On the edge of the war zone – chapitre 14

Bien, Ma Chère Fille, je n’ai pas grand chose à vous à dire. Je n’ai vraiment rien fait ce mois-ci à part surveiller la cueillette de mes prunes, confectionner quelques pots de confiture, tondre la pelouse, et écouter les canons, de temps en temps, lire les communiqués, et déplorer les désastres à l’est et l’impasse à Gallipoli.

A la fin de la première année de la guerre le conflit s’est tellement étendu, que mon pauvre cerveau fatigué a pu difficilement le saisir. Je suppose que c’est absolument clair pour les militaires, mais je ne sais pas. Pour moi tout cela ressemble à un grand labyrinthe, et les allemands sont aux portes de Warsaw. Naturellement cela ne « changera pas le résultat final » quand il viendra, mais cela signifie plus de destruction, plus de territoire à reconquérir, et, j’imagine, une telle désolation en Pologne qui fait même que le désastre belge semble petit en comparaison.

Curieusement, alors que nous savons que cela excite les allemands, combattant tout autour de leurs frontières sur un territoire envahi, cela n’affecte pas la foi des gens ici, qui ont même le courage de prendre du recul par rapport à leur propre chagrin, pour s’apitoyer avec des larmes dans les yeux sur la Pologne. Quel prix paie la Belgique pour avoir le courage de se montrer digne, et à quel prix la Pologne peut-elle accepter son indépendance ! Chacun est philosophe ici, mais on n’a pas besoin pour cela d’être sans cœur.

Je trouve ironique que mes fleurs fleurissent, ces gais colibris au-dessus de mon Mas de Perse, que j’aie assez à manger, que je dorme, et que la campagne soit magnifique.

On m’a dit que nos dragons étaient partis vers le front, et le silence est descendu sur nous.

Je suis bien, cela termine l’histoire d’un mois, et je ne suis pas la seule en France menant une vie comme cela, et on entend au loin les canons.