Au temps jadis : le témoin de la mariée
Juillet 1919. La grande Guerre était terminée depuis près d’un an, et ma mère aspirait à se marier avec un camarade de régiment de son frère, qui était venu à Voulangis, lors de plusieurs permissions, et qui venait d’être démobilisé. Elle avait 22 ans. C’était décidé. Elle prendrait sa tante et marraine comme témoin.
Elles allèrent donc, toutes les deux à la sacristie de l’église de Voulangis, après la messe du dimanche, pour informer monsieur le Curé, de ce projet. Le père qui pliait soigneusement ses habits d’officiant, les accueillit chaleureusement, car il était un brave homme et un mariage dans la paroisse était une bonne nouvelle. |
Il s’assit derrière une petite table, sortit une feuille de papier d’un tiroir, posa quelques questions d’usage, et commença à prendre des notes, en vue de la publication des bancs et de la célébration du mariage.
Il s’adressa d’abord à la tante et marraine de la future mariée, qui allait être son témoin principal, et lui demanda où elle était née et avait été baptisée. Celle ci répondit qu’elle était née à Viterbe, dans les Etats Pontificaux, dans un couvent de capucins et avait été baptisée à Saint Pierre de Rome. Cette phrase fut suivie d’un pesant silence. Le curé fronça ses sourcils devant une telle insolence et lui répondit que c’étaient là choses sérieuses et qu’il était inconvenant de plaisanter avec la religion. La marraine, pour se justifier lui expliqua qu’elle était née en 1865, et que ses parents servaient tous deux au quatrième Régiment de Hussards. Sa mère à l’époque était cantinière et son père tanneur chargé de l’entretien des harnachements des chevaux. Après la Campagne de Crimée, qui avait valu à sa mère la médaille militaire pour son comportement au feu, lors des combats de Sébastopol, le régiment fut envoyé en Italie, dans les États pontificaux, par l’Empereur Napoléon III, pour renforcer le corps expéditionnaire français chargé de défendre l’intégrité des états pontificaux placés sous la juridiction du pape Pie IX, menacés par les attaques révolutionnaires de Garibaldi. Le régiment avait pris ses casernements dans un couvent de capucins, évacué en la circonstance par ses moines, répartis dans d’autres monastères. C’est là que prise de douleurs, sa mère mis au monde un joli bébé de sexe féminin. Ces circonstances particulières expliquent que le baptême fut célébré à Saint Pierre de Rome, le Colonel qui commandait le quatrième Hussard, ayant accepté d’être être le parrain du nouveau né. Devant l’incrédulité qu’elle lisait dans le regard du Curé, la marraine tira de son sac un rouleau de parchemin, muni d’un beau ruban rouge à l’extrémité duquel se trouvait un cachet de cire marqué du sceau papal. Elle le déroula sur la table, devant Monsieur le curé, le maintenant ouvert avec un doigt de chaque main. C’était son certificat de baptême rédigé en latin. Monsieur le Curé, dès cet instant lui manifesta son plus profond respect. |
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Le « et qui venait d’être démobilisé » alors qu’on est en juillet 1919, 68 mois après l’armistice peut étonner et pourtant cela correspond à une réalité.
Mon grand-père qui eut droit, comme ses contemporains à ses 4 ans de guerre me racontait souvent, qu’en novembre 1918, il eut un mois de permission avant de regagner la caserne où il passa encore quelques mois, au cas où les combats reprendraient. En fait il était chargé de garder un dépot de minition à Versailles mais passait ses journées à faire le tour de Paris.
Faisant parti de l’armée d’orient, il était suceptible de repartir sur le front. En effet la guerre ne s’est vraiment terminé sur le front des Balkans qu’au printemps 1919.
Je n’ai pas compris votre calcul. En effet l’armistice a eu lieu le 11 novembre 1918, et le récit se passe en juillet 1919, soit un intervalle de temps de 8 mois.
J’ai vu la faute de frappe : c’est 8 mois et non 68 !