Mémoires d’un pied tendre – Episode 2

"il est cinq heures, ami pélerin il est temps de te lever, la route va être longue aujourd’hui …"
Je me pince, ce n’est pas un cauchemar, c’est bien le haut-parleur du camp de Verrières-le-Buisson où nous goutions un repos bien mérité qui vient de nous réveiller.
A 5 heures, le soleil prend son temps lui, il est pas fou, dans la pénombre, s’habiller et trouver les latrines.
Première épreuve de la journée, prier pour que la vessie tienne le coup, déjà qu’il ne faut pas la prendre pour une lanterne.
Pourtant la nuit une lanterne, enfin bref passons …
Bon, çà discute dans les rangs, mais pas moyen d’aller chercher son bol de café sans avoir soulagé …. enfin vous voyez !
Le bol passe du sac dans mes mains, un café pour se réveiller et un chocolat pour le moral, c’est bon, bon, c’est bon, bon.

Mes pieds me supportes plutôt que me portes, je n’établirai pas de record de vitesse aujourd’hui lol
Je ne m’apesantirai pas sur mes douleurs, mais je remercie le scout qui a pris en charge mon lourd fardeau et je passe l’épisode d’enfiler les chaussures, geste pourtant quotidien !
Alors continuons le livre et retrouvons notre chapitre.

St François, St Ambroise, Saint Ol … rires, nous c’était Sainte Anne  … une poignée d’invincibles bretons venus du Morbihan.
En tête les Yvelines, Rambouillet, Versailles le bastion de la la chrétienté traditionnelle, chez nous celà se passe à Fontainebleau !
Enfin bref, en pélerinage il faut savoir reconnaitre la croix de Malte et ses chevaliers servants …. dont je me suis servi !

Aprés une heure de marche, il faut se rendre à l’évidence ma claudication synchronisée me provoque un début de sciatique aux genoux.
Demande de rapatriement envisagée et même obligatoire. eh les éclopés un véhicule viendra vous chercher …. j’étais pélerin, me voilà devenu éclopé !

A peine installés dans le monospace, le chauffeur discute aimablement avec nous, et tout à coup nous propose de dire un rosaire pour ceux qui marchent … ave maria, gratia plena, plus besoin de carnet de chant, je connais les paroles par coeur !

Direction la forêt de Rambouillet, pour la messe de la pentecôte.

Des hommes en blanc dans une clairière, je pense au rassemblement des druides dans la forête des Carnutes, là ou Gutuater demanda à un certain jeune chef de guerre arverne nommé Vercingétorix de bouter les romains hors de Gaule.
Mais non Monseigneur l’évêque est venu célèbrer la pentecôte, la descente de l’esprit saint …
Sain je ne le suis pas assez car malgré un départ courageux pour l’étape de l’aprés midi et une visite de cette splendide forêt, je dois de nouveau m’avouer vaincu !
Et c’est un scout de Riaumont, un de ceux qui font des pompes le matin à 7 heures torse nu, qui vient à mon secours en me portant à boire et surtout … mon sac.
Donc la volonté ne suffit pas et il ne faut pas avoir de préjugés sur autrui.

Arrivée au bivouac de Gasville …. 
c’est drôle c’est une aire d’autoroute avant Chartres et avant jamais je ne l’aurai remarqué !