Un Nobel presque de chez nous

J’ai pris un peu de retard, car cet article devait être rédigé et publié en décembre 2006. En effet, la ville de Meaux commémorait en décembre dernier, le centenaire de la remise du prix Nobel de Chimie à un ancien collégien meldois : Henri Moissan. J’ai pris un  peu d’avance aussi, car c’est en février prochain que l’on commémorera le centenaire de la mort du même personnage. Hélas pour lui, Henri Moissan mourut deux mois seulement après l’obtention de son prix Nobel, victime d’une appendicite.
Henri Moissan, ce nom vous est presque familier. C’est le nom du plus ancien collège et lycée de Meaux. Certains de nos jeunes lecteurs le fréquentent peut-être. Il accueille aussi la descendance de Brionautes un peu plus âgés …

au collège de Meaux

Henri Moissan a fréquenté durant 6 années le collège de Meaux qui  porte aujourd’hui son nom. Pour être précis, le collège Henri Moissan n’existe plus, car seul demeure encore, un lycée.

Le premier collège public de Meaux avait été installé dans l’ancien couvent des Ursulines au XIX ème siècle, puis agrandit dans les années 1890 pour donner au batiment la configuration qu’il a toujours aujourd’hui. Je pense que peu d’entre-vous connaissent ce bâtiment pourtant imposant (jaune clair flamboyant), situé derrière l’office du tourisme de Meaux. Aujourd’hui, l’ancien collège municipal est devenu une annexe du lycée Moissan. Il abrite, la cantine, l’internat et les salles de classe des prépas HEC et des BTS.

Le corps principal du lycée nous est plus familier, situé face à la gare, il accueille l’externat depuis les années 50 … seulement. Agrandit dans les années 80, il occupe en fait l’emplacement de l’ancien hospice de Meaux.

En souvenir du prix Nobel, la ville de Meaux et la Société Nationale de Pharmacie ont organisé plusieurs manifestations commémoratives au-cours du dernier trimestre 2006. Certaines à Paris, d’autres à Meaux. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois, que Meaux rend hommage à son « enfant ». En 1931 par exemple, la municipalité fit ériger un monument de belle taille qui existe toujours. Une place située à proximité de l’hotel de ville porte également son  nom.
En 2006, la Poste a émis pour l’occasion, un nouveau timbre en l’honneur du prix Nobel français (cf. notre médaillon en tête d’article), c’est le second consacré au personnage.

à gauche : photo du monument Henri Moissan à Meaux

Henri Moissan et sa famille arrivent à Meaux en 1864. Le jeune Henri est inscrit au collège dans une section de "second plan" qui ne mène pas au baccaulérat. Au sortir du Collège en juillet 1870, à l’âge de 18 ans, Henri Moissan entre en apprentissage chez un horloger de Meaux. Il n’y reste que quelques jours. La débâcle de la guerre conduit en effet la famille Moissan à se réfugier à Paris où elle vit le dramatique siège de la capitale. Moissan est  trop jeune pour être incorporé dans les troupes mais tout combattant peut se faire remplacer momentanément et le jeune Moissan prend à plusieurs reprises la place de son père dont l’état de santé est précaire. A la capitulation, le 28 janvier 1871, Henri Moissan doit trouver un emploi et il s’oriente vers la pharmacie.
Henri Moissan devra se battre encore pendant une dizaine d’années pour obtenir les diplômes nécessaires à commencer par le baccalauréat (à 22 ans) et au final la reconnaissance de la communauté scientifique. Dès lors il mènera une carrière brillante à Paris, collectionnant les distinctions ; agrégation, professeur à l’école supérieure de pharmacie, à normale sup, à la faculté des sciences,  …

Son histoire avec la ville de Meaux n’était pas terminée pour autant. Il reviendra souvent à Meaux car en 1882, il épouse la fille d’un pharmacien meldois, Marie Léonie Lugan qui lui donne un fils, Louis.

Parallèlement à l’enseignement, Moissan mène des travaux de recherche qui  seront couronés de succès : en 1886, il est le premier à isoler le fluor (merci pour nos dents) et plus tard il invente le four à arc électrique (dit à haute température), dont le principe ouvrit la voie à de très nombreuses autres découvertes scientifiques.
Ces résultats exceptionnels sont récompensés en 1906 par le Prix Nobel de Chimie. Henri ira le chercher à Oslo. Mais ironie du destin, au sommet de sa gloire, Henri meurt quelques jours plus tard, le 20 février 1907, à 54 ans, terrassé par une appendicite foudroyante.

Henri  Moissan une fois sa carrière scientifique bien lancée ne vivra pas dans le besoin. Amateur d’art, il  se constituera une très belle collection d’œuvres, comprenant quelques toiles de maîtres parmi lesquels Courbet, Daubigny, Delacroix, Millet, …. En juillet 1914, son fils unique Louis légua par testament la collection de son père ainsi que la demeure familiale meldoise à la ville de Meaux,  Un mois plus tard, Louis, sous-lieutenant de réserve, était tué lors des premiers combats de la grande guerre, dans la Meuse. 
Le legs Moissan représentatif de la peinture du XIXème siècle est ainsi venu enrichir les collections du musée Bossuet.

Quelques anciens de Moissan diversement connus : Georges Courteline (il y a sa plaque), Lionel Jospin, Michel Houellebecq, Véronique Genest (J Lescaut), korie,  …