Croissants d’ailleurs
A l’origine, le croissant désigne le temps qui s’écoule entre la nouvelle lune et la pleine lune. Ce sens a disparu et le croissant désigne communément la partie visible de la lune : le quartier. Toutefois, le sens primitif et l’idée d’expension suggéré par l’augmentation de la taille de l’astre réapparait à travers le mot croissance et l’adjectif croissant. Par extension, le croissant a aussi été utilisé pour désigner divers objets dont la forme caractéristique rappelle celle du croissant de lune.
En observant de nombreux blasons dont l’origine est clairement établie, j’ai essayé de dresser une typologie des principales symboliques attachées au croissant. L’objectif était de rechercher à travers ces exemples, des indices, des clefs qui pourraient nous aider à comprendre la présence des 3 croissants dans le blason de Crécy. Je pense bien être y être arrivé. Le chiffre de Crécy 5 |
Le croissant est un meuble assez communément utilisé dans l’expression de différentes symboliques. Après avoir observé un nombre significatif de blasons, je vous propose ici une petite sélection représentative des principales symboliques attachées au croissant :
– comme référence explicite à l’astre lunaire, en particulier pour les villes dont le nom évoque directement l’astre (on peut dire que le meuble est parlant), – comme référence au temps des croisades, – aux occupations mauresques, – comme symbole d’une forme caractéristique en courbe. |
référence directe à l’astre lunaire |
Ville de LUNEVILLE (Meurthe-et-Moselle) Le croissant est parlant, il évoque la lune que l’on retrouve dans le nom de la ville | |
Ville de Lunel – Hérault Le croissant est parlant, il évoque la lune que l’on retrouve dans le nom de la ville | |
L’orient, les croisades
Le croissant de lune évoque souvent l’orient. D’abord symbole de l’empire Turc le croissant ne serait devenu que tardivement le symbole de l’islam. Qu‘est-ce que l’orient au moyen âge? Une monde d’infidèles, de turcs, de sarrazins, … le temps des croisades. En mémoire de leur partcipation aux croisades, les seigneurs ajoutaient parfois un ou plusieurs croissants à leur blason. La présence d’un croissant renversé, ouvert vers le bas indiquait en général une défaite « des hommes au croissant ». L’exemple de Rocroi est le plus intéressant pour nous. Tout d’abord par la ressemblance avec le balsaon de Crécy. Les seigneurs de Chatillon auraient pu décidé de tels croissants dans leurs blasons, mais ils ne l’ont pas fait. Il est donc fort peu probable que nos croissants est un quelconque rapport avec la symbolique de l’orient et des croisades. Je rattacherais à cette catégorie les références à la présence ou l’influence "mauresque" dans certains lieux. |
Les armoiries de Rocroi sont celles de ses premiers seigneurs qui s’engagent en en 1248 dans la 7ème croisade derrière Louis IX. A leur retour de terre Sainte, les seigneurs de Rocroi ajoutent à leur blason bleu roi, trois croissants : mais on ne sait s’ils étaient entrelacés comme aujourd’hui.
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Ville de Lalonde des Maures (Var) : la présence Mauresque La ville est située dans le massif des Maures dont le nom est clairement associé à la présence mauresque. Le croissant du blason indique l’appartenance de la ville au massif et constitue une référence directe à l’occupation mauresque. Citons, d’autres cas de fugure : Maures de Bretagne |
Les courbes
Le croissant est aussi utilisé en relation avec sa forme caractéristique en courbe. Dans les exemples observés, il s’agit de rappeler sur le blason la présence d’un méandre de fleuve ou de rivière qui de toute évidence fait figure d’élément sinon fondateur, du moins indissociable de la cité, de son histoire, de son quotidien. |
Ville de Bordeaux : les grandes armoiries Les eaux de la Garonne baignent les tours de la ville et le croissant symbolise la courbe décrite par le fleuve devant la ville. Le croissant est une référence à la forme semi-circulaire du port, connu à Bordeaux sous le nom de port de la Lune |
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Ville de Bordeaux : les petites armoiries Le logo de Bordeaux aujourd’hui. Il s’agit de trois croissants entrelacés qu’on appelle aussi le chiffre de Bordeaux. Ils ont pour origine le croissant de lune, emblème du port dans les armoiries. On ne les trouve pas avant le milieu du 17e siècle. Ce chiffre est aujourd’hui le symbole utilisé pour le logo de la ville. Ce chiffre est aussi connu pour être le chiffre de Diane de Poitiers. | |
Ville de CROISSY-sur-SEINE (78) – communauté de communes de la boucle de la Seine L’association « La mémoire de Croissy » que j’ai contacté indique que le croissant du blason symbolise la courbe profonde de la Seine au fond de laquelle est installée la ville. | |
Ville de Saint Mandé (94) Au tiers, le croissant est associé aux eaux du lac de Saint Mandé (forme du lac). |
Des exemples présentés ci-dessus, le blason de la ville de Bordeaux dont l’ancienneté est attestée, mérite toute notre attention.
C’est lui qui à mon sens, pourrait nous fournir les clefs d’interprétation tant recherchées.
Nous sommes presque au bout de notre voyage, le prochain article nous ramènera à Crécy, de nos jours …. jna |
(article vu 23 fois)
A mon avis, jna ne travaille que le lundi de pentecôte pour être capable de faire toutes ces recherches 😉
En tout cas :-e)
il faut croire qu’il n’a toujours pas digéré ses croissants.
Hola, JNA quel racourci (à propos de Maure de Bretagne)!
Chacun sait que les Arabes furent arrêtés à Poitiers qui est un rien au sud de Maure de Bretagne.
Pour avoir habité à proximité de ce bourg de nombreuses années, je pense que l’éthymologie du nom vient de marécages (le gallo est la langue parlée dans ce secteur et c’est souvent une dérivation du vieux français).
Rien à voir avec les Maures.
Mais pour revenir à nos croissants, il semblerait donc que les armoiries de Crécy sont alors liées:
1: au port de Voulangis (1 croissant)
2: au coude de la rivière au moulin de Voulangis (2 croissants)
3: aux 3 brassets qui traversent la ville et la partitionne en quartier.(3 croissants)
j’attendais une réaction concernant l’occupation mauresque en Bretagne : il y en a qui lisent, c’est rassurant au bout du 5 ème article ! :-e)
Pour le reste y a de l’idée … rdv au prochain article.
Maure-de-Bretagne vient de l’abbaye de Saint-Maur-sur-Loire (ou Saint-Maure-sur-Loire) à laquelle l’ancienne paroisse d’Anast est donnée au IXème siècle.
Oui, ca c’est de la recherche google mais je reste septique.
C’est quand même sanglant du côté de Maure de Bretagne, entre Maure de Bretagne, Guer de Bretagne, les Brulais, …
ce n’est par Guer de Bretagne mais Guer (tout court) :-d)
Mais c’est à proximité de Coëtquidan (nid d’aiglon bien connu)
Sincyrement, elle est bonne !
:-e)
Guer : nid d’aiglon ou d’aiglons ?
ça marche dans les 2 sens.