nos amies les vaches
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C’est vachement grave ! Le département de l’Aisne fait de la pub dans le métro en s’appuyant sur des affiches bucoliques du genre de celle d’à côté. Si j’étais un des randonneurs de l’affiche, je me méfierais. Il faut dorénavant en avoir conscience, les trois ruminants de l’arrière plan ne sont pas si inoffensifs que ça. Ce sont des pollueurs, de véritables machines à produire du Gaz à Effet de Serre (GES) et pas des meilleurs, du méthane à l’état pur.
A chaque rot de bovin, c’est un peu de réchauffement climatique en plus. Les trois vaches de la photo et leurs millions de congénères élevés en France produisent, sources officielles à l’appui, 5% des émissions françaises de GES, à cause d’un phénomène biochimique : la fermentation entérique.
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Retenez ce terme dès aujourd’hui, on va en reparler dans les années à venir. Eh oui, les ruminants ruminent et pendant qu’ils mastiquent leurs aliments, ils rejettent du méthane dans l’atmosphère, ce n’est pas de leur faute. Ce processus est naturel et complexe, il occupe les vaches une bonne partie de la journée, sinon elles s’ennuieraient ferme à attendre la traite du soir. " Qui bien rumine, donne du bon lait " (A. Galinace de Crécy).
La fermentation entérique n’est pas seule source de production de GES de l’élevage français. Les gestion des déjections des animaux, toutes espèces confondues, représentent aussi 3 % de la production nationale de GES. Nos amis les cochons qui ne ruminent pas, car ils toujours bon moral, se rattrapent un peu sur ce plan.
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Lorsqu’ils sont au repos, les bovins peuvent ruminer l’herbe qu’ils ont avalée plusieurs heures auparavant. Pour ruminer ainsi, ils ont un estomac très compliqué : il est divisé en quatre parties. Ils avalent la nourriture sans la mastiquer et elle se rend directement dans la première poche : la panse. La nourriture passe ensuite dans la seconde poche qui s’appelle le bonnet. C’est dans cette partie que les aliments sont transformés en petites boules. Plus tard, la vache ramène ces boules de l’estomac à la bouche et c’est à ce moment qu’elle mâche tranquillement sa nourriture: elle rumine. Ensuite, elle avale de nouveau. C’est à ce moment que la nourriture descend dans la troisième et la quatrième poche, le feuillet et la caillette. La nourriture est maintenant définitivement digérée.
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Regardons maintenant du côté des verts pâturages et des cultures. Le bilan n’est pas beaucoup plus satisfaisant. L’épandage massif d’azote sous forme de déjections et d’engrais minéraux est à l’origine d’émissions de protoxyde d’azote (N2O), un autre Gaz à effet de Serre. Sans même prendre en compte les émissions liées à la fabrication industrielle des engrais, les seules émissions des champs et prairies contribuent à près de 9 % de la production nationale de GES. Ramené en Tonnes équivalent CO2, cette quantité représente plus, que l’ensemble des émissions liées à la production d’électricité et de chauffage urbain en France. Impressionnant.
Additionnons maintenant tous les GES produits par l’agriculture sans oublier la contribution, somme toute marginale, des machines et engins agricoles. On aboutit à 20 % des émissions nationales de Gaz maudit. Une proportion importante, mais au bout du compte " normale " dans un pays à forte vocation agricole. Alors que faire pour changer les choses ? Les scientifiques travaillent sur la question. Certains suggèrent de réduire le cheptel de bovins (mangeons du poulet, des fruits et légumes, c’est bon pour la santé), d’autres de modifier l’alimentation du bétail pour limiter la production de méthane (plus de granulés secs et moins de fourrage !), des idées farfelues ont également été avancées comme équiper les vaches d’un oesophage catalytique ou remplacer les chars à bœufs encore en service par des Prius 4x4x, … Les prairies ont presque disparu dans notre coin de Brie et avec elles les troupeaux de vaches laitières. C’est quand même dommage. Le PNR pourra-t-il nous aider à réintroduire cette espèce désormais menacée ? Reverrons-nous un jour de belles hollandaises sur les bords du Morin, ailleurs qu’au camping de Crécy ? Source : Mission Climat de la Caisse des Dépôts – " Etude : agriculture et réduction des émissions à effets de serre " septembre 2005
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Les GES et le MteqCO2 : petit décodeur
Les GES regroupent plusieurs gaz dont trois sont directement produits par les activités agricoles : le CO2 (dioxyde de carbone, issu de la respiration, de la combustion des moteurs et chaudières, …) le CH4 (méthane), le N2O (protoxyde d’azote). Les différents gaz sont affectés d’un coefficient qui reflète leurs capacités respectives de réchauffement. Ce coefficient permet de comparer les émissions des différents GES en les ramenant à une unité commune conventionnelle : la " teqCO2 ", la "tonne équivalent CO2 ". On est dès lors capable d’additionner des millions de tonnes de choux et de carottes pour aboutir à un résultat exprimé en millions de tonnes de vitamines (c’est bien compris ?) Cela permet aux spécialistes, après avoir tout converti en MteqCO2, d’affirmer tout naturellement que les rots de méthane de la population bovine produisent deux fois plus de GES que les 14 raffineries françaises qui elles recrachent plutôt du CO2. Ndlr scientifique : si hkir avait été invité à Kyoto on aurait pu aboutir à une autre unité, quelque chose du genre NombreEqPrius, ce qui aurait donné par exemple : une vache = 3eqPrius.
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Et en plus, c’est vrai ce que raconte JNA.
Il ne faut pas oublier en plus que tout être vivant produit également du méthane à un moment ou un autre de son cycle de digestion ou de sa décomposition.
J’aime beaucoup la photo qui a tout à fait sa place dans les couloirs du métro( tellement idéalisante; vous avez déja essayé de vous allonger par terre près d’un troupeau de vaches????)
Mais ne portons pas la faute une fois de plus vers les agriculteurs-éleveurs (ou alors il va falloir effectivement arrêter de manger de la viande): les transports sont les producteurs à effet de serre sur lesquel, avec l’habitat, il est le plus important d’agir car ensemble ce sont les producteurs de GES dont la quantité et la croissance sont les plus nuisibles.; les GES n’étant qu’une partie des nuisances.