Interview : n’oublions pas les enfants disparus !
Personne ne peut ignorer la disparition de la petite Estelle, survenue à la sortie de l’école de Guermantes. Tout près de nous. La photo de l’enfant est partout, sur les pare-brise, dans les boutiques, les lieux publics, les pages Internet, …sur « www.brionautes.com » aussi !
Alain BOULAY Président de l’APEV (« Aide aux Parents d’Enfants Victimes »), une des principales associations nationales de défense des familles d’enfants victimes d’agression, a plutôt l’habitude d’être interviewé par des journalistes des chaînes TV ou des radios. Au détour d’une pause briarde, il a accepté, amicalement, de répondre à nos questions. |
D-C.com : L’affaire Estelle a fait l’objet d’un battage médiatique ces dernières semaines. J’en arrive à me demander, si une telle campagne est vraiment efficace et si on n’en fait pas un peu trop ?« >
On n’en fait jamais trop quand il s’agit de la disparition de son enfant, mais je comprends que face à ce que vous appelez, un battage médiatique, on finisse par se poser la question de son efficacité.Notre association a mené, depuis 1997, des campagnes d’affichage d’avis de recherche d’enfants et de jeunes adultes disparus depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Les résultats obtenus ne sont malheureusement pas à la hauteur de ce que l’on en espère dans la mesure où ces opérations n’ont pas encore permis de retrouver un de ces enfants.Il faut nuancer et bien distinguer les enfants qui ont pu être victimes d’un enlèvement criminel, des départs volontaires et des fugueurs. Ces derniers constituent la grande majorité des disparitions. Ils font aussi partie de nos préoccupations. En effet, face à une fugue, il faut agir très vite pour éviter un drame. L’enfant ou l’adolescent, souvent désemparé, se retrouve exposé à une multitude de risques, une fois seul dans la rue. La diffusion des portraits d’enfants dans des lieux de passage s’avère souvent efficace pour le repérage de ces jeunes. C’est pourquoi, l’APEV diffuse ses avis de recherche directement auprès des commissariats de police et des gendarmeries. Nous travaillons de la même façon en collaboration avec la RATP, Aéroports de Paris et la SNCF.
Pour en revenir à Estelle, la campagne en cours a déjà eu le mérite de sensibiliser l’opinion publique. Ce fut d’abord un grand élan de solidarité, réconfortant pour la famille. Au-delà de cet aspect, la médiatisation a eu un effet indéniable en termes d’éducation et de prévention. Devant les reportages récents, quel parent n’a pas pris le temps de discuter avec ses enfants ? D’en tirer des enseignements sur les risques toujours possibles ? Sur les attitudes à avoir ou à éviter ?
D-C.com : Nous avons entendu récemment le Ministre de l’Intérieur annoncer la création d’une cellule de huit policiers, dédiée à l’enquête sur la disparition d’Estelle ? Ces moyens sont-ils exceptionnels dans ce genre d’affaire ?
Oui, ils sont exceptionnels. Mais il est normal que les enquêteurs adaptent les moyens à mettre en oeuvre à chaque situation. La cellule devrait constituer un atout supplémentaire pour le bon déroulement de cette enquête.
Au-delà du cas d’Estelle, la médiatisation a permis aux associations telles que la nôtre de faire évoluer les pratiques de la police et de la justice dans leur relation avec les familles de victimes. Mais, revers de la médaille, alors que beaucoup d’autres familles sont dans une situation assez comparable, rien d’équivalent n’est prévu pour elles. L’effet médiatique a porté ses fruits en direction d’un cas particulier. C’est pourquoi l’APEV demande que la même attention soit portée aux dossiers des familles qui souffrent tout autant.
D-C.com : En quelques années, nous avons connu dans notre région plusieurs cas de disparition. Quel est l’importance effective du phénomène en France ?
Il y a chaque année en France, entre 35000 et 50 000 disparitions déclarées, en majorité des fugues. Dans la plupart des cas, les choses se terminent bien. Mais malheureusement, après de nombreuses années, on reste sans nouvelles de certains.
Les cas comme celui d’Estelle, d’enfants jeunes non retrouvés, sont très rares, pas plus d’un par an en moyenne. C’est encore trop bien sûr.
D-C.com : Les évènements internationaux aidant, ne risque-t-on pas de voir tout cet élan de bonnes intentions retomber un peu dans l’oubli ?
C’est vrai et c’est pourquoi, notre travail est un combat permanent. Face au risque d’agression, la sensibilisation des enfants est un des moyens essentiels de lutte et de prévention. L’émotion des médias va retomber, mais les efforts de sensibilisation doivent continuer. L’APEV soutient des actions dans ce domaine. Elle édite des supports à l’attention des enfants, des éducateurs et des enseignants qui souhaitent aborder ce thème dans leurs classes. Le marque-page présenté ici peut être obtenu gracieusement auprès de notre association (Voir modalités sur http:// www.apev.org ).
Le 25 mai prochain sera déclaré pour la première fois en France, « journée internationale des enfants disparus ». Nous aimerions que cette date symbolique serve à l’éveil des consciences et donne l’occasion d’un large débat dans les écoles et les collèges. Nous avons bon espoir, je sais que les enseignants et enseignantes des écoles primaires travaillent déjà volontiers sur la prévention, sans attendre un évènement particulier. Il y a même, dans votre région, des écoles qui utilisent déjà nos marque-page.
Voilà pour rassurer les internautes briards ! Mais la vigilance doit toujours rester de mise.
Propos recueillis par jna
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