Mon voyage en Chine
J’ai parcouru la Chine grosso modo du Nord-Est au Sud-Est selon un itinéraire que je vous résume ci-dessous :
Pékin, avec, parmi d’autres, la visite de la Cité Interdite, (ancien Palais Impérial), ainsi appelée parce que seuls les fonctionnaires attachés à la Cour, les eunuques, les membres de la famille impériale, et les domestiques, pouvaient y pénétrer. Un tronçon de la Grande Muraille, la plus longue construction du monde s’étendant sur environ 6 400 Kms de la frontière de Corée jusqu’au désert de Gobi, entamée sous la dynastie Qin de 221 à 206 avant Jésus-Christ, afin d’empêcher les troupeaux des tribus voisines de se mélanger avec les troupeaux chinois, et qui a pris sa forme actuelle sous la dynastie Quing au 17 ème siècle pour faire obstacle à l’envahissement des armées turques et mongoles. Les tribulations de Florence en Chine dans la suite … |
Xian, et la visite du mausolée de King Xi Wang, premier souverain à unifier la Chine et à lui donner son statut d’empire, et qui entreprit également de lancer la construction de la Grande Muraille.
Ce mausolée, achevé de son vivant, contient une armée de plus de 6000 soldats en terre cuite. Sa construction aurait mobilisé près de 700 000 ouvriers pendant 40 ans, et, pour en préserver les secrets, cet empereur les aurait tous fait tuer. Comme beaucoup d’asiatiques, encore maintenant d’ailleurs, il croyait en la réincarnation, et pensait ainsi gagner de nombreuses batailles lors de vies futures. Puis la Chine rurale dont je reparlerai, avec ses villages traditionnels, ses rizières, et ses plantations de thé. Nous avons fait une croisière sur la rivière Li dont les falaises verdoyantes sont des formations karstiques qui résultent de la dissolution inégale des massifs calcaires par les eaux de surface et les rivières souterraines. Elles ont inspiré les plus belles estampes classiques. A propos des rizières dont je parlais plus haut, nous avons pu constater que le riz qui n’est pas cher est difficile à obtenir, et que sa culture se fait dans des conditions physiquement pénibles pour les agriculteurs qui sont dans l’eau toute la journée, et travaillent avec des outils rudimentaires. Toujours dans la Chine rurale nous avons visité une fabrique d’objets divers en cloisonnés, technique qui consiste à couler l’émail entre des bandes de métal soudées sur le fond et qui forment un dessin. J’admirais la dextérité des femmes qui faisaient ces petites merveilles, et je me disais qu’elles auraient mérité un salaire convenable et qu’elles étaient certainement payées avec un lance-pierres. Mais je me disais aussi que si on les rémunérait correctement personne n’achèterait leurs articles tellement ils seraient chers. Canton, Hong-Kong où s’est terminé notre voyage. Je noterai à ce sujet une réflexion de notre guide qui m’a frappée : “Ici il y a deux mots qui sont inconnus, le mot grève et le mot vacances”. Il faut croire que le travail conserve, car, selon les statistiques de l’INED de 2005, c’est l’endroit du monde où l’espérance de vie est la plus longue : 82 ans en moyenne. Nous avons vu naturellement de nombreuses pagodes au cours de notre périple. Je questionnais notre guide au sujet de la place de la religion dans la vie des chinois : “La plupart sont sans religion m’a t-elle dit”.” Mais on voit pourtant beaucoup de gens brûler des bâtonnets d’encens dans les temples, et se prosterner devant la statue du Bouddha”, (avec les mains jointes, doigts étendus, au sommet du crâne).“Oui, mais moi aussi je me considère comme étant sans religion, et cela ne m’empêche pas de faire comme eux”. Je me suis alors souvenue que jna avait écrit un jour dans notre site que les religions façonnaient les peuples à leur insu, et en l’occurrence cela se trouvait vérifié. Je voudrais maintenant vous faire part, à partir de ce que j’ai appris et observé, de mon impression générale : D’ici 2020 environ, 11 cités satellites seront construites autour de Pekin, avec 25 lignes de métro qui viendront s’ajouter aux 5 déjà existantes. Du travail en perspective dans un pays où il y a du chômage. Les infrastructures routières qui desservent les grandes villes sont absolument formidables avec des échangeurs sur plusieurs niveaux. Il y a beaucoup de voitures. Ce sont des véhicules de moyenne cylindrée dont pas un seul n’est tocard. Cependant 30 % seulement des habitants des grandes villes ont une voiture, et il y en a très peu chez les ruraux qui représentent 70 à 75 % de la population. Il y a aussi beaucoup de vélos qui semblent tous venir du même fabricant avec leur petit panier en métal devant. Les chinois, dans leur immense majorité, ont l’air en bonne santé, et sont correctement vêtus. Les adultes et les jeunes sont minces, sans être maigres, comme le sont généralement les asiatiques. Par contre les petits enfants sont potelés. On voit des gens dont une république soi-disant populaire devrait, en toute logique, mieux s’occuper : mendiants et personnes horriblement mutilées. Il paraîtrait, je le rapporte sous toute réserve, qu’elles préfèreraient la liberté aux établissements qui leur sont proposés. Mais ces “laissés pour compte” sont peu nombreux. Il y a des chantiers de construction partout. Il faut dire qu’il y a encore tant à faire. Je vous raconte cette petite anecdote. Nous avons été reçus à déjeuner chez des particuliers dans le vieux Pékin. J’attendais beaucoup de cette expérience. Mais je dois dire que j’ai été assez déçue. Je pensais faire davantage connaissance avec cette famille. Mais en fait cela ressemblait plutôt à un restaurant. Nous ne sommes pas des anges, et quand on voyage on est toujours à la recherche de l’endroit “stratégique”. Je dis donc innocemment à notre guide : “Dans les familles nous pourrons aller aux toilettes”. “Elles n’en ont pas toutes”. “ Alors, dis-je, décidément encore plus innocemment, comment font les gens ?”. “Ils ont des pots de chambre”. J’étais quand même un peu étonnée. J’ai raconté cela à des compagnons de voyage qui m’ont dit avoir vu construire quelque part le tout-à-l’égout. A noter ceci concernant ce repas chez l’habitant. Notre hôte nous a dit que sa maison appartenait à son grand-père et qu’elle aurait pu être confisquée quand le communisme était arrivé, mais que ce ne fut pas le cas. Il paraît que les gens qui avaient rendu des services au Parti avaient des traitements de faveur. “Qu’importe que le chat soit noir ou blanc pourvu qu’il attrape la souris”. Qu’elle est savoureuse, imagée, et expressive, cette réflexion, et comme elle résume bien le pragmatisme de l’ancien numéro un chinois, Deng Xiaoping, décédé en 1997, pragmatisme qui fut à la base de l’extraordinaire développement de son pays. La Chine qui vient de passer au rang de quatrième puissance économique mondiale s’est ouverte à l’économie de marché. Mais en fait la grande majorité des chinois ne sont pas riches. Les 70 à 75 % de ruraux vivent simplement. Il y en a même environ un million au Tibet et dans la Mongolie Intérieure qui ne mangent pas à leur faim. Je pense qu’il y a une bourgeoisie très riche liée aux affaires, mais elle ne doit représenter qu’une toute petite poignée de gens. On se rend bien compte, aux voitures et aux immeubles qu’on voit, que parmi les 25 à 30 % d’urbains il y a une classe moyenne émergente relativement importante, mais tout compte fait la proportion de personnes aisées n’est pas énorme. Ceci nous amène à parler des salariés. J’avais lu avant d’aller là bas qu’il y avait des ouvriers qui avaient des conditions de travail très dures. D’autre part notre guide nous a dit qu’en France nous avions la chance d’être bien protégés par la Loi concernant les licenciements, ce qui n’était pas le cas dans son pays où on licenciait très facilement, et, elle ne l’a pas dit mais je l’imagine, sans trop de mesures d’accompagnement diverses. Un certain capitalisme, on peut dire, s’est installé très vite, avant qu’on ait eu le temps de faire les lois qui régulent la jungle. C’est le pays de tous les contrastes. Car, comme je le disais, on voit des chantiers partout, ainsi que de nombreuses tours, récemment construites, qui font ressembler les grandes villes de l’Empire du Milieu aux grandes cités américaines. Mais il y a également beaucoup d’immeubles pauvres et sales, et les campagnes sont assez arriérées. Dans ce village, proche de la Rivière Li, où nous sommes allés, il n’y avait pas l’eau courante. Chaque maison possédait un puits. Par contre il y avait de nombreuses antennes paraboliques. Nous avons visité une maison de paysans. La cuisine était absolument hallucinante, sans évier, avec une pompe à eau, et pour faire cuire les aliments deux foyers en maçonnerie et un barbecue. Y avait-il l’électricité ? J’ai oublié de regarder au plafond. Je ne le pense pas car il me semble qu’on en aurait vu la trace dans l’équipement de la cuisine. Mais je me demande si cette maison n’était pas en fait un musée. Certains détails laissaient supposer qu’elle n’était pas habitée. Il y avait à côté la maison du fils qui semblait beaucoup mieux, et dans la Chine rurale les générations vivent ensemble. A noter qu’il y avait une pièce contenant … le cercueil de la grand-mère qui vivait encore … tradition paysanne chinoise. Mais la terre n’est jamais la propriété du cultivateur. Ce dernier peut posséder : maison, bâtiments de ferme, et matériel, mais il loue ses terres à l’Etat selon une formule qui ressemble à un bail emphytéotique, d’après l’un de nos compagnons de voyage au fait de ces questions pour des raisons professionnelles. Un des facteurs qui ont beaucoup oeuvré pour que la Chine connaisse la croissance qu’elle connait fut la maîtrise de la natalité. C’est la politique de l’enfant unique que l’on est en train d’assouplir. Elle n’est pas, ou plus ? applicable aux minorités, comme par exemple les tibétains. Si on est enfant unique, et son conjoint aussi, on peut demander l’autorisation d’avoir un second enfant. Cette mesure concerne davantage la classe d’âge autour de 35 ans, que les plus jeunes. Notre guide nous a dit que son mari et elle avaient demandé cette autorisation, mais qu’elle leur avait été refusée. En cas de remariage on a le droit d’avoir un enfant, même si on en a déjà un de son union précédente. Si le couple attend un second enfant sans avoir obtenu l’autorisation nécessaire, c’est soit l’avortement, soit le paiement de l’équivalent d’environ 10 000 €. à échéances régulières jusqu’au quatorzième anniversaire de l’adolescent. Pour ce qui est des mères célibataires, elles ont 10 ans pour trouver un mari sans cela elles doivent payer les 10 000 €. Ah! J’oubliais de vous dire une chose très importante pour moi, et pour d’autres aussi d’ailleurs, la cuisine est délicieuse. J’avais toujours entendu dire que la cuisine chinoise était le numéro 2 mondial, juste après la française, et c’est vrai que je me suis régalée. Là bas, comme vous le savez, le riz remplace le pain aux repas. Il est tellement ancré dans la culture des pays d’Extrême-Orient que les Eglises de ces nations ont demandé à Rome qu’il soit autorisé à la place du pain azyme pour la communion. Mais cela a été refusé. Florence Pigoreau. |
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Merci à Florence pour ce témoignage intéressant de son voyage effectué le mois dernier, donc complètement d’actualité. :=!
Ce sont là remarques et observations sur la société chinoise que les guides touristiques ne donnent guère, se cantonnant aux thèmes touristiques. 😉
pour une autre vision de la Chine
http://directionlachine.canalblog.com/
Merci aussi à vous jms. Je voudrais ajouter, bien que cela m’ennuie de rectifier quelque chose. Je me fais l’impression d’être une « embêteuse ». Mais c’est un peu délicat. Notre ami jna pourrait ne pas être d’accord, que c’est vous, et non lui, qui avez dit que les religions façonnaient les peuples à leur insu.
En tout cas bien cordialement à tous.
Florence
C’est le seul correctif que je me suis permis; j’ai vérifié sur le site, c’est bien lui l’auteur de cette remarque.
j’ai dit ça ? c’est plutôt flatteu :-b) r, amis je ne m’en souviens pas :#
C’était quand jms ?
C’est ici :
/article.php?thold=-1&mode=flat&sid=698#3322
Inutile de dire que je ne suis pas du même avis, ce qui m’a conduit à rétablir la paternité de la formule à son auteur véritable.
Mais tout cela nous éloigne un peu de la Chine sur laquelle il y a surement beaucoup à dire.
En nez fait, merci jms … je vais d’ailleurs faire graver cette formule au fronton de ma demeure, pour ne plus l’oublier.
Mais revenons à la Chine qui nous offre beucoup de surprises : son équipe de foot a fait un beau match mercredi. Elle aurait mérité de faire match nul contre nos bleuks, toujours aussi peu inspirés.
Assez d’accord avec la formule, sauf que je dirais plutôt que c’est en pleine conscience que les peuples sont façonnés par les religions.
Un père jésuite disait à peu près ceci:
« Confiez moi l’éducation d’un jeune enfant à partir de trois ans et jusqu’à six ans et il sera définitivement acquis à ma cause »
Que penser de l’influence des nippons sur la chine?.
C’est vendredi on peut bien se laisser aller un peu
Là je suis pourtant croyante, mais je ne suis pas du tout d’accord avec cette façon d’agir que j’appelle de la manipulation intellecctuelle.
Pourrais-t-on revenir au sujet, c’est-à-dire la chine, SVP ?
la chine ? , à la brocaunte de dimanche ? 😉
On peut se demander combien de temps ce pays, constitué d’une grande diversité de peuples, va pouvoir encore rester unifié?
Surtout depuis l’ouverture économique, les différences entre villes et campagnes semblent de plus en plus criantes.