La Chapelle en Brie
Il pleut depuis quarante jours et quarante nuits sur la Brie. Des pluies diluviennes qui ont choisi de s’abattre sur cette région et pas ailleurs. Le hasard des inondations veut que quatre frères se retrouvent sans le faire exprès dans la ferme familiale la nuit de la Toussaint. Ils ne se sont plus parlé depuis des lustres, plus ou moins fâchés pour des histoires d’héritage.
ANDRÉ. – La Brie, c’est la France. ALAIN. – Ouvre les yeux ! ANDRÉ. – Melun aurait pu être Paris. ALAIN. – Réveille-toi… ANDRÉ. – Il s’en est fallu de peu. Un grand fleuve, deux îles, des berges fertiles, une position géographique incomparable ! Alors si la Brie c’est la France puisque Melun aurait pu être Paris, en partant en Nouvelle-Calédonie, je pars en Brie aussi. ALAIN. – Va cuver ta connerie à l’autre bout du monde. (…) |
C’est dans le métro très parisien que mon attention fut interpelée par une affiche publicitaire. Je n’étais pourtant qu’à la Gare de l’Est , mais pendant un instant, je me suis demandé si je n’étais pas déjà rentré à Crécy. Télétransportation ?
Non, j’étais bien encore dans un couloir de métro. "La Chapelle-en-Brie", voici ce qui avait causé mon émoi. C’est le titre qui se détachait en gros caractères en tête de l’affiche. Qu’est-ce qui clochait dans ce nom, résonnant en moi, comme un toponyme familier ? J’interrompis ma course effrénée vers le train de 19H00 pour m’attarder quelques secondes sur l’affiche, au risque de rater le p’tit gris qui devait me ramener à la gare de Crécy-en-Brie-la-Chapelle ! Je n’arrivais pas à lire « Crécy-la-Chapelle », ni même la « Chapelle-sur-Crécy », pas plus que « Crécy-en-Brie ». Alors, c’était quoi le problème ? La Chapelle-en-Brie, est un terme inconnu, pûrement inventé pour servir de titre à une pièce de théâtre, écrite par Alain Gautré, jouée actuellement sur la scène du théâtre du Rond Point, avec Jean Pierre Daroussin en tête d’affiche. J’ai donc creusé un peu l’affaire et le texte qui suit est extrait du dossier de presse. Il s’agit d’une pièce dont le décor est planté dans une ferme au centre de la Brie. Un merveilleux pays, à vrai dire. L’auteur qui a des origines briardes semble avoir trouvé dans la Brie le terreau idéal pour faire évoluer ses personnages : un monde de silence ? Est-ce vraiment une caractéristique du briard que d’être un grand silencieux ? A coup sûr, le patriarche de la pièce, n’est pas encore un Brionaute. Il parait que le village n’existe pas. Je me demande quand même si ce "la Chapelle-en-Brie" n’est pas le résultat d’une autre façon de fusionner un la Chapelle-sur-Crécy et un Crécy-en-Brie. A tous ceux qui iraient voir cette pièce, nous vous demandons de ne pas hésiter à nous faire part de vos commentaires et appréciations. Il faudrait quand même que cette pièce soit jouée un jour, en pleine terre de Brie ! jna |
Interview de l’Auteur (avec l’autorisation du Théatre du Rond Point) Quel est le sujet de La Chapelle-en-Brie ? Alain Gautré : Je voulais parler du silence. Mon père était Briard. C’est une région où le silence joue un rôle très important. Mon enfance a été profondément marquée par le silence de mon père. Mais cette pièce n’est pas autobiographique, c’est une fiction indépendante de ma vie personnelle. Je raconte la fin d’un monde. Pour moi la plus grande tragédie, c’est la vitesse, l’accélération qui intervient à partir du XIXè siècle. Je pense que cela provoque des bouleversements hormonaux qui agissent sur la psyché. Les personnages de la pièce sont victimes de l’accélération. Ce sont quatre frères qui se retrouvent le jour de la Toussaint dans la ferme familiale. Ces quatre frères sont les fruits d’un croisement impossible. Cette pièce est aussi l’histoire d’une famille politique, l’histoire de la droite ordinaire. Je trouve fascinant, par exemple, qu’un système quasi mafieux ait pu à un moment donné mettre la main sur la première ville du pays et sur certaines régions. C’est aussi une pièce sur l’inconséquence des êtres humains. Son héros défend la Brie et ses valeurs et en même temps il vend la terre. On pourrait dire que cette pièce ainsi qu’une bonne partie de votre théâtre relève au fond de la satire sociale. Êtes-vous d’accord avec cette définition ? A. G. : Satire ? Oui, c’est même quelque chose qui m’a parfois joué des tours, ce côté satirique. Ce que je cherche c’est comment être mordant tout en restant généreux. J’aime trop la raison pour tomber dans le mépris. J’aime trop l’humain, même si notre époque est terrible. Car les monstres ne sont jamais loin derrière l’humain tant sont présents l’égoïsme et l’ambition. La civilisation tient à très peu de chose au fond. Il s’en faut d’un rien pour basculer dans la barbarie. Ce que défend la civilisation c’est ce « pas grand-chose » justement. Je respecte la faiblesse humaine. Alors j’essaie d’être un moraliste ; je tape sur tout le monde. Vous êtes à la fois acteur, auteur, metteur en scène. Vous avez même enseigné l’art du clown. Est-ce que cela a une influence sur votre écriture ? A. G. : Incontestablement. Selon moi, au théâtre, il n’y a que deux personnes qui soient indispensables : l’acteur et le spectateur. Les autres doivent se mettre au service de cette relation, y compris l’auteur. Cette obsession d’apposer des étiquettes, de définir qui on est, c’est un problème typique de la société française. Pour ma part, je ne choisis pas. Mais je sais que la pratique du clown a une influence sur mon écriture. Car j’accorde beaucoup d’importance au rire. Enfant, j’inventais mes propres histoires que j’interprétais. En fin de compte, mes références, ce sont le théâtre élisabéthain et Molière. Molière, je me sens très proche de lui parce que c’est un acteur et cela apparaît dans son théâtre, même à la lecture où l’on voit bien que c’est un acteur qui écrit. Quand il jouait Le Misanthrope, le public de l’époque était mort de rire. C’était un grand auteur mais c’était également un grand clown. En lisant son théâtre, on devine le travail du corps. On voit la poésie du geste. |
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40 jours et 40 nuits de pluie, on n’en demande pas autant, mais un peu de pluie quand même on veut bien. Il a fait vraiment trop sec cet été, les pommes n’ont pas grossi.
Quant au caractère taiseux des briards, on le dit en tout cas. C’est peut-être pas faux …
Sinon, la Brie, monde du silence, oui, sûrement, du calme tout au moins.
Tiens je croyais que « taiseux » était un terme cauchois. On dit aussi que les cauchois sont des « taiseux ».
Le nombre 40 a, lui aussi, une valeur symbolique : il représente le remplacement d’une période par une autre ou les années qui constituent la durée d’une génération. Ainsi le Déluge se prolonge pendant 40 jours et 40 nuits c’est-à-dire le temps du passage à une humanité nouvelle. Les Israélites séjournent 40 ans dans le désert, le temps nécessaire pour que la génération infidèle soit remplacée par une autre, nouvelle. Moïse reste 40 jours sur le mont Sinaï et Elie marche durant 40 jours pour y parvenir le temps au terme duquel leurs vies seront modifiées. Le prophète Jonas passe 40 jours à annoncer la destruction de Ninive afin de donner aux habitants le temps de changer de vie. Jésus jeûnera 40 jours pour marquer son passage de la vie privée à la vie publique.
(Jérôme Martineau, http://www.interbible.org)
Et José que va t-il faire pendant 40 jours ?
40 jours et 40 nuits sans me connecter 🙁
C’est original, et si rare, il n’y a que jna pour nous dégoter une surprise pareille!
ça suscite vraiment ma curiosité, ne pourrions nous pas organiser une sortie à plusieurs.
Il existe une littérature bretonne assez riche, normande également, la littérature ou la culture briarde est moins connue, mais elle existe aussi. Il serait intéressant d’en faire un inventaire, si ce n’est déjà et d’y ajouter cette pièce de théâtre.
Salut le Toine, on y va ensemble ???
Attention il ne faut pas faire un fromage(de brie) d’une piêce qui n’a pratiquement rien à voir avec nous si ce n’est un titre qui peut préter à « curiosité »; en fait l’histoire de cette piêce pourrait se situer dans n’importe quelle région.
La critique sur « L’express »:
« …Mais le propos de l’auteur disparait sous des couches de pittoresque;que voulait- il dire vraiment? » :#
Pour certains journalistes parisiens, dès qu’on cause d’une région de près ou de loin, cela devient pittoresque …
je ne suis pas certain que la piêce soit axée sur le pittoresque de la régionl; peut être plus sur le pittoresque des personnages eux-même?
Nos 2 envoyés spéciaux nous diront??????? 😉
N’empêche Daroussin est un bon acteur !!!!
Certes :-d)
J’aime beaucoup Daroussin et si la touche régionale ( pittoresque pour un parisien, n’est-il pas ? ) tire sa révérence pour faire place à l’éternel humain, alors c’est du grand art.
En parlant du fromage de Brie, figurez vous que j’en ai découvert deux authentiques à LEUDON EN BRIE , commune de LIZINES excellents et originaux :
– Un Brillat Saravarin au poivre
– Un délice aux raisins et aux oignons
J’ai également rapporté de ce périple un Brie de Melun à coeur, avec encore quelques touches plâtreuses , superbe.
La Chapelle en Brie, la Chapelle en Brie…. serait ce la Chapelle sur Crécy, La Chapelle Gautier, La Chapelle Iger, La Chapelle La Reine ( c’est dans le Gâtinais, mauvaise pioche ).
Ecoute mon lomig, on vas se réserver une date et prendre des tickets à la FNAC, pour une fois que la capitale s’intéresse à nous….
Ben ouiiiii, on s’appelle ???