Vive le livre !
La première table ronde (toujours rectangulaire) avait lieu dans la salle de Théâtre-cinéma Jean-Vilar. Le thème fut la littérature. Quatre invités étaient là dont deux invités surprise qui firent tout l’intérêt de cette table ronde, merci à eux !
Le premier fut le célèbre Gonzague Saint-Bris par ailleurs président du jury de la catégorie littérature. Le second Ron est un infirmier blogueur qui a réussi à se faire éditer (
Le blog de Ron l’infirmier). Les deux autres invités (non surprise) étaient éditeurs de leur état.
Gonzague Saint-Bris, le brillant homme de lettres, auteur de 30 ouvrages, nous abreuva de chiffres éloquents :
– 30 000 livres plubliés chaque année
– 100 000 manuscrits refusés.
Et internet devient un formidable lieu de découverte de nouveaux talents.
Internet est un excellent moyen de toucher le lecteur, de s’essayer en littérature en s’améliorant constamment grâçe aux remarques des lecteurs. Pour Ron, avant que son ouvrage ne soit remarqué par un éditeur, ses 5000 lecteurs internautes quotidiens lui suffisaient. Son blog qui raconte son quotidien d’infirmier est devenu un best-seller de l’édition et bientôt une série télévisée. Quel intérêt de passer de internet à l’édition, quel besoin du support papier finalement ? Gonzague Saint-Bris répondit à cette question sous-jacente avant qu’elle ne fut posée : la magie de l’objet livre, ce petit rectangle tout simple, est éternelle. Internet n’est pas une unique finalité, Ron en convient. La reconnaissance du monde de l’édition est essentielle ; internet par sa gratuité est sujet à pillage d’idées voire de textes entiers.
Un bon éditeur est celui qui commande à son auteur un ouvrage sur mesure par rapport au potentiel et à la sensibilité qu’il a perçus de l’auteur au travers de ses écrits sur internet.
Et Gonzague de servir de ses précieux conseils aux auteurs en herbe : "si on raconte ce qui nous touche au plus profond de soi, on a plus de chance de toucher le lecteur".
Quand la musique est bonne …
La table ronde suivante concernait la musique sur internet et rassemblait agents musicaux, responsables de maison de disques et de sites internet dédiés à la musique.
Internet est très utilisé par les artistes amateurs. Lieu de promotion auprès du public et des professionnels, de téléchargement, bon marché pour le public mais aussi pour les artistes. Des sites offrent ce type de service aux musiciens, en particulier www.myspace.com représenté dans cette table ronde.
Les motivations des musiciens sont pour la plupart purement musicales; beaucoup cherchent à se faire plaisir et viennent compléter l’offre. D’autres utilisent internet comme tremplin pour accéder aux maisons de disques.
Le marché est en pleine mutation. Le disque ne se vend plus ; le téléchargement stagne. Le coeur du métier c’est la scène avant tout.
Le web-apero-citoyen
Ce concept nouveau a probablement été inventé par Christophe Grébert, le blogueur le plus célèbre de France (et d’ailleurs) qui nous invita dans un café de Romans. Un samedi midi, indépendemment de cet événement il y avait déjà beaucoup de monde au Café Bazar. Echanges d’expériences de blogueurs, "et tu as combien de lecteurs ?" , "et toi, tu as eu combien de procès ?".
La discussion se prolongea à table pour la plupart. L’ascension de certains blogueurs me laissa rêveur. Je pense notamment à celui de Grenoble : www.greblog.net ; créé il y a moins d’un an, son auteur est reçu (et craint) par le maire de Grenoble autant que par son adversaire Alain Carignon, vous savez cet as de la politique qui a complètement fait le tour du métier y compris en passant par la case prison.
Nos amis de Chartres, lapiqouse.info ont 6 procès à leur actif (jusqu’au conseil d’état s’enorgueillit le président de l’association "les amis de la piquouse") et pour trophée ont obtenu la démission d’un maire de la ville !
Des doléances à Christophe Ginisty …
L’organisateur du festival avait prévu en milieu d’après-midi cette scéance de flagellation citoyenne, où chacun pouvait exprimer ses critiques et proposer des améliorations pour l’an prochain.
Les musiciens se plaignirent de n’avoir eu qu’un quart d’heure par groupe pour s’exprimer et de n’avoir rien à boire, Christophe leur ayant ramené un pack de bière en urgence ; et chaucun sait qu’un musicien qui a soif, il est pas au top !
Les critiques citoyennes déferlèrent :
– pourquoi deux salles; une aurait suffit
– le pass est trop cher
– pourquoi pas une restauration intégrée (ceux-là ne songeaient pas aux commerçants locaux ; Romans doit quand même y trouver son compte économiquement)
– la lecture des textes de la catégorie Littérature a été zappée
– certaines catégories sont fourre-tout
Ce à quoi Christophe a répondu qu’il serait tenu compte de toutes ces remarques et que l’édition 2008 serait mieux préparée.
A l’heure où j’écris, le blog du festival a déjà fait des propositions concrètes. Bravo, c’est cela aussi la réactivité d’internet :
Premiers éléments de bilan
.. aux doléances à Caramantran
"J’accuse Caramantran de vouloir faire une décharge sauvage dans la forêt de …"
"J’accuse Caramantran de ne pas assez ciré les pompes du maire"
Le comité des pompes dans l’plat avait décidé d’élire la doléance du jour du quartier du centre ville de Romans. Après avoir distribué des bulletins de vote dans le public, cet éminent comité énuméra une quinzaine de doléances, le tout avec emphase et cérémonial. La première des doléances que j’ai citée eut beaucoup de voix, la seconde aucune !
Vous l’aurez compris il s’agit de théâtre de rue organisé dans le cadre du carnaval de Romans.
En attendant la remise des récompenses, cette animation de rue sans rapport aucun avec le festival, apporta une touche d’expression citoyenne décalée et bien à propos.
Quelques informations sur le carnaval de Romans, à voir absolument : Le carnaval de Romans
Les récompenses
Et enfin vint le moment tant attendue par tous, surtout ceux qui en disant le contraire espéraient bien avoir une place sur le podium, autrement dit tous !
La cérémonie fut solennelle et décontractée.
La présentation était bien préparée et séquencée avec soin. En général dans chaque catégorie, un lauréat et deux dauphins. Je dis en général car il y eut quelques ex-aequos et dans deux catégories seulement deux primés, les autres n’ayant pas le niveau selon le jury ! et vlan !
Certains lauréats étaient absents, on les excuse; certains jurys entiers aussi, on les excuse moins !
Ce fut comme un vrai show de remise des prix, comme les César ou les Molière avec son lot de distractions notamment celle de François Rollin, président du jury de la catégorie Comédie.
La chaussure aura le dernier mot
Après la remise des prix, un cocktail de clôture eut lieu au musée de la chaussure. Magnifique lieu que ce musée, aussi prestigieux que fut la chaussure dans cette ville.
Un cocktail bien fourni (plus besoin d’aller diner) où les conversations allaient bon train. Les gagnants étaient félicités par leurs congénères. Ceux-ci essayant parfois de tirer les vers du nez des membres du jury pour connaitre la raison de leur éviction. Le moment de se séparer pour certains qui avaient prévu de partir vite. Et puis les coups de fils aux copains ou à la famille pour annoncer la bonne ou la mauvaise nouvelle …
Mr le commissaire-priseur
On ne peut relater cette journée sans évoquer la vente aux enchères de reproduction d’extraits des sites des finalistes des catégories photos, BD et Art Graphique.
Ce fut une vente aux enchères orchestrée par un Christophe Ginisty (mais il est partout) reconverti en commissaire-priseur.
Une vente aux enchères sérieuse vécue avec humour, fantaisie et quelques improvisations, un peu à l’image du festival !
A l’année prochaine !
Précisons que le choix de Romans pour ce festival n’est pas tout à fait du au hasard.
Cette ville de la Drome comporte un nombre important de blogs locaux.
Dommage qu’il aient été un peu oubliés dans le programme.
le cordonnier est toujours le plus mal chaussé, un comble à Romans !!!
le lomig souffle tous les vendredi…