L’orvet, habitant discret du pays créçois

Tous les ans, à la même période, en fin d’après-midi, je fais souvent la rencontre d’un habitant méconnu de nos jardins : L’orvet (anguis fragilis).
Souvent appelé "serpent de verre", ce lézard terrestre apode, de la famille des Anguidés, est totalement inoffensif.
Profitant des rayons du soleil d’automne sur les coteaux de La Chapelle, anguis fragilis se dore tranquillement sur les marches qui mènent à mon jardin, avant de parcourir la campagne, en quête d’insectes, de petits mollusques ou de vers.

Courageux, il est souvent actif le soir et par temps pluvieux. 
Sa couleur varie du brun clair au brun foncé et, parfois, la femelle possède une large ligne dorsale claire et des flancs plus sombres, le mâle des écailles bleu foncé. Il peut mesurer jusqu’à 50 centimètres.

L’accouplement, quoique je n’y ai pas assisté, se fait à la fin de l’hibernation, en avril ou mai.
L’espèce est ovovivipare. La femelle donne naissance, fin août ou septembre (je ne sais pas exactement, je n’ai pas reçu de faire-part…) à une portée qui donne de 5 à 25 jeunes, mesurant 4 à 5 centimètres environ quand ils se libèrent de leur enveloppe.
 

Il ne faut pas les attraper par la queue car les lézards ont la fâcheuse manie d’abandonner cette partie de leur corps aux prédateurs, pour la régénérer par la suite, mais en version plus courte…
Attention aussi, comme il n’aime pas trop être manipulé, il va vous le faire comprendre en vous offrant une déjection, son deuxième moyen de défense.

Sa longévité peut aller jusqu’à 30 ans, s’il ne rencontre pas de prédateurs naturels (pies, corneilles, hérissons…) déjà bien nombreux en temps ordinaire, mais aussi les animaux domestiques comme les chats… ou les pneus !

Pourtant, ce n’est pas parce qu’il n’a pas de pattes que l’orvet est sourd. Il possède des tympans dissimulés derrière ses écailles.
Il a notamment entendu parler de la Loi de Protection de l’Environnement de 1976 pour la faune et la flore qui interdit tout prélèvement ou destruction de son espèce. On pourrait se poser la même question sur son habitat, que la loi a oublié de protéger…
Son espérance de vie se voit en effet dangereusement réduite sur nos coteaux, au vu des parcelles en attente d’émergence d’un lotissement.
Ce qu’on nous propose pour l’avenir de la vallée et ses plateaux n’annonce rien d’autre que la disparition programmée d’espèces protégées ou non, végétales et animales.

Le pays créçois, par sa nature préservée, peut toujours s’appeler pays de l’Or…vet. Mais pour combien de temps encore ?

Sources : Guide du terrarium de G. Matz et M. Vanderhaege – Editions Delachaux et Niestle – 1990 et mon expérience de terrain (Société d’Herpétologie de France).