Pour bouquiner à l’ombre
Un petit coup de scan OCR et voici l’article, intéressant… article paru dans 20 minutes du 13/02/04
Scier les barreaux.Jeter les verrous aux oubliettes.
Préserver la coursive, les cellules, mais démonter les portes. Les murs étaient gris, sales et couverts de graffitis gravés dans le plâtre. Ils sont désormais blancs, lisses. Enfin, au-dessus du portail percé dans le haut mur d’enceinte, on a changé l’enseigne : la « maison d »arrêt » de Coulommiers (Seine-et-Marne) est devenue « bibliothèque ».
L’initiative est unique en Europe. Créée en 1851, en plein centre ville, la prison n’accueillait plus de détenus depuis 1958. Elle servait depuis de centre d’accueil pour sans abri ou de décors aux tournages de film. Deux années de travaux pour un résultat déconcertant d’évidence. Les livres sont rangés, spécialité par spécialité, dans la trentaine de cellules. Les lecteurs sont installés au centre, sous la lumière d’immenses fenêtres. « On dirait que le lieu a été conçu exprès, s »étonne encore Françoise Cousty, directrice de l »établissement.
Grâce aux cellules, on n’a pas d’alignement de rayonnages, comme dans la plupart des bibliothèques. » Le concours lancé pour la réhabilitation du bâtiment a attiré quelques grands cabinets d’architectes. «Beaucoup proposaient tout un tas d’extensions sophistiquées, se souvient Laurence Picard, adjointe au maire chargée de la Culture. On a préféré privilégier un projet proche de l’architecture originale.
Nous voulions un lieu ouvert, plus qu’un bel objet. Faire quelque chose qui n’effraie pas les gens. »Les architectes ont également dû jongler entre les desiderata de la Direction du livre et ceux des monuments historiques. « Les premiers exigeant la création d »une salle de taille particulière, les seconds rechignaient lorsqu »on souhaitait abattre un mur raconte Laurence Picard.
Inauguré il y a quelques semaines, le lieu compte déjà ses inconditionnels. « Le nombre d’inscriptions a explosé, note Hélène Rabussier, directrice des affaires culturelles. Beaucoup de lecteurs viennent travailler ici simplement parce qu »ils s »y sentent bien. » « Au départ il y a une attirance, on essaie de déceler ce qui reste de la prison, confie Fabien, étudiant. Et puis on revient poule calme, la lumière. Celui qui ne le sait pas peut très bien ne s »apercevoir de rien.»
Grégory Magne
« 20 minutes du vendredi 13/02 »
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L’endroit est bien choisi pour s’évader par la lecture.