Breiz, association créée par Philippe Abjean en 1994.
Des étapes de 25-30 kilomètres en moyenne, dont deux de plus de 35 kilomètres, çà use, çà use …
Parti en sonnant de la cathédrale de Dol accompagnant avec ma bombarde , un sonneur de cornemuse de passage sur un vieux cantique breton « Da feiz hon tadou kozh », me voici parti sur le chemin avec 1.500 autres pèlerins.

Ah la pluie bretonne, elle a bien changé aussi, loin du crachin breton, l’averse qui me glace le dos (au bout d’un moment le coupe-vent est transpercé) en ce beau dimanche me donne à réfléchir … prier ce serait le moment, mais bon je fais un drôle de pèlerin avec mon torque gaulois et mon bandana, enfin bref passons.
La marche, un pas après l’autre, des mètres, des kilomètres et ce paysage de bocage breton à perte de vue aperçu à travers la pluie. Les pieds marchent et le cerveau libéré baguenaude …

Enfin l’arrivée dans un petit village, au stade de football transformé en camping, un semi remorque, trouver un sac de voyage noir parmi des dizaines de sacs noirs, apprendre la patience et l’humilité, la simplicité d’une maison de toile et d’un tapis de sol, voilà c’est aussi cela le Tro breiz.

Un dîner pris en commun dans cette grande salle des fêtes, nos pieds meurtris dépassant de nos sandales, nous évoquons le chemin, nos croyances … chacun ses doutes, chacun son chemin … un soir j’ai même fêté Lugnasad avec mes voisins de tablée ! Des pèlerins célébrant Lug avec force rasade de chouchen … quel paradoxe !

Que de richesse dans cette croisade de la foi, des personnages haut en couleurs, comme ce frère venu de Bourgogne, distribuant ces images pieuses, Bernard le guérisseur venu d’Aubervilliers et prenant soin de nos pénitents ou Sylvie dite Mélusine, une talençaise de talent, peintre d’icones.

L’issue du voyage, Vannes, capitale des Vénètes, fondée par Saint Samson, quelques trobreiziens reçoivent avec émotion des mains de l’évêque leur diplôme.

Ah oui le Tro Breiz, ce pèlerinage que tout breton doit accomplir au risque de n’avancer vers le paradis que de la longueur de son cercueil par an, vous comprendrez la dévotion de ces ouailles ! Et dire que j’allais oublier l’essentiel …

NDLR : tout sur le tro breiz : http://www.tro-breiz.com/